SALE PEDE
Paroles et musique : Nicolas BAGES
Et tu t'es dit " Mon gars, tu s'ras pas comme tout l'monde "
Tu t'sentais bien trop mal au milieu des foules qui grondent
Et tous ces gens bien qui t'entourent, dur d'être à la hauteur
Y va falloir trouver ta place, faire mieux, autre chose, ailleurs
Et tu t'es dit " Mon gars, va voir aimer les gars
P't'être c'est moins difficile, p't'être t'auras moins les foies
P't'être y sont plus comme toi, p't'être ça s'ra pas pareil "
Mais sur la face cachée d'la lune, c'est encore plus dur d'trouver l'soleil
Sinon, retour
Case départ
C'est toujours
La même histoire
T'as pris un autre chemin mais y passe aussi dans l'noir
De sens uniques injustes en communions factices
C'est pas les filles qu'tu pouvais pas, c'est l'humanité qui t'glisse
Entre les doigts
Y'a tant d'manières de rendre les autres heureux
P't'être encore plus que d'se faire du mal tout seul
Qu'il soit blond, qu'elle soit brune, t'y arriveras pas mieux
Si t'as pas autre chose à offrir que c'merdier derrière ta grande gueule
Alors tu vas traîner la nuit dans des bouges au sol glissant, collant
De c'qui reste des amours des chercheurs précédents
Tu vas en embrasser plein, au hasard, sans désir
Comme ces soirs où tu t'branles et qu't'as même pas envie
Juste par habitude, pour voir si ça fait encore du bien
S'il existe encore du plaisir, si y a vraiment plus rien
Ou juste parce qu'y t'faut ça pour espérer pouvoir t'endormir
Avec toi ; épuisé, plus rien à dire, à donner, en finir
Et retour
Case départ
C'est toujours
La même histoire
T'as pris un autre chemin mais y passe aussi dans l'noir
Le froid du p'tit matin après tes ballades entre les corps
Y t'reste l'odeur de clope, de bière, mais sois sûr qu't'es encore
Plus seul qu'hier
Et retour
Case départ
C'est toujours
La même histoire
J'ai d'jà pris l'même chemin, pas la peine que t'ailles voir
D'accord, facile àdire, OK, c'est rien qu'un sale poème
Je sais, les mots t'suffiront pas, faudra qu't'essaye quand-même
Alors, viens dans mes bras
Allez
Viens dans mes bras
Juste une fois, encore une fois
On verra bien si ça marche pas
Avec un peu d'chance
Tu s'ras aussi malheureux qu'ailleurs
Avec juste en plus
Ceux qui t'reprocheront les envols qu'ils n'ont jamais osés
Avec de bonnes dents
On pourrait s'arracher des lambeaux d'peur
Avec juste en plus
La haie d'honneur de ceux qui t'crieront SALE PEDE
Viens dans mes bras
Viens dans mes bras.
Christophe Moulin, Petits secrets
Patron d'un des établissements les plus connus du gay Paris, le resto le Gay Moulin, Christophe Moulin (tiens tiens…) gardait dans sa cuisine quelques "Petits secrets" qu'il a décidé de révéler. C'est donc bien à un coming out qu'il se livre ici en révélant, via un premier album autoproduit et entièrement écrit par lui, ses envies de chanson. Résultat : douze morceaux parfois ironiques comme celui sur son métier ("Nous, les restaurateurs") ou le milieu homo ("Les copines"), le tout sans méchanceté, parfois plus graves à l'image de ces retrouvailles avortées avec un ami d'enfance ("Comment te le dire") ou de cette méditation sur l'usure du couple qu'est "Je voudrais que tu me manques". Car comme dans un premier roman, c'est de lui encore et encore que parle Christophe Moulin dans ce premier album : de ses amours avec Nicolas, de son coming out familial, de sa découverte de son homosexualité, d'une brève rencontre dont le souvenir ne s'est pas effacé… Il se situe ainsi dans une longue tradition de la chanson française, et ce n'est pas pour rien que l'ombre de Barbara (à qui un titre est consacré) plane sur ces "Petits secrets". Et si la voix vibre parfois un peu trop, si certains manquent un peu d'assurance, l'ensemble ne manque ni de charme ni de sincérité. Comme un coming out réussi…
"Petits secrets", Christophe Moulin. Christophe Moulin sera au Palais des Glaces le 26 mars à 20 h 30. Infos et commandes de l'album sur www.christophemoulin.com
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Musique : nous en chansons
Chanter les pédés, c'est presque un sous-genre en soi de la chanson française. C'est en tout cas ce que l'on peut déduire de ce qui est à coup sûr l'événement musical homo de cette rentrée : la sortie du double CD "Chansons interlopes (1906-1966)", dans lequel Martin Pénet, grand spécialiste de nos ritournelles nationales, a réuni pas moins de 54 titres drôles ou tragiques, lourdingues ou plus fins, connus ou (surtout) totalement oubliés comme nombre de leurs interprètes. Car si Juliette Gréco, Suzy Solidor, Coccinelle ou Maurice Chevalier restent dans toutes les mémoires, qui se souvient de La Palma et de son "Je te veux cette nuit à moi", de Jacki et da sa "Tapette en bois", de l'"Idylle" de Charpini et Brancato ou du "Si j'étais fille" de Lyjo ? Ces trésors exhumés de nulle part qui nous racontent une part de notre histoire collective sont accompagnés d'un formidable livret bourré de photos et d'infos sur les interprètes, leur époque, leurs chansons, etc. Un travail infiniment précieux.
"Chansons interlopes", en vente exclusive dans les librairies gay et par correspondance : La Boîte à Frissons, 11 rue au Maire, 75003 Paris (ou www.tangoparis.com) pour 31 euros |
Une femme avec une femme de Saya
Deux femmes qui se tiennent la main
Ca n'a rien qui peut gêner la morale
Là où le doute s'installe
C'est que ce geste se fasse sous la table.
Quand elles sont seules, comme elles n'ont rien à perdre
Après les mains, la peau de tout le reste
Un amour qui est secret
Même nues, elles ne pourraient le cacher
Alors, sous les yeux des autres
Dans la rue, elles le déguisent en amitié
L'une d'elles dit que c'est mal agir
Et l'autre dit qu'il vaut mieux laisser dire.
Ce qu'ils en pensent ou disent ne pourrait rien y faire
Qui arrête les colombes en plein vol
A deux au ras du sol
Une femme avec une femme
Je ne veux pas les juger
Je ne veux pas jeter la première pierre
Et si, en poussant la porte
Je les trouve bouche-à-bouche dans le salon
Je n'aurais pas l'audace de tousser
Si ça me dérange, je n'ai qu'à m'en aller
Avec mes pierres elles construiraient leur forteresse
Qui arrête les colombes en plein vol
A deux, au ras du sol
Une femme avec une femme
L'une d'elles dit que c'est mal agir
Et l'autre dit qu'il vaut mieux laisser dire
Ce qu'ils en pensent ou disent ne pourrait rien y faire
Qui arrête les colombes en plein vol
A deux, au ras du sol
Une femme avec une femme
Qui arrête les colombes en plein vol
A deux, au ras du sol
Une femme avec une femme