Biphobie

Les bisexuels : Trop homos pour les hétéros et trop hétéros pour les homos

"L'homosexualité demeure la seule discrimination inscrite formellement
dans l'ordre juridique" Daniel Borillo

Dernière modification le 4 décembre 06

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Shakespeare : plusieurs de ces héroïnes seraient lesbiennes
selon le maître de conférence de littérature Alfredo Gómez Gil

Beaucoup croient encore que la bisexualité n'existe pas : ils considèrent qu'elle renvoie à une période où l'on se disait bi alors qu'on ne s'assumait pas encore homo, que les soit-disant bis, reproduisent le schéma homophobe, en n'acceptant pas une orientation sexuelle différente.
En apparence il est plus confortable d'aimer les 2 sexes, cela parait ouvrir plus de possibilités, sauf qu'en réalité on ne choisit pas qui on aime.
Il arrive que la personne bisexuelle trompe la personne hétéro avec une personne homo ou l'inverse et par conséquent les bisexuelLEs ne sont pas toujours bien vus ni par les hétéros ni par les homos.
2 cas se présentent :
- la personne trompée pense qu'il n'y a pas injure car il n'y a pas de comparaison possible du genre : "qu'est ce qu'il a donc de plus que moi ?" pour une femme.
- la personne trompée est agressive et haineuse, car à la jalousie, s'ajoute le ressentiment homophobe de "s'être laissé avoir par un malade".

Association Bi'cause : espace de convivialité entre personnes qui ne se reconnaissent pas comme homosexuelles ou hétérosexuelles, défendre, étudier, informer

Bisexualité-info

Amphibi : groupe Canadien

Let it bi... sex : un site par un bi pour les bi

Antenne d'information bisexuelle Romande

 

To bi or not to bi ? janvier 2006 par Sabrina Site Mag-Paris

Je sors avec un garçon depuis plus trois ans. Il a su dès le début que j'avais des penchants lesbiens, qualifiés du moins de bisexuels puisque je sortais avec lui. Nous n'y avons pas prêté attention, c'est la jeunesse, les délires d'ado, juste un fantasme, cela passera nécessairement.

La veille de notre troisième anniversaire, il apprend que je suis toujours en proie à de sérieux doutes quant à mon orientation sexuelle. Il veut que je rompe, même s'il pense ne jamais s'en remettre. Il est ma première et unique expérience sexuelle, je ne veux pas, je ne peux pas. J'ai construit une vie amoureuse si parfaite : mon premier Grand Amour est celui avec qui j'ai envie de finir ma vie, nous avons tout découvert ensemble et je sais qu'il sera toujours là quoiqu'il arrive. Et puis, je m'entends si bien avec sa famille, avec ses amis : ils m'ont tous adoptée ! Je n'ai aucune raison de rompre avec lui. J'ai la garantie de vivre paisiblement. Mais surtout, je lui ai promis de ne plus me poser de questions, j'ai fait mon choix : « Moi ou les filles, tu choisis, sinon je ne reviens pas ». Je l'ai choisi, j'ai choisi une vie sans problème où tout le monde serait satisfait. Après tout, être satisfaite aux trois quarts c'est mieux que rien ? J'essaye de m'en convaincre...

Je ne pourrai jamais lutter contre ce désir qui s'éveille en moi à la vue d'une jolie fille. Alors je serais bi selon certains, d'autant plus qu'on n'est jamais sûr de rien avant d'avoir essayer. Pourtant, je n'ai pas besoin d'avoir embrassé une fille pour savoir que j'en ai envie, pour savoir que l'émotion qui me traverse lorsqu'il est question d'amour entre deux filles est au-delà de ce que j'ai ressenti jusqu'à présent. Cette torture émotionnelle, je me la suis infligée moi-même et n'en blâme personne. Néanmoins, j'aurais aimé être au courant plus tôt que j'avais la possibilité d'être amoureuse de Joey Potter à la télé et non obligatoirement de Dawson. J'ai découvert la sexualité à 18 ans avec pour seul schéma conceptuel celui du prince charmant et de sa princesse. J'admets aisément ma naïveté dans cette énorme arnaque qu'on nous impose dès l'enfance, mais je suis amère de ne pas avoir été prévenue avant de devoir faire souffrir des personnes, qui sont aujourd'hui si chères à mon cœur. Par lâcheté, j'ai choisi de me torturer moi-même, en espérant que cela s'atténue avec le temps.

Je n'aurai jamais dû faire une telle promesse car je me suis imposée toute seule la conception classique du couple. Après tout, il est peut-être possible d'aimer un garçon et de ressentir un puissant désir pour les filles, sans être nécessairement amenée à se ranger dans la case lesbienne. Mais il est également possible de croire aimer un garçon par peur de s'avouer homosexuelle. To « bi » or not to « bi » ? Telle est ma question....

 

 

 

La bisexualité, qu'est-ce que c'est ? Janvier 2006 par Elodie Site Mag-Paris

D'après le dictionnaire, il s'agit d'une attirance à la fois hétérosexuelle et homosexuelle. Mais peut-on être les deux à la fois ? Est-ce un simple passage entre l'hétérosexualité et l'homosexualité ? Les bisexuels sont-ils instables dans leurs choix ? Est-ce que cela ne pourrait pas au contraire être une orientation ou une identité spécifique ?

Les études sur la bisexualité sont rares et souvent imprécises. Mais il semblerait que la bisexualité a toujours existé. Par exemple, les anthropologues américains Clellan Ford et Franck Beach ont observé que certaines formes d'homosexualité et de bisexualité étaient bien acceptées chez 49 sociétés tribales sur 76 qu'ils ont étudiées entre 1920 et 1950. Dans les années 50, l'enquête sociologique d'Alfred Kinsey fait apparaître que 33 à 46 % des hommes sont bisexuels comme 15 à 25 % des femmes. Mais sa définition de la bisexualité est très large, incluant par exemple toute personne ayant eu une expérience homosexuelle unique à l'adolescence. Dans son étude, Kinsey propose également une échelle pour « mesurer » le degré de bisexualité selon l'attirance plus ou moins marquée vers l'un ou l'autre sexe. Cette échelle va de 0 pour les personnes 100% hétérosexuelles jusqu'à 6 pour les personnes 100% homosexuelles. Les bis (se sentant autant attirées par les hommes que par les femmes) sont à 3. Ce système de notation peut paraître bizarre aujourd'hui, mais reflète bien les idées de l'époque et la difficulté à appréhender la bisexualité. En France, Alfred Spira (directeur de recherche à l'INSERM) a réalisé en 1992 une étude qui révèle que seulement 2 % des personnes sont bisexuelles. Difficile d'évaluer si ce chiffre reflète la réalité... Une autre enquête a été spécifiquement consacrée aux bisexuels. Selon les premiers résultats obtenus par le sociologue Daniel Welzer-Lang de l'Université de Toulouse, les bisexuels existent bel et bien (ouf ! nos amis bisexuels seront ravis de le savoir). L'étude souligne un style de vie et des goûts sociaux se démarquant à la fois des homosexuels et des hétérosexuels. Il observe également que de nombreux hommes bisexuels ressentent une grande culpabilité par rapport à leurs attirances sexuelles.

Mais d'où vient la bisexualité ? Certains pensent, en se basant sur des arguments scientifiques, que l'ambiguïté sexuelle serait naturelle. En effet, tous les embryons sont « femelles » jusqu'à la 5e ou 6e semaine de vie foetale, lorsque les androgènes fœtaux (c'est à dire des hormones mâles) entrent en action. Selon Freud, on naît tous bisexuels, puis peu à peu les orientations sexuelles apparaîtraient, par des processus complexes où la socialisation est le point essentiel. Cette théorie a été développée dans son ouvrage « trois essais sur la théorie de la sexualité » publié en... 1905 ! Freud pensait aussi que chacun oscille toute sa vie entre des sentiments hétérosexuels et homosexuels. Cette théorie est contestable et a été largement contestée depuis, et aujourd'hui on ne sait toujours pas vraiment d'où vient l'homosexualité... mais on reconnaîtra au moins au Docteur Freud le mérite de ne pas occulter la bisexualité.

En effet, la bisexualité souffre d'une grande invisibilité. Quelques sites internet, des magazines, une association revendiquent la singularité des bisexuels. Il s'agit aussi de lutter contre les préjugés venant aussi bien des homosexuels que des hétérosexuels. Qui n'a jamais entendu des phrases telles que « les bis ne savent pas ce qu'ils veulent » ou « ce sont des homos qui ne s'assument pas »... ? A travers le témoignage de quelques bis, nous espérons faire passer un message simple. Il n'y a que l'amour qui compte, que ce soit avec un homme ou avec une femme !

 

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