Zones défavorisées des campagnes, des centres villes et de leurs périphéries, ou des bandes font leur loi,
même si elles sont minoritaires

"les victoires gays se limitent à une élite, la facilité de la victoire est obtenue
sur des segments privilégiés de la société". Léo Bersani

Dernière modification le 4 décembre 06

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Il ne s'agit pas de discriminer les banlieusards.
La stigmatisation des "banlieues" peut être dangereuse
quand elle est mal intentionnée

Le tabou homo des cités : Le Monde du 28 01 06

Témoignage du site de l'association Kelma

Enquête sociologique comparative de l'opinion des jeunes sur l'homosexualité, entre un lycée "bourge" et un lycée de zone défavorisée

Intolérance en cités article de l'Express juin 2004


L'homophobie augmente-t-elle ou diminue-t-elle chez les jeunes ? :
Les 2 !

Ce qui va dans le bon sens
:
- Les 20-30 ans sont beaucoup moins homophobes que les 70-80 ans (à l'adolescence, c'est plus, mais l'homophobie diminue avec l'âge, quand les jeunes ont construit leur personnalité et n'ont plus rien à prouver).
- Les 200 000 enfants de couples homos, les enfants centaines de milliers d'enfants ayant un des parents homo ou bisexuel et qui ne s'en cachent pas, sont élevés dans la tolérance, mieux dans l'acceptation des différences.
- La plus grande visibilité des homos oblige les parents à en parler (le déni diminue) beaucoup de parents pas ou peu homophobes en parlent en bien ou sans agressivité, signalent leur tolérance, et l'homophobie comme une forme de racisme.
- Ados homos et hétéros ont un peu partout des exemples positifs qui relativisent les clichés.
- Ados et jeunes adultes osent "tester" leur bisexualité davantage qu'autrefois
- Des soirées mélangées homos-hétéros sont organisées.
- L'emprise intégriste diminue dans un large secteur de la société : beaucoup de catholiques ne suivent pas les positions intransigeantes du pape, pour 20% des maghrébins, les valeurs de l'Islam ne représentent plus grand chose, le Coran ne dicte plus leur conduite, pas plus que les valeurs traditionnelles, beaucoup font référence aux valeurs de l'Islam mais aussi de la laïcité et ont du respect pour les autres opinions.
- Les informations circulent sur Internet, les jeunes sont beaucoup plus au courant qu'autrefois et font leur coming-out plus tôt car ils s'acceptent plus tôt, ce qui augmente leur visibilité et fait diminuer l'homophobie.
- Des réunions ont lieu au cours desquelles le sujet est abordé : en classe par le prof, à l'infirmerie, si une association d'homosexuels intervient (très rare) des groupes de paroles, des interventions d'adultes en cas d'insultes homophobes (surveillants, profs, animateurs BAFA...) certains allant jusqu'au coming-out.

Ce qui va dans le mauvais sens :
- Il existe tout un secteur de la population en résistance contre les idées de tolérance en particulier mais pas seulement dans les "zones défavorisées" qui cumulent les handicaps tels qu'une masse de votes d'extrême-droite dont on sait que 98 % des adhérents se déclarent homophobes, une homophobie qui va avec leur sexisme et leur racisme.
- Il s'y ajoute une mentalité de personnes issues de l'immigration chez qui les valeurs traditionnelles et religieuses voire intégristes ont un grand poids : Portugais, Turcs, maghrébins, africains... Ces populations immigrées qui n'ont pas encore réfléchi suffisamment aux valeurs de la République (même si cela peut paraître politiquement incorrect d'oser le dire) et reproduisent les valeurs des pays d'origine où l'homosexualité est niée (c'est une maladie des blancs) ou sanctionnée par la prison ou la mort dans 10 pays. Les principales victimes de cette homophobie étant d'ailleurs leurs compatriotes de la cellule familiale qui sont battus, séquestrés, mariés de force, chassés de la maison et privés du livret familial, affaires cassées ou brûlées (choses qui se retrouvent dans les familles bien françaises)
- Une grande violence dans les propos et dans les actes, quelque soit les sujets des querelles.
- Une vie sociale en bandes organisées pour protéger l'économie parallèle, avec un marquage du territoire à base de tags, des violences armées contre les éléments étrangers au quartier, tels que des homos qui viennent sur des lieux de dragues, il s'agit pour eux dans leur esprit de faire oeuvre de salut public : "pas de ça chez nous".
- Un désir d'expulser du territoire ceux qui y vivent, l'homophobie est donc de proximité, intolérable car quotidienne, souvent sans possibilité pour les victimes de déménager.
- Une jalousie envers ces homosexuels qui tirent leur coup, alors que chez eux la frustration est leur ordinaire (les filles ne s'intéressent pas à eux beaucoup trop misogynes, ils ne peuvent posséder la soeur ou la fille ou la femme de quelqu'un en raison des traditions, il leur reste les putes, mais ils manquent d'argent, même les garçons sont perdants dans l'hitoire puisque pour aimer, ils sont obligés de contacter une fille très loin en se cachant car ce serait trop ridicule et faible d'avouer aimer "une fille on la baise et on la tej"!).

Le résultat est qu'ils font régner une terreur qui fait augmenter les statistiques de l'homophobie, même si dans ces quartiers, les jeunes tolérants mais silencieux augmentent.
Il est difficile d'apprécier l'augmentation de l'homophobie car les homosexuelLEs plus visibles qu'autrefois, osent plus témoigner qu'autrefois.

Pour avoir des données objectives, que faire ? :
un sondage par "micro-trottoir", des entretiens par classe d'âge 14-15 ans 16-17 ans, 18-19ans, 20-30 ans dans 3 quartiers différents : un quartier bourgeois, un quartier mélangé, une cité, les 3 se touchant, avec les mêmes questions ouvertes donnant la possibilité de s'exprimer et d'argumenter. Le résultat sera un livre.
Qui cela intéresse-t-il ?

 

Etre gay en banlieue :  
Commande de Pink TV, "Etre gay en banlieue", le documentaire de Mario Morelli, n'a pas été facile à mettre en place. "Je souhaitais des témoins peu nombreux qui aient le temps de s'exprimer, qu'on ait le temps d'apprendre à connaître et qui parlent à visage découvert", indique le réalisateur, qui admet avoir eu du mal à trouver des personnes qui acceptent de se dévoiler face caméra. Du mal sans doute mais avec un succès au final, car Brahim, Mikaël, Julia et Emir — les quatre témoins finalement retenus — témoignent avec intelligence et émotion de leur vie de gay ou de lesbienne dans les cités ou dans les banlieues.
Il est question d'homophobie bien sûr, de la clandestinité qui assure une certaine forme de sécurité, des stratégies personnelles élaborées pour limiter les risques d'agressions physiques comme verbales. "Il est aussi question de courage, rappelle Mario Morelli. Moi qui suis hétéro, père de famille, j'ai été marqué par cette violence dont sont victimes les homos, ce phénomène extrêmement malsain, cette espèce de barbarie qui n'est d'ailleurs pas propre aux cités. Ce film est un moyen de témoigner d'une réalité comme peut le faire le mouvement Ni putes, ni soumises parce qu'il ne faut pas attendre qu'il y ait des mecs battus ou violés pour réagir. Il s'agissait aussi pour moi de faire avancer la cause, de montrer que certains ont le courage de témoigner".
Très habilement, le film montre aussi des confrontations entre des témoins (Emir et Brahim) et des jeunes des cités, qui frappent par le mécanisme et la dureté de leur réaction ("Le mec qui te dit qu'il est homosexuel, c'est comme s'il t'avait insulté"). "J'espère que ce film sera vu par des hétéros des cités et qu'ils comprendront qu'en disant cela, ils tiennent un rôle, qu'ils ne sont qu'une caricature dont ils sont eux-mêmes les victimes".

Banlieue : comment les gays y vivent
L'homosexualité en banlieue, sujet délicat s'il en est et encore mal exploré. C'est à lui que s'est attaqué Mario Morelli dans un excellent documentaire diffusé ces jours-ci sur Pink TV ("Etre gay en banlieue"). Ses témoins, comme ceux que nous avons rencontrés pour ce dossier, racontent l'homophobie quotidienne à laquelle ils sont confrontés mais aussi leur détermination à continuer à vivre en banlieue.
"Je suis le prisonnier le plus libre de Grigny", lance dans un sourire désabusé, Emir, un des témoins de l'excellent documentaire "Etre gay en banlieue". Une façon pour lui d'exprimer le paradoxe qu'il y a à vouloir s'assumer comme homosexuel dans un contexte, la banlieue, hostile à cette visibilité. Bien entendu, l'homophobie n'est pas l'apanage des cités mais les difficultés spécifiques à certains quartiers — et la nature même des rapports sociaux qui y ont cours — conduisent à des manifestations très dures et parfois violentes.
"La visibilité comporte des risques, rappelle Mikaël Vanhonacker (1). Nous avons ouvert une permanence d'accueil d'Angel 91 (principale association LGBT de banlieue, avec près de 140 adhérents les bonnes années) à Courcouronnes. Deux semaines durant, certains de nos adhérents ont été pris à partie par des jeunes, insultés. Nous avons déposé une main courante au commissariat, eu le soutien de la mairie et de la police municipale. Depuis, tout va bien."
"On peut être persécuté comme un noir. On a aussi mal, mais les gens ne comprennent pas ça", affirme Julia dans "Etre gay en banlieue". La jeune femme, qui vit à Seine Saint-Denis, a même choisi la colocation avec un garçon pour donner le change et ne pas être "ciblée" comme lesbienne. Emir, lui, vit tous les jours l'homophobie. Remarques, petites vexations, il en a pris son parti. "Je passe à travers les balles", indique-t-il. Il s'est cependant ménagé des havres de paix, dont le Marais, pour "se reposer" un peu et vivre comme il l'entend. "Akim, mon copain, n'a jamais fait partie d'une bande. Ce qui est déjà louche en soi dans le quartier d'où il vient. Il a suffi que je vienne le chercher plusieurs fois chez lui pour qu'il soit étiqueté gay et qu'on commence à l'emmerder, se rappelle Mikaël. Une fois, c'est allé trop loin. Il a réagi avec force et depuis ça va". Des exemples partagés par beaucoup de gays et de lesbiennes en banlieue.
"Il ne faut pas sous-estimer le poids de la famille et surtout celui de la religion, explique Mario Morelli, réalisateur du documentaire "Etre gay en banlieue". Cette influence se sent dans le formatage des réactions de jeunes qui vivent dans des coins très différents mais dénoncent l'homosexualité avec les mêmes termes, les mêmes images." "C'est vrai que la famille joue, indique Franck Barbenoire, président par intérim d'Angel 91. Certains jeunes qui viennent nous voir n'ont aucun soutien dans leur famille et disent que s'ils s'affirmaient comme homos, ils seraient chassés de chez eux et exclus de leur famille". C'est surtout le cas chez les familles très religieuses.
Pourtant en dépit des difficultés, nombre de gays et de lesbiennes n'ont pas renoncé à vivre en banlieue et pas seulement pour des raisons économiques. Beaucoup y sont d'ailleurs bien intégrés ou suffisamment pour ne pas être contraints au déménagement. "Lors de nos activités, on discute peu des difficultés liées à l'homophobie, indique Franck Barbenoire. Lorsque nous sommes saisis de cas, il s'agit le plus souvent de cas extrêmes. En fait, notre objectif est d'abord de favoriser une convivialité, un idéal de partage, de permettre des échanges et des rencontres sans passer systématiquement par Paris et sa scène commerciale. Il est aussi d'amener des gens à se connaître. C'est surtout surprenant de découvrir qu'il y a des gays ou des lesbiennes dans sa rue qu'on n'avait jamais vus, ni même repérés".
Ces échanges, cette solidarité renforcée (le plus souvent mixte et trans-générationnelle) conduisent aussi nombre de gays et de lesbiennes à ne pas vouloir céder face aux pressions, à faire front en quelque sorte. "Ce que m'a appris ce film, analyse Mario Morelli, son réalisateur, c'est que les gays et lesbiennes ne sont pas en banlieue pour militer mais sont en banlieue et militent pour pouvoir y rester dans de bonnes conditions".
(1) Il est un des témoins du documentaire et aussi président d'une association LGBT à Versailles : Homologay.

Aurore : Les insultes sont quotidiennes
Aurore a 19 ans. Elle est actuellement en terminale à Melun. Bisexuelle, elle vit dans une cité. Avec un meilleur ami gay, elle connaît bien le problème de l'homophobie des banlieues.
Quand son copain Hakim lui a fait part de son homosexualité, Aurore s'est sentie comme libérée : "Enfin, j'ai pu avouer que j'étais attirée par les femmes. Hakim et moi nous connaissions depuis l'enfance, mais ce point commun a renforcé notre amitié et nous sommes devenus solidaires l'un de l'autre. Il m'a fait découvrir le Marais, les endroits homos de la capitale. Je n'ai pas encore le courage d'aller seule dans un bar lesbien, mais ça viendra…"
Féminine, elle n'est pas "outée" dans sa cité et s'en félicite : "Je suis témoin d'actes homophobes régulièrement. Les insultes "pédé !" sont quotidiennes. Le plus méprisable est que, parmi eux, il y a des gays. Je les ai déjà croisés dans les bars, les boîtes, ou ils me l'ont avoué. Mais ils suivent les autres dans leurs agressions pour ne pas se faire rejeter. Je ne vais pas répondre : "Arrête, toi aussi tu l'es" pour qu'ils aient des problèmes. Je préfère me taire."
Si Aurore se mettait en couple avec une fille, ce n'est certainement pas en banlieue qu'elles s'établiraient. "C'est peut-être plus dur quand on est gay parce que, pour ces jeunes, ça atteint leur machisme. Mais un couple de lesbienne vit près de chez moi et quand elles passent dans la rue, on va jusqu'à leur jeter des pierres ! J'ai hâte de finir mes études, de trouver un emploi pour m'installer au centre de Paris. Je précise au centre parce que mon expérience en banlieue me fait craindre de retrouver la même mentalité dans des arrondissements populaires."

Karim : Je reste moi-même
Karim, 26 ans, résident de la banlieue nord-ouest, prépare un doctorat à Paris et fréquente la nuit gay avec beaucoup de recul et de simplicité. Une triple vie en quelque sorte…
Karim connaît bien la banlieue : "J'y suis né. J'y ai mes amis et mes repères, je suis d'une famille très soudée, même si mes centres d'intérêt culturels sont à Paris. L'homophobie des banlieues s'exprime surtout dans le groupe car elle permet de renforcer la masculinité. Il faut surenchérir dans les propos injurieux car celui qui défend les homos sera systématiquement suspecté d'en être un. Pris à part, la plupart tiennent un tout autre discours. Il y a des gays parmi eux, mais qui ne peuvent s'affranchir que sur Paris. J'ai pu y croiser pas mal d'amis ou de connaissance de mon quartier".
S'il a parlé de son homosexualité à ses frères et sœurs, pas un mot à sa mère : "J'ai déjà besoin de me détacher de mon environnement pour penser à lui dire quoi que ce soit. C'est pendant mes trois ans passés loin d'eux, à l'étranger, dans le cadre des études, que j'ai pu cogiter pour m'accepter en tant que gay. Il y a en moi une retenue, une forme de non-dit. Ces sujets ne sont pas abordés dans le cadre de la famille. En ce qui concerne ma mère, je crois qu'elle a deviné."
En attendant de s'installer sur Paris, Karim rejoint tous les soirs sa cité : "Je n'ai pas de stratégie pour cacher mon homosexualité. Je reste moi-même. Je ne suis pas efféminé, je ne laisse donc pas planer un quelconque doute. Il y a, en banlieue, une sorte de respect de la vie privée et on ne parle pas de sexualité lorsque l'on parle de soi. Si on me demandait si je suis homo, ce qui n'est jamais arrivé, maintenant, avec le raisonnement que j'ai acquis, je dirais que oui."

Mikaël : Ne pas reculer face à l'homophobie
Domicilié à Courcouronnes, Mikaël, 24 ans, est un des témoins du documentaire "Etre gay en banlieue". En couple, ouvertement gay (il a de nombreuses responsabilités associatives), il vit en banlieue par choix. Par militantisme même.
"Depuis 2000, j'ai vécu dans plusieurs villes de banlieue avant de m'installer à Courcouronnes, dans un quartier plutôt résidentiel mais à une rue du quartier chaud de ma ville et à quelques mètres du quartier des Pyramides à Evry qui a connu des problèmes récemment. J'habite à côté d'une gare et d'un centre commercial où, pour ma tranquillité, je ne vais jamais. Je préfère aller plus loin, dans d'autres endroits ou j'ai plus de liberté, notamment celle de pouvoir embrasser mon copain. Ça ne me pèse pas trop sur le plan personnel parce que j'en ai fait mon deuil mais plutôt sur le plan militant parce que je n'arrive pas à admettre ce racisme anti-gay. Dans la résidence où j'habite, les voisins sont informés. Je vis avec Akim, mon copain de 24 ans, avec lequel je me pacse très bientôt. Sa famille est au courant, sauf son père, et cela ne se passe pas trop mal car sa mère voit que nous tenons l'un à l'autre. Dans ma famille, la situation est plus difficile. Je ne vais pas mentir, c'est d'abord pour des raisons économiques que je me suis installé en banlieue. Mais j'y ai trouvé un cadre, une ambiance qui me conviennent, contrairement à Paris où je trouve les mentalités gay assez stéréotypées, superficielles et discriminatoires. Je compte rester en banlieue, même si vis-à-vis de l'homosexualité la situation n'est pas toujours évidente. Je ne vois pas pourquoi je partirais. Je vis normalement. Je ne me sens pas différent des autres. Et puis, si on recule face à l'homophobie, on donne raison à ceux qui le sont."

Rachid : Un sujet trop tabou
Rachid, 22 ans, est barman dans le Marais. Un moyen pour lui de fuir sa banlieue de Chelles et de fréquenter d'autres gays sous couvert d'un emploi.
Rachid a déjà été agressé verbalement par des inconnus : "Je suis une insulte à leur idée de la virilité. Ils rejettent de façon agressive ce qui est contraire à leur système. Dans les bars, ça n'arrête pas : "Les pédés, il faut les massacrer…" Je n'entends pas de tels propos à Paris dans les cafés hétéros." Pas question pour lui de faire son coming out auprès de ses parents : "C'est un sujet trop tabou ! J'ai eu une première mauvaise expérience avec ma sœur qui est tombée sur des pass pour des soirées gays. Alors qu'elle a plein d'amis homos, elle m'a diabolisé, c'était une sorte d'apocalypse de voir que sa famille était touchée. Elle parlait du milieu homo comme d'un univers malsain. Tout n'y est pas rose, c'est vrai, mais je travaille dans un bar gay et j'en retiens surtout une bonne ambiance de camaraderie.
Ma mère me demande souvent si j'ai une copine : je ne réponds pas. J'ai hâte d'être indépendant, d'avoir mon propre appartement."
Quelles sont les raisons de cette homophobie ? Rachid évoque le sujet religieux : "Je sais que toutes les religions sont anti-homos dans leurs interprétations. Pour ma mère, le premier devoir d'un musulman est d'avoir une progéniture. Elle voudrait des petits-enfants. Elle serait néanmoins moins choquée si je lui avouais que le seraient mon frère et mon père, pour qui il s'agit de fierté. Ils craindraient le qu'en dira-t-on. Il y a beaucoup de chômage en banlieue, beaucoup de temps donc pour causer des autres, critiquer le voisin…"

Mini sondage : L'association LGBT de banlieue Angel 91 a réalisé un sondage auprès de ses adhérents sur l'homophobie. Sur 30 réponses, 11 personnes ont indiqué avoir déjà subi des violences physiques, 6 des insultes homophobes et 3 seulement "trouvent les gens supercool avec les homos".
Infos sur : www.angel91.org

 

 

 

Le CGL Paris Ile de France demande un rétablissement urgent du dialogue et du respect mutuels. Paris, le 08 novembre 2005
Le Centre Lesbien Gai Bi et Trans de Paris Ile-de-France en appelle aux valeurs citoyennes et éducatives de la République.
Les banlieues brûlent, seuls les élites, les bobos ou les rêveurs s'en étonneront, les signes avant-coureurs ne manquaient pas.
Le gouvernement est dépassé par les évènements et adopte des mesures répressives et régressives, ne faisant qu'attiser les violences et enfermer les personnes stigmatisées dans leurs différences et dans l'exclusion.

Des actions de terrain et de prévention seraient pourtant plus pertinentes. Les associations n'auraient jamais du perdre les moyens de leurs missions.
Dans ces périodes troubles, les personnes LGBT sont fortement fragilisées. En effet, l'histoire a démontré que les minorités dont les homosexuel-les ont toujours été victimes des périodes tourmentées.
Les actions de prévention, le renforcement du lien social, les mesures contre toutes les discriminations seraient plus efficaces que les discours provocants et le tout sécuritaire.
Il est difficile d'afficher son orientation sexuelle ou identité de genre en banlieue ; dans un tel contexte de violence, nous n'osons même pas imaginer l'angoisse dans laquelle sont plongées les personnes LGBT aujourd'hui.

Les co-présidents  : Christine Le Doaré, Claude Chantereaux 

 

 

Etre gay en banlieue
Vivre en banlieue est difficile, comme l'ont confirmé les violents évènement récents. Pour aller au-delà de ce malaise, Pink TV consacre sa soirée "Elevons le Débat" du mardi 24 janvier à la vie quotidienne des lesbiennes et des gays en banlieue.
24 janvier 2006> 20h50 – "Banlieue Gay" Documentaire inédit de Mario Morelli.
De l'autre côté du périphérique parisien, est-il possible de vivre ouvertement son homosexualité ? Quels problèmes rencontrent les lesbiennes et les gays des banlieues s'ils désirent assumer leur identité sexuelle ?

Faut-il fuir ou rester cachés dans cet environnement où se côtoient le machisme, l'insécurité, les difficultés économiques et l'exclusion ? Autant de questions auxquelles il est souvent difficile de répondre tant, dans ces villes, la visibilité gay est inexistante.
C'est l'enjeu de ce documentaire inédit. A travers les témoignages de Brahim, Mickaël, Julia et Emir, Morgane Production et PinkTV ont décidé de donner la parole à celles et ceux qui vivent au quotidien dans les banlieues parisiennes. e-llico

 

 


Vous aussi témoignez

SOS-Homophobie dans son Rapport annuel 2004 écrit : « nous n'avons pas pour but de stigmatiser ces territoires, de prétendre que les conditions de vie y sont systématiquement insupportables et que personne n'arriverait à s'y épanouir, cependant même si les témoignages traités ne représentent que 2 % de ceux reçus en 2004, nous ne pouvons faire l'impasse sur des phénomènes d'homophobie aux caractéristiques communes. Sur notre ligne d'écoute nous recevions des appels de la France entière mais rien ne remontait des banlieues, nous avons lancé un appel à témoignages, des histoires ont commencé à filtrer des barres d'immeubles, violentes, anonymes»

Surtout des jeunes, SOS-h « de plus 48 % des témoignages que nous avons reçus mentionnent des agresseurs noirs ou maghrébins, cette forte proportion de jeunes issus de l'immigration est le reflet de la structure démographique, mais pas seulement, la culture de ces jeunes laisse peu de place à l'acceptation de la différence et au respect de l'autre ; sans oublier les souffrances moins visibles mais tout aussi dramatiques que peuvent vivre un jeune noir ou un jeune maghrébin ou d'origine maghrébine qui se découvre homosexuel mais vit au contact de ces jeunes homophobes et violents.
Beaucoup d'agressions physiques  : 33 % des cas de témoignages, et donc un très fort pourcentage.
Au sein du voisinage  : SOS-h « dans 63 % des cas, les agressions ont lieu au domicile, dans l'immeuble ou le quartier, la victime et ses agresseurs se connaissent se croisent régulièrement, d'où un fort sentiment de peur, et une réelle crainte à sortir de chez soi, ils évitent tout signe, ou comportement pouvant laisser supposer leur orientation, certains suivent des traitements médicaux pour cause de dépression. Les menaces renforcent le sentiment d'impunité des agresseurs et le sentiment d'insécurité des victimes, ces intimidations sont d'autant plus efficaces que les agresseurs connaissent précisément le lieu d'habitation et les habitudes de leur victime; menaces au cas où la victime porterait plainte; même en absence de menaces beaucoup de victimes renoncent à porter plainte par crainte des représailles (dégradation de biens), dans un cas c'est la police qui ne tient pas à convoquer les agresseurs formellement identifiés, de peur que la situation ne dégénère! Le déménagement n'est pas forcément envisageable dans le cas de logements sociaux, les demandes de changement de domicile pour harcèlement ou agressions ne sont pas prises en compte par l'organisme HLM ou par la mairie (jugées non prioritaires).

Le journal L'express du 21 juin 2004 : « des garçons victimes de viols collectifs ont eu la force de se confier à l'association ni putes ni soumises » « impossible d'aller porter plainte au commissariat, d'en parler à la famille » explique Nasser Ramdane ex-vice-président de SOS-Racisme et qui a fait son coming-out dans Têtu « le soupçon qu'ils étaient consentants planera toujours » L'express : ne pouvant la plupart du temps déménager, ces gays sont passés maîtres dans l'art de jouer les hétéros, il leur arrive de donner des gages, de participer à des bastons, de jour à la petite racaille, pour être « des mecs fiables », de changer de tenue dans les toilettes des trains, de devenir bourreau. Jean-Luc Roméro secrétaire national de l'UMP raconte avec stupeur les « aveux d'un grand gars très baraqué qui lui dit : tous les week-ends, je vais casser du pédé sur les lieux de drague parisiens avec les copains, je suis moi-même homosexuel ».
Surtout grave pour les jeunes issus de l'immigration  : ils le disent tous « ne pas se faire griller, surtout pas chez soi » les jeunes d'origine maghrébine courent le risque supplémentaire d'être rayés du livret de famille ; dans certaines famille, marier le fils homosexuel est le meilleur moyen d'étouffer le scandale, en lui ramenant une fille du bled qui n'aurait pas posé de questions, mais certains ne veulent pas « finir au bois de Boulogne avec un siège de bébé à l'arrière de la voiture ». Certains déjà étudiants subissent une tentative de reéducation avec tabassage par les frères, envoi au bled…
Le discours des barbus est clair : "port du foulard, lutte contre les homos même combat", ce courant idéologique accuse l'Occident de pervertir les musulmans, en gros c'est de la faute des blancs, s'il y a des Arabes homos, le Parti des musulmans qui a lancé une violente diatribe contre ceux qui sont choqués par le foulard et ne se sentent pas choqués par l'homosexualité, a remporté un vif succès; Kelma organise des soirées Black-Blanc-Beur aux Folies-Pigalle le dimanche soir, c'est la bouffée d'oxygène hebdomadaire, là pour quelques heures, ils laissent leur déguisement d'hétéro.

Dans le documentaire diffusé en septembre par Canal + : Haro sur les homos, les agresseurs de David Gros ne manifestent aucun regret : "il fallait le faire, si non ça aurait empirer, depuis il y a moins de capotes et de canettes ! et nous pensons aux enfants" En fait il est si tard sur les lieux de drague et ces lieux sont si bien cachés qu'aucun enfant ne peut les voir, mais c'est leur défausse, ils sont persuadés de faire le bien de la cité. "Mais 4 mois de préventive, il n'y avait jamais eu ça".
L'homophobie allant de pair avec le sexisme, on comprend que les filles ne se précipitent pas, n'y aurait-il pas de leur part de la frustration ? Et même une jalousie par rapport à "ces pédés qui tirent leur coup".
Ils sont tous passés par l'école, une vrai faillite !

 

 

Enquête sur l'homophobie

Une enquête proposée par Alexis Marant et Julien Bur, lundi 5 septembre sur Canal +.
" Haro sur les homos ! "
La société française est-elle homophobe ? Si l'on se réfère aux avancées récentes, le PaCS, le coming-out de personnalités politiques et publiques, le lancement de la chaîne Pink TV, la discussion d'un projet de loi sur l'homophobie, on pourrait penser que notre société a considérablement évolué sur ce sujet ces dernières années...
Pourtant, un lieu est resté à l'écart de ces avancées sociales : la banlieue. Même si l'homophobie existe, à des degrés divers, dans tous les milieux, être homosexuel et vivre en cité, c'est risquer en permanence les insultes, les humiliations, voir les violences physiques : à milieu violent, rejet violent.
La banlieue n'est, bien évidemment pas, le seul terrain d'expression de l'homophobie, c'est en revanche là que l'homophobie prend une forme extrême. Dans ces quartiers où règne le machisme et le culte de la virilité, alimenté par la culture hip-hop, prouver sa masculinité est une donnée fondamentale pour être accepté au sein du groupe qui vous protège.
Etre homo en banlieue, c'est aussi risquer de façon quasi-systématique le rejet de la part de la famille. Le poids de la religion et de la tradition rend inacceptable pour une famille l'homosexualité d'un de ses membres.
Pour Lundi investigation, Alexis Marant et Julien Bur ont enquêté dans les cités, ont rencontré des jeunes hommes qui y vivent ou y ont vécu pour montrer ce qu'est la vie des homosexuels en banlieue et démontrer que l'existence d'une mécanique homophobe est en progression dans les quartiers.
Ils ont aussi traqué les relents homophobes jusqu'à l'Assemblée nationale ainsi que dans l'éducation nationale, où l'absence de sensibilisation des élèves sur cette discrimination reste encore incompréhensible.