Cinéma Gay ou Bisexuel
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"L'homophobie, à en juger par la panique déclenchée récemment par la perspective
de la reconnaissance juridique
du couple gay, semble se porter à merveille". Léo Bersani
Dernière modification le 10 juin 07
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Cinéma comme ça : liens pour chaque film et commentaires de l'oeuvreUne vie très Gore
Romancier, scénariste, essayiste, Gore Vidal est une des figures majeures de la littérature américaine du dernier demi-siècle. Il est aussi un chroniqueur impitoyable de son temps et du monde culturel, un écrivain à la langue aussi précise qu'assassine et un homosexuel flamboyant. Dans "Palimpseste", ses formidables mémoires, c'est tout un monde qu'il fait renaître sous nos yeux.
Ecran Rose : films récents
Editeurs DVD : Antiprod ; BQHL ; Adventice ; Eclipse DVD ;
Les Films de l'ange ; Optimale ; IDP Video ; Epicentrefilms
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Festival du film gay et lesbien de MontrealActualités :
La leçon de cinéma de Ming-liang
Ils ne sont pas nombreux les cinéastes asiatiques à oser afficher leur homosexualité. Le Taïwanais Tsai Ming-liang est l'un d'eux, et chacun de ses films incroyablement épurés est aussi une variation autour de ce désir qui trouve si difficilement son objet. " I don't want to sleep alone ", qui sort le 6 juin, est une nouvelle preuve de son incroyable talent dont le point d'équilibre est quelque part entre sensualité et frustration.Il y a à l'évidence quelque chose d'ironique dans le titre du film qui révéla Tsai Ming-liang en France en 1994 tant ce " Vive l'amour ! " pimpant affiche un volontarisme optimiste à contre-courant de tout ce que l'œuvre de ce cinéaste taïwanais majeur décline depuis. Car ce qui frappe dans les huit films réalisés par Tsai depuis ses débuts (voir encadré), c'est bien l'infinie difficulté de ses personnages à exécuter ce programme, c'est-à-dire tout simplement à être amoureux et surtout à vivre l'amour, quelle que soit par ailleurs la nature de cet amour. Le point commun de tous les personnages de Tsai Ming-liang est là, qu'ils soient adolescents ou pères de famille, hommes ou femmes, Chinois ou Pakistanais, hétéros ou gays, ou même qu'ils ne sachent pas, qu'ils prennent place dans un drame ("La rivière") ou une comédie ("The hole") voire une forme très particulière de porno ("La saveur de la pastèque") : l'amour pour eux est un but jamais atteint, une quête toujours frustrante, un désir qui ne trouve jamais le moyen de s'incarner. Car si on aimerait aimer chez Tsai, on ne sait pas. On ne sait pas qui, on ne sait pas comment, on ne sait pas le dire, on ne sait pas le comprendre ni le faire comprendre, on ne sait pas quoi faire de ce sentiment encombrant. Les films de Tsai entremêlent donc les solitudes, plongent dans la sexualité (ou plutôt les sexualités, car toutes se valent dans leur désarroi fondamental), poussent à son comble l'étude de l'incommunicabilité, naviguent sans cesse entre pulsions foudroyantes et frustration extrême. Et tout cela s'exécute dans un étonnant ballet de corps saisis dans des plans fixes d'une grande complexité (une surprise guette toujours dans un coin de ce qui semble figé et est en fait en constante évolution) et dans un réseau de dialogues réduits à leur épure (si très peu de mots s'échangent chez Tsai, c'est parce que les mots sont impuissants à dire ce que les corps révèlent). L'enjeu esthétique et cinématographique est ainsi inséparable de l'enjeu thématique chez Tsai Ming-liang, chacun renforçant l'autre en donnant à son œuvre une cohérence et une force assez uniques.
Une œuvre très gay
Sur les huit films réalisés par Tsai Ming-liang depuis 1992 et "Les rebelles du dieu néon", l'homosexualité est présente dans cinq (elle tient d'ailleurs une part non négligeable dans "I don't want to sleep alone", son dernier né), sous des formes très différentes, même si elle n'est jamais le sujet central de ces œuvres, ce que confirme le cinéaste lui-même : "Il y a dans le monde actuel toutes sortes de gens qui vivent des sexualités différentes et je trouve cela parfaitement sain", expliquait-il en 1997, pour la sortie de "La rivière". "S'il est vrai que je me sens proche du monde homosexuel, j'ai beaucoup de mal à accepter que l'on classe mes films dans une prétendue catégorie films homos. En réalité, on ne sait jamais si Hsiao-kang (le personnage principal de tous ses films, joué chaque fois par le même acteur, Lee Kang-sheng, ndlr) est homosexuel, on ne peut pas honnêtement considérer que mes films traitent directement de ce sujet. Je cherche au contraire à montrer toutes les formes d'expression sentimentale de la façon la plus naturelle possible, en essayant de briser les différences qu'il y a entre les gens. Je ne fais pas des films sur les homosexuels et je n'irais même pas voir un film présenté comme traitant spécifiquement de ce sujet. " Il n'empêche qu'entre le désir informulé de l'ado en scooter des "Rebelles du dieu néon" pour le voyou dont la liberté le fascine, et l'attirance impossible de l'immigré pakistanais de "I don't want to sleep alone" pour le jeune homme qu'il recueille et soigne après une agression, l'homosexualité (douloureuse certes, mais pas plus que n'importe quelle forme de sexualité telle qu'on la croise dans ces films) est bien toujours là chez Tsai. Dans " Vive l'amour ! ", c'est un jeune homme qui se cache sous un lit pour suivre les ébats sexuels du garçon dont il est amoureux avec sa maîtresse, et qui en profite pour se masturber. Dans " La rivière ", sûrement le film le plus sidérant du cinéaste, c'est un fils et un père qui se retrouvent dans la moiteur d'un sauna homo et qui font l'amour sans se reconnaître. Dans " Goodbye, Dragon Inn ", c'est la drague homo qui déroule ses inlassables chassés-croisés dans les coulisses d'un vieux cinéma qui s'apprête à fermer ses portes.
I love you ?
"I don't want to sleep alone", de Tsai Ming-liang, avec Lee Kang-sheng, Chen Shiang-chyi, Norman Atun. Sortie le 6 juin.C'est sous une affiche siglée d'un dérisoire "I love you" que se joue une bonne part du nouveau film de Tsai Ming-liang, comme dans un clin d'œil à ce "Vive l'amour !" qui révéla le cinéaste. Car "I love you", c'est exactement ce que n'arrive pas à dire ni même à formuler Rawang, l'immigré pakistanais qui recueille dans son squat sordide le malheureux Hsiao-kang qu'une bande de malfrats vient de tabasser et de laisser sur un trottoir de Kuala Lumpur, la capitale de sa Malaisie natale où Tsai revient pour la première fois. Dès lors qu'il ne peut pas (s')avouer ses sentiments, Rawang trouve d'autres moyens d'exprimer son désir : les soins qu'il procure à son ami blessé deviennent des caresses, les attentions qu'il lui porte des preuves d'amour, le matelas défoncé où il l'installe une chambre nuptiale, la protection qu'il lui apporte une surveillance jalouse… Cette intrigue homosexuelle qui ne prend jamais vraiment corps est pourtant le centre de ce film étrange, dans lequel Tsai Ming-liang pousse encore d'un cran son épure formelle : encore moins de dialogues, encore moins de véritable action, encore moins de mouvements de caméra, et pourtant toujours plus de rebondissements, toujours plus de surprises prêtes à surgir dans une ombre ou un coin de l'écran (regardez ce dernier plan extraordinaire que l'on croit vide avant d'y voir apparaître la résolution de toutes les tensions sexuelles et sentimentales antérieures sur un matelas flottant), toujours plus de complexité humaine. Une fois de plus, le cinéaste taïwanais nous ébloui par sa capacité à densifier le monde et à parler non seulement des désirs qui se confrontent (il n'y a pas que Rawang à vouloir séduire Hsiao-kang !) mais aussi de la situation sociale de son continent et d'un certain état de nos sociétés contemporaines. Indispensable.
Cinéma : Jim Carrey en prisonnier homosexuel dans une comédie à l'humour noir
L'acteur Jim Carrey va incarner un prisonnier homosexuel dans une comédie à l'humour noir qui pourrait être produite par le Français Luc Besson, a annoncé lundi la presse spécialisée de Hollywood. Le film s'appellera "I Love You Phillip Morris" et Carrey y jouera un repris de justice qui s'évade à plusieurs reprises par amour pour son ancien codétenu. Le long métrage est inspiré d'une histoire vraie
e-llico Mis en ligne le 05/06/07
Shortbus de Cameron Mitchell, Dist. : Bac Vidéo. Quelque part à New York, il existe peut-être un lieu comme le Shortbus, un mix de salon littéraire et de salle de baise, où toutes les sexualités et tous les désirs pourraient prendre corps… Voilà en tout cas la belle utopie que fait vivre avec un sens enthousiasmant de la liberté John Cameron Mitchell, cinéaste queer dont on avait découvert l'inventivité avec "Hedwig and the Angry Inch". Avec "Shortbus", Mitchell confirme tout le bien qu'on pensait de lui, organisant une fable couillue (à tous les sens du terme) qui ne vire jamais à la provocation gratuite malgré des morceaux de bravoure aussi insensés qu'une autofellation dès les premières secondes du film, une éjaculation sur un tableau abstrait, une séance SM avec une prostituée, sans oublier une multitude de bites bandées, de partouzes mélangeant tous les sexes et de frustrations en voie de dépassement. Car c'est bien toute la force de "Shortbus" que de ne pas en rester à une recension de scènes de cul mais de proposer un regard novateur sur la sexualité dans l'Amérique de Bush. Les personnages de ce film libre et intrépide, écartelés entre leurs pulsions, leurs sentiments et leurs problèmes (de couple, d'orgasme, etc.) sont à la fois touchants et attachants. Le DVD collector est un vrai bijou, comprenant pas moins de 30 minutes de scènes coupées et un concert de la troupe du film donné à Cannes lors de sa présentation en 2006. Indispensable.
e-llico 31 05 07
"Après lui", de Gaël Morel, avec Catherine Deneuve, Thomas Dumerchez, Elodie Bouchez.
Deux jolis garçons enfilent des robes, se maquillent et chahutent joyeusement sur un lit au son d'un air très rock : ainsi commence "Après lui", quatrième long métrage de Gaël Morel après "A toute vitesse", "Les chemins de l'oued" et "Le clan". Mais la comédie telle qu'elle se profile là ne va pas durer, brisée par un accident de voiture dans lequel meurt Mathieu (VERIF). Brisée, c'est d'ailleurs le mot qui convient le mieux à Camille, sa mère, lorsqu'elle apprend la nouvelle. C'est autour d'elle que le film va se nouer, autour de cette femme jouée avec une sensibilité extrême par une Catherine Deneuve magnifique, qui a désormais jeté aux orties les questions d'image et se permet toutes les audaces (être filmée sans maquillage, se moquer d'elle-même, etc.). Pour elle, une seule question : comment vivre encore "après lui" ? Il n'y a bien sûr pas de réponse toute faite et Gaël Morel, dans ce film très noir et très maîtrisé, en propose plusieurs, chacun des protagonistes (le père de Mathieu, sa sœur, sa petite amie, ses copains) bricolant maladroitement la sienne. Pour Camille, le salut passe par Franck (Thomas Dumerchez, le plus jeune frère du "Clan"), le meilleur ami de Mathieu, celui qui conduisait la voiture le soir du drame, voyant en lui le reflet le plus proche de son fils disparu là où d'autres le désignent comme l'assassin… "Après lui" est donc l'histoire de cette étrange relation, violente et passionnée, dérangeante et libre. On retrouve là la patte de Gaël Morel, son univers sombre, sa sensualité exacerbée et cette singularité qu'il ne partage quasiment avec aucun autre cinéaste français qui consiste à magnifier les jeunes hommes qui passent devant sa caméra. Pas un figurant qui ne soit sexy et désirable, pas un acteur qui ne soit érotisé (Thomas Dumerchez, bombe en devenir, au premier chef), comme si Morel voulait faire là un pied de nez (inconscient ?) au cinéma dominant où cette particularité est le lot des nanas. En cela, et même si ce film ne parle jamais d'homosexualité, il est profondément un cinéaste gay.
Marseille : le festival Reflets veut faire évoluer les mentalités sur l'homosexualité
Reflets, festival marseillais de films à thématiques lesbienne, gay, bi et transsexuelle, programmé du 2 au 6 mai, poursuit depuis six ans l'objectif de faire évoluer en douceur les mentalités. Lors de cette nouvelle édition, accueillie par le cinéma d'art et d'essais Les Variétés, il sera question des discriminations subies et de la lutte passée et présente pour la reconnaissance de ces sexualités.
Deux documentaires français, "Au-delà de la haine" d'Olivier Meyrou et "La révolution du désir, 1970, la libération homosexuelle" d'Alessandro Avellis et Gabriele Ferluga (France), viennent illustrer cette thématique.
Reflets, créé en 2002 par l'association culturelle Moving Project/Projets en mouvements (MPPM), s'est aussi donné pour objectif d'éclairer le jeune public avec des séances-débats destinées aux lycéens de Marseille et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Cette année, c'est "Beautiful Thing" d'Hettie Mac Donald (Royaume-Uni, 1996), contant les amours naissantes de jeunes homosexuels de banlieue, qui leur sera projeté.
"C'est important que les jeunes voient ce genre de films pour leur permettre de ne pas souffrir dans leur choix en amour ou dans leur sexualité. C'est aussi important pour la prévention contre le sida", explique Michèle Philibert, l'une des deux programmatrices du festival qui regrette que "près de 70% des jeunes suicidés soient en mal-être dans leur sexualité".
Le festival, qui a accueilli 3.000 spectateurs en 2006, s'ouvre avec "Comme des voleurs (à l'Est)" du Suisse Lionel Baier (2006) et le court-métrage "Le rêve du roi" de Cristina Dias (Belgique).
Il se clôturera par "The Bubble" d'Eytan Fox (Israël, 2006), l'histoire d'amour d'un jeune Israélien et d'un Palestinien, rattrapée par la réalité politique et sociale. E-llico Mis en ligne le 03/05/07
Au-delà des genres "Et les lâches s'agenouillent" et "The saddest music in the world", de Guy Maddin. Dist. : ED Distribution.
Un groupe de beaux marins alanguis se lancent à corps perdu dans une stupéfiante partouze où les gifles échangées dans une sorte d'extase tiennent lieu d'actes sexuels… Bienvenue dans le monde étrange et magique de Guy Maddin, un des maîtres du cinéma queer dont ce " Sissy-boy slap party " illustre bien l'univers fou et bourré de références. Dans ce magnifique court métrage dont on retrouve un version inédite en bonus dans les deux nouveaux DVD que lui consacre ED Distribution avec beaucoup de soin ("Et les lâches s'agenouillent" et "The saddest music in the world"), il recrée avec sa folie et sa luxuriance visuelle habituelle, avec sa poésie baroque aussi, un monde qui semble échappé du cinéma underground gay et en particulier du " Fireworks " de Kenneth Anger. Ailleurs, dans d'autres films moins pédés mais tout aussi queer, c'est le cinéma muet, le réalisme soviétique, l'expressionnisme allemand, les sagas islandaises, le surréalisme, les mythes vampiriques, etc.) qu'il revisite dans des contes étranges et saisissants. D'une perfection esthétique absolue, d'une liberté narrative totale, d'une inventivité folle, le cinéma de Guy Maddin sublime les genres (genres cinématographiques et genres sexuels confondus) en s'en affranchissant.
Cruising de William Friedkin,
Lorsque "Cruising, la chasse", débarque sur les écrans américains en 1980, le film de William Friedkin provoque la fureur des militants gay. Vingt-sept ans plus tard, alors que le film ressort pour la première fois en salles le 2 mai, cette virée sous forme de thriller dans le milieu SM cuir est devenu un film-culte. Explications d'un revirement.
Le milieu gay cuir new-yorkais est l'objet d'une série de crimes atroces. Pour mener l'enquête, la police choisit Steve Burns, en raison de sa ressemblance avec les victimes (de beaux petits bruns aux yeux sombres) de ce qui s'annonce comme un serial killer. Pour mener à bien sa mission, Burns s'installe à Greenwich Village, adopte un look destiné à se fondre dans la population locale, et fréquente assidûment bars, boîtes et lieux de drague… C'est ainsi que commence " Cruising, la chasse ", le film qui a certainement le plus énervé les militants gay américains du début des années 80, et provoqué le plus de réactions hostiles avant même sa réalisation. Car dès que le projet de ce film est évoqué, les protestations commencent et le studio qui produit cette adaptation d'un roman de Gerald Walker basé sur des faits réels est l'objet de menaces de tous ordres : des gays qui s'attendent au pire quant à l'image qui va être donnée d'eux, mais aussi des ligues de vertu pour qui montrer des pédés est un crime. Bref, ça démarre très mal et ça ne va pas s'arranger. Durant le tournage, William Friedkin, le réalisateur, s'entend très mal avec sa star, Al Pacino, et les conflits entre les deux hommes sont tels que Friedkin dira qu'il s'agit là de son pire souvenir professionnel ! Mais ce n'est pas tout : les activistes gay poursuivent leurs manifestations contre ce qu'ils considèrent comme une caricature du mode de vie des homosexuels, comme une assimilation de l'homosexualité avec le crime, et surtout contre le fait que l'évolution de Steve Burns fasse apparaître l'homosexualité comme une maladie contagieuse et destructrice… En effet, le flic joué par Al Pacino, durant sa traque du tueur, découvre quelque chose d'au moins aussi important : en pénétrant dans le milieu SM gay, il prend conscience de ce qu'il avait jusque-là profondément enfoui, sa propre homosexualité… Dans un pays, les Etats-Unis, où l'homosexualité est à l'époque encore considérée comme une maladie mentale, les craintes de militants homos engagés justement dans un combat pour que l'homosexualité soit reconnue et acceptée, sont compréhensibles. D'autant qu'à l'époque, quasiment tous les films des grands studios à présenter des homos le font de façon hostile ou dégradante, et que la méfiance était donc de règle. La polémique se poursuit tant et si bien que William Friedkin est obligé d'ajouter un avertissement au début du film, pour préciser que " Cruising " n'est pas un film sur l'homosexualité mais un thriller criminel montrant seulement un aspect du monde gay. Cela ne calme rien : ni la censure qui lui impose des coupes nombreuses (le film présente d'ailleurs une vision très crue de la sexualité SM gay, même après ces coupes : on aperçoit une sodomie, un fist-fucking, etc.) ni les activistes homos qui multiplient les actions dans les médias, dans la rue ou devant les cinémas. Il faudra plusieurs années avant que l'on dépasse ces préjugés et pour qu'on découvre la puissance sombre et l'aspect documentaire très novateur de ce film…
>> William Friedkin, le récidiviste
Si " Cruising " est un film essentiel dans l'histoire de l'homosexualité au cinéma, dans la manière finalement très documentaire et sans jugement dont il montre le milieu cuir américain et la sexualité hard gay (les bandanas, les lieux de drague extérieurs, les backrooms, les harnais et autres casquettes ou pantalons en cuir noir), ce n'était pas la première fois que William Friedkin bouleversait les images des pédés. Dix ans avant ce film, en 1969, il signait en effet une autre œuvre culte qui marqua son époque : " The boys in the band ". Cette adaptation d'une pièce à succès de Matt Crowley est certainement le premier film américain dont tous les personnages principaux sont gay, et dont l'intrigue tourne entièrement autour de l'homosexualité. Là aussi, le film provoqua une certaine polémique dans la communauté gay de l'époque avant d'être adopté par les homosexuels.
>> Un vrai document
Si "Cruising" est un film aussi réaliste dans sa description de la scène gay cuir new-yorkaise, c'est parce que William Friedkin a choisi d'utiliser à la fois des lieux existant (bars, backrooms, etc.) comme décors mais aussi de faire appel à des habitués de ces lieux, de véritables amateurs de SM, pour faire de la figuration en arrière-plan de l'enquête d'Al Pacino. C'est ce qui explique sans l'ombre d'un doute la crudité des images de sexualité telles qu'elles ont subsisté malgré les coupes imposées au réalisateur par la censure. Il se murmure d'ailleurs depuis des années que Friedkin aurait conservé ces images interdites et préparerait en secret la sortie d'une version inédite de 2h20 de son sulfureux chef-d'œuvre.
" Little Miss Sunshine", de Jonathan Dayton et Valerie Farris. Dist. : 20th Century Fox.
Le succès surprise de 2006 au cinéma, c'est sans conteste cette comédie familiale en forme de road movie déjanté : "Little Miss Sunshine". Un minibus Volkswagen jaune traversant les Etats-Unis en direction du concours de beauté auquel doit participer une gamine, sert ainsi de décor à ce film délicieux habité d'une magnifique série de doux dingues et autres adorables paumés. Parmi cette troupe bigarrée sur laquelle le duo de réalisateurs porte un regard tendre mais plein d'humour, difficile de ne remarquer Frank, l'oncle de la fillette, homosexuel et spécialiste de Proust, suicidaire non pas parce que son homosexualité serait douloureuse mais parce que son amant vient de le quitter. On est forcément en empathie avec ce personnage généreux et enthousiaste, certainement l'un des gays les mieux intégrés et les plus positifs que le cinéma américain nous aie montré depuis longtemps dans ce type de films. Il participe grandement à la réussite de cette comédie humaniste à laquelle il est quasi impossible de résister.
Les jeunes hommes et la mort
Il y a une qualité de regard, une sensibilité, tout à fait magnifiques dans ce téléfilm à la beauté grave qui commence sous les douches d'un stade de foot où de jeunes hommes sortis du terrain chahutent. Mais cette légèreté, cet appétit de bonheur ne dureront guère car la mort s'invite dans ce décor estival : celle de Michael, le plus affranchi de ces garçons, qu'un stupide accident stoppe en plein vol. A la suite de cette disparition, tout se dérègle, notamment pour Sébastien, son meilleur ami. C'est ce trouble que filme, avec une subtilité de tous les instants, Franck Guérin dans ce "Jour d'été" qui ne livre jamais tous ses secrets : trouble amical, existentiel, sentimental, sexuel peut-être comme le laisse deviner à demi mots les tentatives de rapprochement de Sébastien avec Francis, dont l'homosexualité semble un secret de polichinelle. Rien n'est asséné ici, rien n'est vraiment dit, tout est suggéré, esquissé, laissé au libre choix des spectateurs. C'est tout le prix de ce beau téléfilm en demi teintes, en contre-jours, en contre-pieds.
"Un jour d'été", de Franck Guérin, avec Baptiste Bertin, Théo Frilet, Catherine Mouchet.
"Palimpseste" de Gore Vidal, Points Seuil, 8,50 euros. Si on ignore parfois le nom de Gore Vidal, il y a au moins un épisode de sa vie et de sa carrière que l'on n'ignore pas et qu'il se fait un plaisir de raconter avec verve dans ses mémoires, tout comme il le faisait déjà dans "Celluloid Closet" : c'est son intervention essentielle sur l'écriture du scénario de " Ben Hur " en 1959, lorsqu'il propose d'y intégrer une part d'homosexualité entre les deux héros de ce péplum biblique. On ne se lasse pas de ce récit ironique, où Vidal relate la surprise du metteur en scène et du producteur à cette idée incongrue, ou de la manière dont il cacha, avec la complicité du réalisateur et de l'autre comédien (Stephen Boyd), la réalité de cette séquence au très réactionnaire et très rigide Charlton Heston qui jouait Ben Hur. Tout " Palimpseste " est résumé dans cet épisode que n'occupe que 5 pages sur les près de 700 que comporte cet ouvrage : l'intelligence incroyable de Vidal, son sens du détail, son humour ravageur, sa délicieuse méchanceté, sa brillance d'écriture, son aplomb, son ego insensé, son homosexualité toujours mise en avant (il suffit de lire ce beau roman autobiographique qu'est " Un garçon près de la rivière "), sa place éminente dans les cercles culturels les plus en vue de son époque…
Dans "Palimpseste", étonnantes mémoires vagabondes où passé et présent s'entremêlent en permanence, où un premier amour pour un garçon mort à la guerre annonce le cynisme des rencontres sans lendemain d'une longue vie de séduction, on croise en effet les grands écrivains et les stars, les artistes et les politiciens majeurs de son temps. Petit-fils de sénateur, apparenté à Jackie Kennedy mais aussi à Al Gore, proche du président Kennedy, Gore Vidal a aussi fréquenté Paul Newman et Marlon Brando, il a été l'ami de Tennessee Williams et de Truman Capote, de James Baldwin et de Paul Bowles, offrant de tous ceux-là des portraits saisissants, souvent cruels, comme ces rencontres avec un Gide engoncé dans sa légende et un Cocteau voulant à tout prix monter "Un tramway nommé désir" pour reconquérir Jean Marais : "Marais finit n'importe comment par le quitter et le "Tramway" de Cocteau, avec Arletty dans le rôle de Blanche", fut une splendide et incompréhensible pagaille, remplie de corps noirs emplumés et pailletés qui n'arrêtaient pas de se contorsionner". Drôle, étincelant, émouvant parfois (comme lorsqu'il évoque sa vision désespérée de l'amour), superbement écrit et construit, "Palimpseste" se lit comme le roman d'une vie d'exception.
>> Une œuvre
Outre "Un garçon près de la rivière", l'œuvre multiforme de Gore Vidal (il est aussi acteur, apparaissant dans nombre de films dont le "Roma" de Federico Fellini ou, plus récemment, le futuriste "Bienvenue à Gattaca") a souvent un lien profond avec l'homosexualité. "Myra Breckinridge et Myron" est ainsi une folie baroque autour de la transsexualité, et "La ménagerie des hommes illustres" évoque des figures littéraires américaines souvent très gay. Les scénarios de films auxquels il a collaboré ("Le gaucher", "Ben Hur", "Soudain, l'été dernier", "Que le meilleur l'emporte", "Caligula" ou l'adaptation ultra-kitsch de son "Myra Breckinridge") possèdent eux aussi une dimension homo très marquée.10 avril 2007 au 17 avril - Grenoble Vues d'en face
La 6ème édition du festival international du film gay et lesbien se déroulera à Grenoble du 10 &u 17 avril.
Les organisateurs du festival proposent d'exploirer toutes les multiples facettes du cinéma gay et lesbien du monde d'aujourd'hui :
- la communauté asiatique avec The Gymnast , Saving face , The Conrad boys et Cut sleeve boys ...
- la vie sur les campus d'Amérique avec Loving Annabelle , Eating out 2 , El Cielo dividido , Dorian blues ...
- le road movie avec Comme des voleurs , Sexus dei , Oublier Cheyenne , Amnésie , 533 statements ...
Au total, au cours de cette semaine de festival, les spectateurs pourront apprécier une vingtaine de longs-métrages, des courts-métrages et des documentaires, sans oublier des soirées festives... Plus d'infos : http://www.vuesdenface.com
Dorian blues de Tennyson Bardwell
Dorian, post-ado un peu dégingandé, a la certitude d'être gay. Mais ce n'est pas facile à assumer lorsqu'on est entouré d'un père ultra-conservateur et autoritaire, d'une mère aux abonnés absents et d'un frère aussi sexy que sportivement viril. Bref, pour Dorian, rien n'est simple. Et plutôt que d'affronter la colère paternelle, et malgré le soutien d'un frangin moins bourrin que prévu, il préfère tenter une psychanalyse… C'est une comédie très sensible et très joliment troussée que signe Tennyson Bardwell avec ce " Dorian blues " qui est l'histoire d'une émancipation et d'une libération. Car c'est bien cela qu'attend Dorian de son coming out suivi de son départ pour New York et sa vie gay. Le plus réussi dans cette histoire qui pourrait être banale (et qui parvient à ne jamais l'être) tient sûrement à la belle relation fraternelle qui ne cesse d'évoluer entre le gentil Dorian et le beau Nicky.
"Dorian blues", de Tennyson Bardwell, avec Michael McMillan, Lea Coco. Sortie le 11 avril.Cinéma : independance gay
Venus de ce cinéma gay de consommation courante dont on vous parlait il y a peu, Tim Kirkman, Richard Glatzer, Wash Westmoreland et Denis Langlois, sans rien renier de leur inspiration homo, visent désormais un public plus large et plus exigeant d'un point de vue cinéphile : celui du cinéma indépendant. La preuve avec leurs derniers films, qui sortent en salles et en DVD.
On peut avoir fait ses premières armes et s'être illustré avec un certain brio dans le cinéma identitaire homo, dans le documentaire militant voire dans le porno gay, et nourrir des ambitions cinématographiques qui dépassent le cadre un peu confiné du seul cinéma gay. Chacun à leur manière, Tim Kirkland, Richard Glatzer, Wash Westmoreland et le Canadien Denis Langlois illustrent cette tentation et ce passage réussi dans la sphère du cinéma indépendant.
La preuve ? Alors que leurs films précédents ("The night Larry Kramer kissed me", "Fluffer" ou "L'escorte") ne pouvaient guère que se définir que comme des films gay (avec les limites que cela implique), ce n'est pas du tout le cas de leurs dernières productions, "Loggerheads", "Echo Park L.A." et "Amnésie". D'ailleurs, les deux premiers ont été sélectionnés pour le prestigieux Festival de Sundance, un rendez-vous considéré comme la Mecque du cinéma indépendant fondé par Robert Redford, festival où ils ont reçu un écho très positifs, "Echo Park" remportant même le Grand Prix et le prix du public.
C'est donc bien dans une autre dimension qu'évoluent ces films et leurs auteurs. Cela ne veut pas dire que, pour y parvenir, ils ont remisé dans un placard l'homosexualité qui était au cœur de leurs œuvres antérieures : elle est toujours essentielle dans les trois films qui nous occupent. Mais d'une tout autre manière, dans un tout autre but. Il ne s'agit plus désormais de proposer un modèle identificatoire aux gays à travers des comédies ou des drames à tendances communautaires.
Ni le jeune orphelin malade du sida de "Loggerheads", ni le sexy latino de "Echo Park L.A.", ni même le personnage en pleine confusion d'"Amnésie" ne peuvent ainsi être résumés à leur homosexualité, quand bien même celle-ci est une composante majeure de leur personnalité. Ce petit décalage du regard, ce changement de perspective change tout et donne à ces films une ampleur, une force, une acuité, une universalité que les autres, malgré leurs qualités propres, n'avaient pas. Par Didier Roth-Bettoni E-llico 28 03 07
Le coming out du cinéma
Le cinéma gay n'a vu le jour ni avec "Le Secret de Brockeback Mountain" ni même avec "Mort à Venise". L'homosexualité s'est glissée dans le 7ème art dès ses débuts, plus ou moins insidieusement. Didier Roth-Bettoni publie une histoire, inédite et exhaustive, de "L'homosexualité au cinéma" qui recense et décrypte sur 700 pages les représentations des gays et des lesbiennes à l'écran. Interview.
Si l'on assiste depuis quelques années à une floraison de films mettant en scène l'homosexualité, si les personnages gay et lesbiens sont légion et si nombre de réalisateurs et acteurs revendiquent ouvertement leur orientation sexuelle, l'homosexualité n'a jamais été absente des écrans depuis les débuts du cinéma. Didier Roth-Bettoni a entrepris de brosser cette "histoire" de l'homosexualité au cinéma à travers un ouvrage ambitieux et passionnant. Une somme de 700 pages sur un sujet quasi inédit en France. "L'homosexualité au cinéma" est une lecture de l'histoire de l'homosexualité à travers celle du cinéma, mais loin d'être un ouvrage "communautariste", il offre un formidable voyage cinématographique à la fois chronologique et géographique à travers près de 5 000 films. Interview.
On imagine parfois que l'irruption de l'homosexualité au cinéma est récente, qu'elle date des années 70/80. Or l'histoire que tu décris la fait remonter aux débuts mêmes du cinéma ou presque..
Oui, c'est très frappant de remarquer à quel point l'homosexualité est présente dès le cinéma burlesque du début du XXè siècle. Bien sûr, ce qui est montré là en général, ce ne sont pas vraiment des homosexuels mais des personnages qui, pour une raison ou pour une autre, sont obligés de prendre l'apparence de l'autre sexe, ce qui provoque évidemment des quiproquos et des gags très innocents mais où la connotation sexuelle n'est jamais complètement absente. Si j'osais, je dirais que c'est par la question de genre, la question queer, que l'homosexualité s'est faufilée dans les premiers films !
A partir de quelle période, l'homosexualité s'affirme-t-elle en tant que telle dans le cinéma occidental et quelles sont les étapes de cette évolution vers la visibilité ?
Le premier film dont on peut dire sans l'ombre d'un doute qu'il traite directement de l'homosexualité sans passer par l'alibi comique, c'est un film allemand de 1919 intitulé "Autre que les autres". C'est un film essentiel d'autant plus qu'il s'agit non seulement d'un film parlant d'homosexualité mais d'un film militant pour la tolérance envers les homosexuels ! Il faudra attendre près d'un demi-siècle pour trouver l'équivalent, avec l'émergence dans les années 60 d'un cinéma gay underground, revendicatif, expérimental et/ou érotique ! Entre temps, la relative visibilité dont bénéficient les homosexuel(le)s sur les écrans, en Allemagne, aux Etats-Unis ou en France dans les années 20-30 aura été brisée par la montée du fascisme et du nazisme en Europe, par la guerre ou, outre-Atlantique, par l'instauration d'un code de bonne conduite interdisant toutes les perversions, ce qui incluait bien sûr l'homosexualité. L'homosexualité ne va pas disparaître pour autant des écrans, mais il va falloir trouver des moyens de la suggérer. C'est une histoire qu'on connaît bien depuis "Celluloid Closet". Mais c'est une histoire qui, si elle vaut pour les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne , ne peut pas être transposée partout. Je montre notamment, à travers de multiples exemples, à quel point le cinéma français en particulier a toujours eu un regard très différent et finalement assez bienveillant sur les homosexuels. C'est un peu schématique de dire cela, mais je pense que cela résume assez bien la situation. A partir des années 60, les choses changent, mais là bien plus vite et bien plus positivement en Europe qu'aux USA. En Angleterre, un film comme " La victime" en 1961 est un jalon très important. Idem en Italie avec l'émergence de l'œuvre de Pasolini ou en Allemagne avec la révélation de Fassbinder. La vraie visibilité homosexuelle dans le cinéma grand public survient un peu partout en Occident à partir de la fin des années 70, avec l'irruption de nombreux personnages homos dans les films. On est aujourd'hui plus que jamais dans ce mouvement, il n'y a quasiment plus de films qui puissent se passer d'un gay ou d'une lesbienne dans son intrigue, quand ils ne tournent pas spécifiquement autour de l'homosexualité. J'ajoute pour être complet que cette évolution dans le cinéma occidental s'accompagne depuis la fin du XXe siècle d'une présence absolument inédite des homosexuels dans les films en
provenance désormais de toutes les régions du monde !
A travers l'histoire, le cinéma est-il en avance dans le regard qu'il porte sur l'homosexualité ou traduit-il seulement le niveau d'acceptation de la société ambiante ?
C'est très variable selon les époques. Disons qu'en règle générale les images que le cinéma donne des homosexuels reproduisent la manière dont la société considère les homos (que ce soit les préjugés, la peur ou la tolérance) mais que parfois, un film ou un cinéaste sont visionnaires. Je ne citerai que deux exemples : lorsque Basil Dearden signe "La victime" en 1961, un drame où un avocat homo décide de mettre sa carrière en danger pour dénoncer les chantages dont sont victimes les gays, l'homosexualité est toujours interdite en Angleterre et le film, qui est un succès, marque le début des débats qui aboutiront six ans plus tard à la levée de cet interdit. Autre exemple d'un genre différent avec "Le droit du plus fort" où, en 1974, Fassbinder donne à l'homosexualité la même valeur (positive ou négative, peu importe) qu'à l'hétérosexualité. Pour moi, c'est le film le plus absolument moderne de l'histoire du cinéma. J'aurais pu aussi citer la place essentielle qu'a pu tenir le cinéma d'Almodovar dans la modernisation de la société espagnole.
Y a-t-il eu des films en particulier qui ont, à des moments donnés, marqué la société et favorisé une meilleure image de l'homosexualité ?
Je ne sais pas si la question de la "bonne image" des homosexuels est le bon critère pour juger. Bien sûr, là encore, tout dépend du contexte, de la période historique, de l'environnement politique. Mais parler de "bonne image", c'est sous-entendre qu'il faut que les films présentent toujours de bons homos, de gentilles lesbiennes. Or l'enjeu est ailleurs : on a le droit de montrer des homosexuels bêtes, moches, cruels, détestables, ridicules, il faut juste le faire avec un regard respectueux, un regard juste et pertinent. Je peux comprendre bien sûr la façon très violente dont les gays ont accueilli en 1980 un polar comme "Cruising" où Al Pacino enquêtait sur un serial killer sévissant dans les milieux SM : ils ont vu là une agression, une caricature, une attaque contre des modes de vie et une liberté qu'ils venaient juste de conquérir. Mais quand on regarde le film aujourd'hui, on se rend compte que ce n'est pas du tout un film hostile aux homos, je dirais même que c'est le contraire. Simplement, il est apparu à un moment où il était insupportable pour les gays américains que le seul film produit par un grand studio à montrer des homosexuels soit un film aussi noir !
Peut-on parler de cinéastes homosexuels et de cinéma gay comme d'un genre, à partir du moment où la thématique des auteurs ou des scénarios sont tout entier tournés vers la question gay ?
C'est une question complexe. Qu'est-ce qu'un film gay ? Un réalisateur est-il un réalisateur homo parce que ses films parlent d'homosexualité ? Je ne crois pas. Ça ne veut pas dire que je pense que le cinéma gay n'existe pas mais il recouvre une réalité bien précise et très circonscrite : le cinéma gay est un cinéma qui non seulement parle d'homosexualité mais surtout s'adresse d'abord et avant tout aux spectateurs homos. Le cinéma militant des années 70 comme "Race d'Ep" ou "Pink Narcissus", c'est du cinéma gay, de même que les comédies sentimentales homos que j'appelle identitaires qui sortent en général directement en DVD comme "Fluffer" ou "Boy Culture". Par contre, ni les films de François Ozon, ni "O fantasma", encore moins "Brokeback Mountain" ne sont des films gay. Ce n'est pas une question de sujet ou de personne, c'est une question de regard et de finalité.
Le sida a-t-il marqué son empreinte sur l'image de l'homosexualité au cinéma et de quelle façon ?
Je pense que le sida, par une sorte d'effet paradoxal, est pour beaucoup dans la façon plutôt positive dont l'homosexualité est aujourd'hui appréhendée par le cinéma. De même que la lutte contre le sida est très largement à l'origine des progrès législatifs enregistrés par les homosexuels, et notamment les couples homosexuels, dans de nombreux pays occidentaux depuis dix ans. Et le cinéma, en montrant des gays malades, des amants courageux, des militants engagés, en dénonçant les attitudes de rejets des familles, des religieux ou des pouvoirs publics, a joué un rôle très important dans ce processus.
On le voit, le cinéma gay connaît un vrai succès et passionne le public ; comment expliquer qu'il n'ait pas suscité davantage d'ouvrages ou de documentaires ?
En France, il n'y a en effet qu'un seul ouvrage qui date de 1984, c'est-à-dire d'avant le sida, qui se soit penché sur la question. On peut y ajouter quelques numéros spéciaux de revues entre 1980 et 1995, un très court documentaire diffusé sur Canal +, et c'est tout. Aux Etats-Unis, les rayons sont un peu plus fournis. Outre "Celluloid Closet" (le livre et le film), il y a de nombreux essais théoriques et quelques dictionnaires de films. Je pense que c'est parce qu'il y avait si peu de choses que j'ai tenté une approche aussi large, qui est à la fois chronologique et géographique, cinéphile et militante, en mettant en parallèle l'état des représentations des homosexuels au cinéma et la situation des gays dans les différents pays époque par époque. Lorsque je me suis lancé dans cette aventure pourtant, je n'imaginais pas que ça prendrait une telle ampleur, que j'aurais à voir tant de films (j'en cite plus de 5000 et je dois en avoir vu les 2/3) et que ça occuperait cinq ans de ma vie !
Coming out en prime
Quand leur grand fils leur annonce qu'il est gay, c'est le ciel qui tombe sur la tête de Charlotte de Turckheim et Bernard Le Coq… A partir de cette situation, Nicolas Mercier, déjà scénariste de la série à succès " Clara Sheller ", invente une comédie tendre et incisive diffusée prochainement en prime time sur France 2.
La révélation de l'homosexualité reste bien le moment préféré des réalisateurs, et on ne compte plus les films et téléfilms qui, pour parler des gays, choisissent de le faire via le coming out d'un de leurs héros. Ce n'est pas un hasard tant cet événement essentiel dans la vie de tout homo et de toute lesbienne (il faut bien, à un moment donné, en parler à quelqu'un…) recèle les ingrédients dramatiques indispensables au spectacle, et peut servir de déclencheur à de multiples histoires, de la comédie au drame. Dernier en date à s'y essayer, " Le ciel sur la tête " choisit l'option comédie familiale et prend le parti de s'intéresser principalement aux conséquences de ce coming out sur l'entourage du garçon qui s'y est livré. Car finalement, Jérémy (Arnaud Binard), le charmant trentenaire modèle qui a réussi professionnellement et qui décide d'annoncer son homosexualité à ses parents parce qu'il est amoureux, est assez en retrait dans cette histoire. Celle-ci se focalise en effet prestement sur la réaction et l'évolution de ses parents à la suite de ce qu'ils vivent comme un cataclysme, comme si le ciel leur était tombé sur la tête… La réussite de ce téléfilm tient d'ailleurs à ce regard un peu décalé, à cette manière de montrer un couple gay parfaitement à l'aise avec sa situation et sa sexualité tandis que pour les parents (pourtant apparemment ouverts d'esprits) c'est vécu comme un choc, presque comme une tragédie au point que le père prononce ces paroles terribles : " Mon fils est mort pour moi ". Le film va dès lors utiliser le coming out du fils comme révélateur des failles du couple parental, le père et la mère acceptant différemment ce qui leur arrive : elle tente de comprendre comment elle a pu se couper ainsi de la vie de son enfant et tente de se rapprocher de lui ; lui se terre dans sa douleur têtue, sa colère et son refus d'affronter la réalité.
Leur cheminement chaotique vers l'acceptation que leur fils n'est pas exactement tel qu'ils le souhaitaient est ainsi le thème central de ce téléfilm souriant qui, mine de rien, fait passer des choses graves. Il y a des clichés bien sûr mais assumés sans complexe, tel le personnage solitaire, caustique, généreux et gentiment folle joué par Franck de la Personne , collègue gay de la mère dont il refuse avec humour de devenir " conseiller en homosexualité " lorsqu'elle tente maladroitement de l'interroger sur sa vie.
Sans être révolutionnaire, " Le ciel sur la tête " pose ainsi un regard assez neuf à la télévision française en proposant une histoire où l'homosexualité n'est plus un problème pour les homos tout en le demeurant pour une partie de leur entourage. Les dialogues amusants et parfois très vifs (ceux notamment où la sexualité et la sodomie sont évoquées de façon très naturelle et assez inédite à la télé), la réalisation très rythmée et le talent des comédiens (notamment des seconds rôles, Chantal Ladessou en bonne copine flippée en tête) participent à la réussite de ce "Ciel sur la tête".
"Le ciel sur la tête", de Régis Musset, avec Arnaud Binard, Charlotte de Turckheim, Bernard Le Coq. Diffusion sur France 2 dans les prochaines semaines, sortie en DVD chez Optimale début avril.Nicolas Mercier (réalisateur) : «Le coming out est un moment assez théâtral»
Depuis le gros succès de la série "Clara Sheller" (la saison 2 est en cours d'écriture), Nicolas Mercier est devenu un des scénaristes en vogue à France Télévisions. Son créneau ? Les comédies intelligentes et modernes dans lesquelles il peut distiller des messages. Et notamment sur l'homosexualité, sujet qui lui tient très à cœur…
Comment est né ce film ?
Laurence Bachman, qui était alors directrice de la fiction sur France 2, avait envie de traiter du sujet d'un coming out tardif centré sur la réaction des parents : c'est elle qui a eu l'idée de me le proposer. J'ai tout de suite accepté car cela m'intéressait de traiter de ce que cette révélation pouvait provoquer sur un couple hétéro.
C'est donc France Télévisions qui est à l'origine de ce scénario mais aviez-vous pour l'écrire un cahier des charges, des contraintes, des choses à ne pas évoquer ?
Je connais bien France 2, ils me connaissent et ils savent que je suis incontrôlable. Donc ils savaient qu'il y aurait des petites aspérités sans pour autant que cela vire à la provocation car je n'aime pas cela. Cela fait partie du deal : si le scénario est de qualité, tout peut passer. France 2 est une chaîne très ouverte d'un point de vue éditorial. Je sens chez eux un vrai désir de faire des choses différentes, d'aborder franchement les sujets. On ne peut pas dire qu'il n'y a pas d'enjeux financiers mais il y a un vrai désir de dire des choses, souvent par le biais de l'humour et de la légèreté. Et cela, ça me convient très bien.
D'ailleurs, que ce soit ici ou dans " Clara Sheller " avec le personnage de Jipé joué par Frédéric Diefentahl, c'est sur ce ton léger que vous abordez l'homosexualité…
Ce qui m'a toujours frappé dans les représentations des homos à la télé ou dans le cinéma français, c'est qu'on est très souvent dans le pathos. Pour moi, la gravité c'est une facilité, c'est trop facile de faire pleurer avec des drames. Dans " Le ciel sur la tête ", ce qui se dit entre le père et le fils est très violent mais je ne voulais pas qu'on soit dans le drame : c'est plus difficile mais aussi plus intéressant de faire rire pour faire passer des messages en douceur, en étant en empathie avec les personnages. Bernard Le Coq pour ça est un acteur formidable qui fait passer des choses merveilleuses sur son personnage qui est plus complexe et raffiné que simplement un père qui rejette son fils et qui ne l'aime à nouveau que lorsqu'il y a drame…
Comment expliquez-vous que tant de films utilisent le coming out comme manière de parler d'homosexualité ?
Le sujet du "Ciel sur la tête", pour moi, n'est pas l'homosexualité : c'est le deuil des parents par rapport au fait que leur enfant soit différent de ce qu'ils avaient imaginé et souhaité, c'est l'acceptation de leur part que leur fils ait eu une vie secrète alors qu'ils croyaient tout savoir de lui. Mais c'est vrai que le coming out est un moment assez théâtral, c'est un ressort dramatique qui permet beaucoup de choses. C'est une annonce qui bouleverse le jeu familial. Dans la vie d'un homo, c'est un moment important, qu'on le fasse ou pas d'ailleurs, car cela remet forcément en cause les rapports entre les gens. Je suis persuadé qu'on peut assumer le regard de la société sur son homosexualité le jour où on peut accepter le regard de ses parents sur soi en tant qu'homosexuel.
A vous entendre, j'ai l'impression qu'il y a des choses très personnelles dans ce film.
Bien sûr, je parle de ce que je connais, c'est comme ça qu'on est le plus juste. On peut ne pas mettre beaucoup de soi dans un personnage mais pourtant mettre l'essentiel. Quand le père dit à son fils qu'il est mort pour lui, c'est ce que mon père m'a dit, et la réponse du fils, c'est mot pour mot ce que j'ai répondu. Je ne raconte pas ma vie mais je nourris mes films des choses de ma vie…
Une haine ordinaire
C'est un véritable événement que la sortie en salles de "Au-delà de la haine". Non seulement parce que le documentaire d'Olivier Meyrou consacré à la mort de François Chenu est un grand film, mais aussi parce qu'en pleine campagne électorale cette sortie ramène la question de l'homophobie au cœur du débat. Rencontre avec le réalisateur.
"Sachez que malgré notre peine, notre souffrance, aucun désir de vengeance ne nous anime. Justice a été rendue. Il fallait qu'elle le soit. Pour vous. Pour vous rendre votre dignité d'êtres humains. Dignité que vous aviez perdue en tuant François. [...] C'est dans l'épreuve que vous allez pouvoir devenir des hommes, capables d'apprendre que le courage ne consiste pas à s'attaquer au faible, mais à se regarder en face. Nous vous souhaitons d'essayer, et d'y parvenir." C'est sur ces mots incroyables et bouleversants d'une mère aux assassins de son fils que se termine "Au-delà de la haine", formidable documentaire dont le point de départ est la mort dans un parc de Reims, en septembre de 2002, de François Chenu, massacré par trois skinheads venus là casser du pédé.
Lorsque le film commence, 730 jours se sont écoulés depuis la mort de ce jeune homme de 29 ans, et le procès des trois meurtriers s'approche. C'est lui qui constitue le cœur du travail exceptionnel d'Olivier Meyrou, ce procès où se font face trois gamins paumés enrôlés dans une idéologie haineuse, et la famille de la victime. Et c'est au terme de ce processus judiciaire exemplaire au cours duquel les avocats des criminels ont toujours reconnu l'horreur des actes, où les parents ont montré une dignité, une humanité et une force d'âme inouïes, où les magistrats ont fait preuve d'une intelligence rare, et où les tueurs ont fini par reconnaître leurs crimes et par être condamnés, que Marie-Cécile Chenu envoie cette lettre aux trois jeunes gens qui lui ont enlevé son fils. Cette lettre est une sorte de condensé stupéfiant du film d'Olivier Meyrou qui est autant sur l'homophobie au front de bœuf que sur le pardon, sur l'importance de la justice que sur la nécessité de la tolérance, sur le rapport entre des parents et leur enfant homosexuel que sur le devoir de mémoire…
La sortie en salles dans une version plus longue (90 minutes contre 52 précédemment) de ce documentaire déjà diffusé à la télévision, sur France 5, accentue encore sa force, notamment en rendant encore plus nets les parti pris de son auteur : parti pris intellectuels bien sûr (la volonté de rendre hommage à la victime et en même temps de dire des choses sur la société française dans son rapport à l'homosexualité, la pudeur avec laquelle il montre le procès, la proximité qu'il installe avec les parents de François Chenu, rencontrés deux mois avant les premières prises de vues et suivis tout au long de ce parcours qui va de l'avant à l'après procès, etc.) mais surtout parti pris esthétiques. Car c'est un autre aspect essentiel d'"Au-delà de la haine" que d'être aussi, de façon très nette, un vrai film de cinéma et de cinéaste dont la forme n'est pas neutre : ainsi cette absence totale de toute image de François Chenu, ou ces plans dans le bois où il a été tué, ou cette manière de ne pas insister sur l'émotion intense des parents en ne les filmant pas toujours lorsqu'ils parlent. Il y a là une rigueur dans l'écriture, une façon de dire non aux passions, aux pulsions nées du tragique qui correspondent exactement avec le projet du film et font qu'" Au-delà de la haine " est certes un document fondamental sur l'homophobie en France à l'aube du XXIè siècle mais est bien plus que cela : une œuvre universelle.
"Au-delà de la haine", d'Olivier Meyrou. Sortie le 14 marsVers la fin du couple Nicolas/Thomas dans «Plus belle la vie»?
Ne manquez pas ce soir à 20h20 sur France 3 «Plus belle la vie». Dans cet épisode capital de la saga marseillaise, un événement majeur va peut-être marquer la fin du couple gay emblématique composé par Nicolas Barrel (le comédien Nicolas Herman) et son compagnon Thomas (joué par Laurent Kerusore)... Aujourd'hui, dans Le Parisien, Nicolas Herman ne cache pas qu'il «prépare sa sortie», happé par d'autres séries qu'il tourne actuellement pour France 3 et France 2. Sans en dire plus... Et des rumeurs font aussi état d'un casting en cours pour chercher un nouveau compagnon à Thomas. Une chose est sûre, si ce couple disparaît du feuilleton, les fans –plus de six millions chaque soir, un triomphe!– vont le regretter. Ce couple homo arrivait en effet dans le peloton de tête des héros préférés de «Plus belle la vie», sur les forums du Net. Têtu 01 03 07
Quand Téchiné témoigne
Un beau jeune homme découvre la sexualité et l'amour au moment même où l'on découvre le sida. Situé en 1984-1985, le nouveau film d'André Téchiné, " Les témoins ", replonge avec fièvre et intensité dans ces années tragiques pour la communauté gay. Epaulé par un casting magnifique (Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila, Julie Depardieu et le jeune Johan Libéreau), Téchiné signe un film essentiel.
"Un devoir de mémoire envers des amis disparus" : c'est ainsi qu'André Téchiné a présenté, lors de sa projection lors du dernier Festival de Berlin, son nouveau film, ces "Témoins" qui nous replongent dans ces sombres années-sida dont on ne parle plus guère, ces années 1984-1985 où la nouvelle maladie entama ses ravages notamment dans la communauté gay.
Les témoins, ce sont un homme et une femme, elle est romancière, il est médecin, et c'est à travers leurs regards que l'on va revisiter ces quelques mois de la vie d'un jeune homme venu brûler sa vie à Paris, y vivre, y baiser, y aimer, y souffrir et y mourir. Manu (l'excellent Johan Libéreau, déjà repéré en ado sensible dans "Douches froides") n'a pas vingt ans, il est beau, libre, solaire. Il veut profiter de tout, du plaisir en particulier. Un soir de drague dans ces jardins du Trocadéro où les mecs tournent, se frôlent, se sucent dans une ronde permanente, il rencontre Adrien (Michel Blanc), un homme plus âgé qui s'éprend de lui et avec lequel il sympathise. Il ne se passera rien entre eux, mais Adrien, parce qu'il est médecin, jouera un rôle essentiel dans cette histoire : c'est lui qui épaulera Manu, le soignera, l'accompagnera vers la mort lorsque le sida aura rattrapé le jeune homme.
Mais nous n'en sommes pas là. Manu est bien vivant, heureux d'un corps dont il ne fait pas l'économie, et c'est ainsi qu'un week-end dans le midi chez Sarah et Medhi, un couple ami d'Adrien, il trouble si fort son hôte (Sami Bouajila), policier beur habitué à séduire les femmes. Bientôt, ils ne vont plus pouvoir se passer l'un de l'autre, jusqu'à ce que le virus se mette entre eux… Tout cela, et la course folle aux traitements à laquelle participe Adrien, et le cheminement vers la mort de Manu, et la peur de Medhi d'être contaminé, et la tendresse de Julie, la sœur de Manu (Julie Depardieu), et les ravages du VIH sur le corps du garçon, et l'organisation d'associations de lutte contre la maladie, et le courage, et le dévouement, et le déni aussi parfois, et le besoin absolu de continuer à vivre pour les proches de ceux qui partaient, tout cela donc qui fait partie de notre histoire d'avant les trithérapies, de cette histoire commune où la mort était forcément l'issue du sida, oui tout cela est raconté par Sarah (Emmanuelle Béart), qui a recueilli le récit de la courte vie de l'amant de son mari et qui trouve là une nouvelle raison d'écrire : témoigner.
En cela, Sarah est un peu le double d'André Téchiné lorsqu'il fait ce film en état d'urgence qui nous rappelle, sur un mode romanesque fiévreux, à quel point ce temps qui semble si éloigné est en fait très proche : c'était il y a vingt ans à peine. On retrouve ici des séquences qui n'appartiennent qu'à Téchiné, des manières de filmer qui font corps avec son cinéma, comme si ces " Témoins ", en plus d'être un film absolument nécessaire (pour son auteur comme pour ses spectateurs) était aussi un film-somme où se croiseraient tous les fantômes de son cinéma : un peu des "Roseaux sauvages" ici, un plan de "J'embrasse pas" là, un autre de " La Matiouette " ou d'"Hôtel des Amériques" ailleurs, témoignages d'un art cinématographique à nul autre pareil. Le grand film d'un grand cinéaste.
"Les témoins", de André Téchiné, avec Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila, Julie Depardieu, Johan Libéreau. Sortie le 7 mars.
Téchiné et l'homosexualité
la liste est longue des comédiens (Manuel Blanc, Simon de la Brosse , Alexis Loret, etc.) et comprend aussi bien sûr Catherine Deneuve, Gérard Depardieu,Gaël Morel et Stéphane Rideau, qui éclosent dans la lumière du Sud-Ouest qui baigne "Les roseaux sauvages" en 1994. Avec ce film infiniment personnel, à travers la découverte de son homosexualité par un jeune homme de province, Téchiné fait en quelque sorte son propre coming out
. Car si l'homosexualité n'était jamais très loin à l'arrière-plan de nombre de ses films (une drague sur un quai dans "Hôtel des Amériques", la passion d'un père de famille pour un bel Arabe dans "Les innocents", la prostitution du héros de "J'embrasse pas" et son amitié avec un vieil animateur de télé gay… jamais elle n'avait pris cette ampleur, cet aspect lumineux, cette force intime et universelle.
Sûrement un des films essentiels pour ce qui est de la place de l'homosexualité dans le cinéma français, "Les roseaux sauvages" libère quelque chose dans la production nationale. Chez Téchiné, on ne cessera plus de croiser des homos : Catherine Deneuve et Laurence Côte dans "Les voleurs", Mathieu Amalric dans "Alice et Martin", Gaël Morel dans "Loin", Malik Zidi dans "Les temps qui changent", etc., jusqu'aux multiples personnages de ces indispensables "Témoins".Score correct pour « La Surprise » sur France 2
France 2 diffusait hier soir à 20h50 le téléfilm « La Surprise » où Mireille Perrier craquait pour Rachida Brakni. Une histoire d'amour lesbienne pleine de tact, bien accueillie par la critique. Le public a été aussi relativement au rendez-vous. « La Surprise » a attiré près de 4.300.000 téléspectateurs, un score correct (autour de 18 % de part de marché) un peu en retrait de la moyenne de la chaîne (22%). TF1, avec son match de foot, a largement dominé la soirée (7.700.000), suivie par M6 et son téléfilm «Merci, les enfants vont bien» (4.700.000) ont fait mieux que France 2. Mais le téléfilm, que beaucoup d'observateurs présentaient comme audace de la part de France 2, a battu France 3 et son magazine «Des Racines et des Ailes». Têtu 23 02 07
Un film chinois récompensé par les Teddy Awards
Du 8 au 16 février, Berlin et son festival confirmé la place de choix qu'occupent la ville et cet événement dans le rayonnement et l'exposition médiatique de la cinématographie LGBT dans le monde. Organisés dans le cadre de la Berlinale , les Teddy Awards ont pour cadre la section Panorama, la plus avant-gardiste de la sélection. Et en phase avec la sélection officielle. Spider Lillies ( Ci-Qiing en mandarin), premier film de la cinéaste Zero Chou, a décroché le Teddy du meilleur long métrage. Très belle histoire d'amour lesbienne tournée dans la clandestinité, ce film est à la fois une ode romantique et un regard sans concession sur la difficulté de vivre son homosexualité aujourd'hui en Chine. Côté documentaire, c'est le très touchant A Walk into the Sea: Danny Williams and the Warhol Factory de Esther B. Robinson qui a gagné. Avec ce portrait élégiaque de son oncle gay disparu dans les années 60, la réalisatrice balaye aussi de façon originale l'héritage artistique de Warhol dont Williams était l'un des proches. Enfin Notes on a scandal (Chroniques d'un scandale en VF avec une impressionnante Judi Dench en prof lesbienne amoureuse de Cate Blanchett) a reçu le prix du public. Si ce dernier film sera en salles le 28 février, on ne sait pas encore si les deux gagnants des Teddy 2007 trouveront un distributeur en France. Mais on peut être confiant. Le film gagnant de l'édition 2006, L 'Éveil de Maximo Oliveiros , sortira sur les écrans français le 4 avril prochain.Dreamgirls de Bill Condon
On ne s'étonnera pas que "Dreamgirls" ait séduit Bill Condon. La comédie musicale on le sait est un genre qui a de tous temps attiré les gays (Condon s'y était d'ailleurs déjà essayé via le scénario de "Chicago"), et ce metteur en scène quinquagénaire est depuis une dizaine d'années l'un des homosexuels les plus en vue d'Hollywood. Cette réputation, il la doit au succès d'un de ses premiers films, "Gods and monsters", inventive production indépendante dans laquelle il se penchait sur la vie d'un autre réalisateur homosexuel américain, James Whale, auteur dans les années 30 de quelques-uns des fleurons du cinéma fantastique, notamment "Frankenstein". Le film s'intéressait au vieil homme oublié de tous à Hollywood, et à sa relation amoureuse avec son jeune jardinier. Pour incarner Whale, Bill Condon avait fait appel à un acteur gay lui aussi, Ian McKellen (devenu célèbre depuis ses prestations en Gandalf dans "Le seigneur des anneaux" et en Magneto dans les "X-Men"), et le film, inédit en France malgré quelques diffusions télé, avait obtenu un joli succès public et critique.
En faisant ainsi le portrait d'un des précurseurs gay du cinéma américain, Bill Condon avait choisi d'afficher et d'affirmer sa différence, choix confirmé par son film suivant, "Dr. Kinsey", autre portrait d'un précurseur : l'auteur dans les années 50 du fameux Rapport Kinsey sur la sexualité des Américains qui fit l'effet d'une bombe dans l'Amérique puritaine de l'après-guerre en révélant entre autres l'importance des relations homosexuelles. Le film, dans lequel Kinsey avait une liaison avec un de ses assistants, se terminait d'ailleurs sur un couple lesbien… Il y a donc du militant chez Bill Condon même si cet engagement prend chez lui les couleurs de l'entertainment. A ce titre, "Dreamgirls", qui raconte aussi comment un groupe de Noires réussit à s'imposer à l'Amérique blanche, est bien lui aussi un film sur la différence et est parfaitement cohérent avec le reste du parcours de son auteur… e-llico 17 02 07
Documentaire : Arte diffuse Je suis homo, et alors ?
Journaliste, réalisateur, Ted Anspach revient dans un documentaire "Je suis homo, et alors ?", diffusé mardi 13 février à 20h45 sur Arte, sur la question de l'inné et de l'acquis en matière d'homosexualité. Un film, à la fois pédagogique et sidérant qui dévoile, pour la première fois, les techniques de ceux qui prétendent soigner les gays de l'homosexualité. Interview.
Qu'est ce qui vous a le plus surpris au cours de la réalisation de ce film ?
L'ampleur du tabou sur cette question de l'inné et de l'acquis au sein du milieu associatif LGBT. Il a fallu que je montre patte blanche car le seul fait de poser cette question était pris comme une volonté de ma part de remettre en cause tel ou tel comportement. Je ne m'attendais pas à des réactions aussi virulentes. C'est une question qui est très présente chez les homosexuels à titre individuel. Cela fait partie du parcours de réflexion, du cheminement d'auto-acceptation mais sur le plan collectif, c'est devenu, notamment en Europe, un vrai tabou. Cela étant, j'y vois aussi la conséquence de la très forte médicalisation de l'homosexualité à différentes périodes de l'histoire qui a dépossédé les homosexuels de cette question, d'où leur réticence à en parler collectivement et sereinement aujourd'hui. L'autre élément, ce sont les thérapies réparatrices et le fait que ce débat, d'abord américain, arrive désormais en Europe.
- Quelles sont les différences sur cette question de l'inné et de l'acquis entre les Etats-Unis et la France ?
Il y a de grandes différences entre l'Europe et les Etats-Unis. Cette question est l'objet d'un véritable enjeu aux Etats-Unis où des chercheurs, parfois homosexuels eux-mêmes comme Dean Hammer, poursuivent des recherches médicales. Il faut dire que les enquêtes d'opinion indiquent que les Américains sont plus enclins à accepter l'homosexualité si elle est "naturelle" et donc innée que si elle est acquise. D'où les travaux scientifiques, nombreux aux Etats-Unis, qui essaient de valider l'hypothèse d'une homosexualité innée. Cela étant, un chercheur comme Dean Hammer [interrogé dans "Je suis homo, et alors ?] est tout à fait conscient que la preuve d'une homosexualité biologique pourrait ouvrir la porte à des risques de pratique s'apparentant à l'eugénisme. C'est un peu la boîte de pandore. En Europe, la tradition est différente. Nous sommes plutôt dans une culture psy. Il n'y a pas de recherches médicales comme il a pu s'en produire dans le passé, notamment sous le nazisme où Himmler avait décidé d'un "traitement approprié" pour l'homosexualité innée et celle acquise.
- Un des grands temps forts de votre film, c'est lorsque vous montrez les thérapies "réparatrices" aux Etats-Unis et le fait quelles trouvent désormais un prolongement en France. Est-ce, selon vous, très inquiétant ou un simple épiphénomène ?
Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un épiphénomène. Aux Etats-Unis, l'association psychiatrique américaine a d'ailleurs mis en garde contre ces thérapies "réparatrices". Les traitements qui ratent ont des conséquences désastreuses pour l'équilibre des gens et notamment des plus jeunes. J'ai, lors de mes recherches, rencontré un homme qui a perdu vingt années de sa vie à nier son homosexualité. Les groupes qui prétendent "soigner" les gays et les lesbiennes recrutent auprès de celles et eux qui ont des pratiques religieuses ou auprès des familles qui ont un de leurs enfants gay ou lesbienne. Ces thérapies sont faites par des gens qui n'ont souvent aucune formation médicale. En France, ces thérapies se font sous couvert d'un discours religieux notamment chez certaines églises évangéliques. Il ne faut pas perdre de vue que la France n'est pas à l'abri d'un virage ultra-conservateur, ni que la question homosexuelle est un des derniers créneaux où les ultras se sentent les coudées franches pour taper sur les autres.
>> Un documentaire exemplaire
Deux corps d'hommes qui s'enlacent lors du générique, entrecoupés de plans d'instrumentaux médicaux. Le ton est d'emblée donné à ce film documentaire sur l'origine de l'homosexualité. Car, de fait, cette question, piégée et taboue en Europe, enjeu politique aux Etats-Unis, parle à la fois de personnes qui s'aiment et de haine, de bonheur et de crainte. Les personnes, ce sont les témoins choisis par le réalisateur Ted Anspach aux parcours variés, aux aspirations diverses dont le principal point commun est d'avoir été confronté à une question : pourquoi sont-ils homosexuels ? La haine, c'est celle de politiques éructant à l'Assemblée Nationale. La peur, c'est celle qu'on ressent devant ces anciens gays qui prétendent, avec l'appui des milieux ultra conservateurs, corriger l'homosexualité. Ni militant, ni didactique, "Je suis homo, et alors ?" montre bien la diversité d'approche qui existe en Europe et aux Etats-Unis sur les origines de l'homosexualité. Il marque surtout par la folie de discours religieux américains, repris par certains groupes religieux et politiques hexagonaux, qui visent rien moins qu'à "guérir les homosexuels".
"Je suis homo, et alors ?", un film de Ted Anspach, produit par Doc en stock, mardi 13 février à 20 h 45 sur Arte, soirée Thema.>> Vanneste, encore et encore
Interrogé dans le cadre du documentaire, Christian Vanneste, député CNI/UMP, affirme qu'il faut réagir "le plus vite possible chez l'enfant lorsqu'on perçoit ce genre d'évolution [l'homosexualité] afin de proposer une thérapeutique, un traitement, un accompagnement." Poursuivant son propos, Christian Vanneste indique qu'une "société avec 50 % d'homosexuels et 50 % d'hétérosexuels" serait "dramatique. Ce serait une menace pour notre avenir." E-llico Mis en ligne le 12/02/07Je suis homo, et alors ?
Le 7 décembre 2004, Christian Vanneste, député UMP, fait scandale à l'Assemblée nationale en tenant des propos homophobes. Malgré sa condamnation récente, il réitère ici : “ L'homosexualité est une menace. (…) Il faudrait proposer aux parents des traitements quand on dépiste des tendances homosexuelles chez leur enfant. ” À ces propos inacceptables, Ted Anspach oppose les témoignages très personnels d'homosexuels.
Il y a notamment Skander, Français d'origine maghrébine, qui explique comment il s'est senti gay dès le plus jeune âge, et ce malgré la pression familiale. Et aussi Monique et Isabelle, un couple de lesbiennes qui se sont “révélées à elles-mêmes” après de nombreuses années de vie hétérosexuelle.
Je suis homo, et alors ? Le film montre combien le fait même de poser la question est délicat. Pendant des siècles, la religion, la médecine et la politique l'ont instrumentalisée de façon à réprimer l'homosexualité, à la présenter comme une maladie ou une déviance. On sait que les homosexuels étaient éliminés par les nazis. Mais sait-on qu'il se sont appuyés sur des recherches sur l'inné et l'acquis ? On ignore aussi souvent que la lobotomie, que l'on faisait subir aux malades mentaux, a aussi été pratiquée pour “guérir” les homosexuels jusque dans les années 1960, notamment en France. Jean Le Bitoux raconte avec émotion l'histoire d'un de ses anciens compagnons à qui fut appliqué ce “traitement”. L'enquête se poursuit aux États-Unis, où le débat sur l'origine de l'homosexualité fait rage. Toutes les opinions s'y expriment : des hommes et des femmes qui revendiquent une “culture homo”, des chercheurs homosexuels qui tentent de mettre en évidence un “gène gay”. Mais aussi des thérapeutes, proches des milieux ultraconservateurs, qui prétendent guérir les homosexuels. Leurs prétendues thérapies font scandale, ce qui n'empêche pas les organisations qui en font la promotion de s'installer aujourd'hui en France.Quelle est l'origine de l'homosexualité ? Naît-on homo ou le devient-on ? Pourquoi le fait même de poser la question provoque-t-il tant de débats ? Ted Anspach a enquêté en Europe et aux États-Unis.
Le 7 décembre 2004, Christian Vanneste, député UMP, fait scandale à l'Assemblée nationale en tenant des propos homophobes. Malgré sa condamnation récente, il réitère ici : "L'homosexualité est une menace. (...) Il faudrait proposer aux parents des traitements quand on dépiste des tendances homosexuelles chez leur enfant." À ces propos inacceptables, Ted Anspach oppose les témoignages très personnels d'homosexuels. Il y a notamment Skander, Français d'origine maghrébine, qui explique comment il s'est senti gay dès le plus jeune âge, et ce malgré la pression familiale. Et aussi Monique et Isabelle, un couple de lesbiennes qui se sont "révélées à elles-mêmes" après de nombreuses années de vie hétérosexuelle. Naît-on homo ou le devient-on ? Le film montre combien le fait même de poser la question est délicat. Pendant des siècles, la religion, la médecine et la politique l'ont instrumentalisée de façon à réprimer l'homosexualité, à la présenter comme une maladie ou une déviance. On sait que les homosexuels étaient éliminés par les nazis. Mais sait-on qu'il se sont appuyés sur des recherches sur l'année et l'acquis ? On ignore aussi souvent que la lobotomie, que l'on faisait subir aux malades mentaux, a aussi été pratiquée pour "guérir" les homosexuels jusque dans les années 1960, notamment en France. Jean Le Bitoux raconte avec émotion l'histoire d'un de ses anciens compagnons à qui fut appliqué ce "traitement". L'enquête se poursuit aux États-Unis, où le débat sur l'origine de l'homosexualité fait rage. Toutes les opinions s'y expriment : des hommes et des femmes qui revendiquent une "culture homo", des chercheurs homosexuels qui tentent de mettre en évidence un "gène gay". Mais aussi des thérapeutes, proches des milieux ultraconservateurs, qui prétendent guérir les homosexuels. Leurs prétendues thérapies font scandale, ce qui n'empêche pas les organisations qui en font la promotion de s'installer aujourd'hui en France.
Les gays se font des films
La sortie en salles le 31 janvier de "Boy Culture", jolie comédie gay peuplée de charmants garçons signée Q. Allan Brocka, est un bon signal du développement sur tous supports (ciné, mais aussi et surtout télé et DVD) d'un cinéma identitaire de consommation courante qu'on a longtemps cru réservé aux Etats-Unis…Dans "Boy Culture", il y a tout ce qui fait un film gay : de beaux garçons, une intrigue sentimentale à tiroirs, un ton de comédie légère, un monde essentiellement peuplé d'homos, des clichés crânement assumés, un regard décomplexé et décomplexant sur le mode de vie gay mais aussi sur la sexualité entre hommes… En cela, le film de Q. Allan Brocka qui débarque sur nos écrans le 31 janvier est parfaitement représentatif d'une production florissante qui existe depuis plus d'une décennie aux Etats-Unis mais qu'on n'a découverte en France qu'avec le développement d'éditeurs vidéo/DVD comme Antiprod ou la Collection Rainbow (devenue depuis Optimale).
Longtemps en effet, on n'a perçu ici que de rares échos du développement outre-Atlantique de ce tout nouveau cinéma identitaire, débarrassé de l'attirail du militantisme homo et de ses discours politiques ou revendicatifs, mais aussi des prétentions auteuristes d'un certain cinéma underground. Car si "Boy Culture" fait preuve d'une mise en scène très efficace et pleine de trouvailles, tout en brassant de multiples thèmes en phase avec les préoccupations des homos d'aujourd'hui (le besoin de reconnaissance, le couple et la fidélité, le coming out familial, le vieillissement, etc.), ce film le fait sur un mode frivole et consensuel propre à n'effrayer ou à ne déranger personne.
C'est d'ailleurs la grande caractéristique de ce cinéma qui a pris son essor lorsque la menace du sida a commencé à refluer dans les esprits de la communauté avec l'arrivée des trithérapies, c'est-à-dire au milieu des années 90. A des gays traumatisés par dix ans de lutte contre la maladie, souvent stigmatisés (surtout aux USA) par les discours réactionnaires visant à les rendre coupables de ce "châtiment divin", à des gays aussi en manque d'images d'eux-mêmes positives et de modèles auxquels se référer, cette absence d'aspérités d'un cinéma identitaire composé pour l'essentiel d'histoires sentimentales traitées sous forme de comédies ou de drames, allait offrir un miroir bienveillant, rassurant, séduisant et pour tout dire essentiel. Indifférenciation sexuelle, positivisme à tout crin, dédramatisation du vécu homosexuel et appel à une tolérance tous azimuts forment la trame de ces films qui incarnent mieux que tout autre type de cinéma l'envie de normalisation et de banalisation de nombreux gays.
De "Billy's Hollywood screen kiss" en "Objet de mon affection", de "Fluffer" en "I think I do", de "Tentation d'Aaron" en "Eating out" (le précédent film de Q. Allan Brocka) ou de "Edge of seventeen" en "Almost normal", on retrouve sans cesse ces caractéristiques déclinées à l'infini. Et ces films longtemps invisibles chez nous se déclinent désormais sur tous les supports : essentiellement en DVD mais aussi sur Pink TV qui en diffuse régulièrement voire, plus rarement, sur grand écran. Au risque, vu la cadence du flux, de saturer à moyen terme un marché assez étroit, et de tarir des sources d'approvisionnement loin d'être illimitées.La tentation du grand écran
Alors que le secteur du DVD est pour le moins morose et que le cinéma (hormis les gros blockbusters) n'est guère plus vaillant, sortir un film gay en salles est un vrai pari risqué. Antiprod, qui s'y est essayé avec "Parfum d'absynthe" ou "Je t'aime toi", semble avoir mis la pédale douce, tandis que la politique d'Epicentre, plus axée sur des films d'auteurs comme "O fantasma" ou "L'ennemi naturel", ne répond pas forcément aux mêmes critères.
Chez Optimale, par contre, la diffusion sur grand écran de films purement gays est plus que jamais d'actualité avec les sorties en rafale dans les mois à venir de "Boy Culture", "Loggerheads", "Dorian blues" ou "El cielo divido". "Une sortie salles, ça a un coût bien sûr, explique Eric Kertudo. Mais c'est aussi une plus-value pour les ventes aux chaînes de télé, et près de 40 % de ventes de DVD supplémentaires six mois plus tard." Pour "Boy Culture", l'objectif est modeste : 5 à 6 000 entrées, soit moins que des sorties précédentes d'Optimale comme " 20 cm " ou "HellBent " mais à plus que "Girls will be girls". E-llico 31 01 07
Boy Culture , sexy movie
Après une pure comédie comme le savoureux "Eating out" (disponible en DVD chez Optimale), le réalisateur Q. Allan Brocka confirme qu'il possède à merveille tous les codes de la culture gay et du cinéma identitaire avec ce "Boy Culture" séduisant qui se présente sous les traits d'une comédie dramatique à quatre personnages.
Il y a donc l'irrésistible X (Darek Magyar), escort boy à succès que son métier comble puisqu'il lui permet de gagner facilement de l'argent sans s'engager dans des aventures sentimentales ; le gracieux Andrew (Darryl Stephens, le héros de la série "Noah's Arc"), colocataire black du premier qui abandonne sa timidité et ses rêves romantiques pour plonger dans le tourbillon de la séduction ; le jeune chien fou Joey (Jonathon Trent), post-ado déluré, très libéré et gentiment folle qui partage l'appartement des deux précédents ; et enfin un protagoniste plus original dans le cadre de ce type de comédie, Grégory (Patrick Bauchau), vieil homosexuel dans le placard qui devient bientôt un des clients réguliers de X, puis son confident et son ami dévoué.
A partir de ce quatuor, le cinéaste brode un récit tout en chassés-croisés autour des désirs des uns et des autres, désirs qui, comme de bien entendu, ne se croisent jamais au bon moment. A l'horizon de "Boy Culture" en effet, on retrouve ce schéma commun à la plupart des comédies gays : l'avènement de ce qui semblait à l'origine un amour impossible. On ne dira pas entre qui et qui tant le film s'évertue avec fantaisie à multiplier les possibilités (Andrew est amoureux de X, X est fasciné par l'expérience et l'élégance de Grégory, Joey aime tout le monde, Andrew retrouve son premier amour, X adore ses deux colocs…).
Mais si le ton est volontairement léger, des question plus graves travaillent souterrainement cette histoire : celle de l'amitié entre gays, celle du secret qui ronge, celle de la peur du couple, celle du coming out familial, celle des émotions refoulées trop longtemps, celle de la frénésie sexuelle, celle de la prostitution, celle de l'âge aussi et de ce que cela signifie de devenir un vieil homosexuel. Filmé avec beaucoup de sensualité et de sensibilité, " Boy Culture " est de façon évidente un des meilleurs représentants de ce cinéma gay américain qu'on peut qualifier sans mépris ni condescendance de consommation courante.
e-llico "Boy Culture", de Q. Allan Brocka. Sortie le 31 janvier.07Film gay : un marché en voie de saturation ?
Quel est le marché pour les films gays en France ? On ne parle pas ici de " Brokeback Mountain " sorti en salles et en DVD par une major et qu'on ne peut pas vraiment qualifier de film gay, mais bien de ces petits films essentiellement américains dont une homosexualité décomplexée est l'alpha et l'oméga, et qui arrivent pour l'essentiel directement dans les rayons DVD. " La moyenne de nos ventes, explique Eric Kertudo, le patron d'Optimale qui compte près d'une centaine de ces titres à son catalogue, c'est 3 ou 4 000 DVD, et ça peut monter à près de 10 000 pour un succès comme " Dante's cove " ". Des chiffres modestes à l'échelle du marché général du DVD mais qui traduisent néanmoins une jolie réussite. Car alors que les ventes de DVD on tendance à s'effondrer (moins 15 % au cours de la dernière année), celles d'Optimale résistent, voire s'améliorent. " On fait plus qu'il y a trois ou quatre ans " confirme Eric Kertudo, plus optimiste que ses confrères de BQHL ou d'Antiprod pour qui le ralentissement du marché est bien une réalité même si le fait de travailler sur une " niche " aussi spécifique que le secteur gay amoindri forcément les coups. Il n'empêche, la multiplication de titres certes souvent sympathiques mais assez répétitifs dans leurs histoires et leur déroulement pourrait bien fragiliser ces petites entreprises que sont les cinq distributeurs gay que sont Optimale, Antiprod, BQHL, Epicentre Films et Eklipse. D'autant que la production n'est pas extensible à l'infini, que beaucoup des meilleurs films sont désormais disponibles en France, que Pink TV en diffuse presque chaque semaine et que la concurrence entre les distributeurs (même si ceux-ci ont tous réussi à trouver un créneau assez spécifique) fait monter les prix et donc les coûts à amortir. Face à cela, chacun réagit à sa manière : en diffusant des films de combats d'arts martiaux très rentables pour BQHL, en insistant sur les courts métrages (production et distribution via les DVD " Courts mais gay ") ainsi que la production télé (" Cours chez Pink ") pour Antiprod qui fait aussi dans l'événementiel, les sorties en salles de films d'auteurs pas forcément gay pour Epicentre, ou le développement de la VOD ( la vidéo à la demande) pour Optimale qui mène aussi un travail très en amont avec ses partenaires américains : " On travaille sur une idée de scénario que l'on transmet aux Américains avec lesquels on travaille régulièrement comme la chaîne gay Here !, eux développent le sujet, le tournent et nous on le sort en France, explique Eric Kertudo. On devient coproducteurs. On le fait aussi en France, surtout sur des formats télé comme " Le ciel sur la terre " qui sera diffusé prochainement sur France Télévisions, où on anticipe notre présence à la lecture du synopsis. " Une manière de pallier à une éventuelle pénurie en alimentant la pompe…
Un film gay, c'est quoi ?
Petite tentative d'inventaire de ce qui fait la recette d'un film gay qui fonctionne :
- un (ou mieux : plusieurs) garçon sexy sur l'affiche ou sur la jaquette
- un thème de sitcom sentimentale où le héros doit s'efforcer de surmonter les embûches pour conquérir l'homme de sa vie alors que leurs différences de départ laissent croire que ce sera impossible ("The trip", "Fluffer", "Adam & Steve", "Mon beau locataire", "La tentation d'Aaron", "Eating out", "200 $"… fonctionnent tous sur ce registre)
- un humour tendre et jamais agressif
- les sujets liés au coming out adolescent ("Dorian Blues", "Edge of seventeen")
- les bandes d'amis homos tous différents et aux aventures sentimentales compliquées mais réjouissantes ("Le club des cœurs brisés", "Relax… it's just sex", "Get over it" mais aussi les "Chroniques de San Francisco" ou "Queer as folk")
- les découvertes des tentations de la grande ville par de jeunes homos naïfs ("Party boys", "Broadway damage")
- les films de genre, que ce soit les polars ("Third man out", "Testosterone"), les films fantastico-horrifiques ("Dante's cove", "HellBoys"), les films de vampires ("Scab")
Ce qui marche moins bien :
- l'absence de nudité
- les sujets tournant autour du sida
- le passage à une tranche d'âge plus élevée des personnages
- les comédies sur le travestissement e-llico 31 01 07
Boy Culture , sexy movie
Après une pure comédie comme le savoureux "Eating out" (disponible en DVD chez Optimale), le réalisateur Q. Allan Brocka confirme qu'il possède à merveille tous les codes de la culture gay et du cinéma identitaire avec ce "Boy Culture" séduisant qui se présente sous les traits d'une comédie dramatique à quatre personnages.
Il y a donc l'irrésistible X (Darek Magyar), escort boy à succès que son métier comble puisqu'il lui permet de gagner facilement de l'argent sans s'engager dans des aventures sentimentales ; le gracieux Andrew (Darryl Stephens, le héros de la série "Noah's Arc"), colocataire black du premier qui abandonne sa timidité et ses rêves romantiques pour plonger dans le tourbillon de la séduction ; le jeune chien fou Joey (Jonathon Trent), post-ado déluré, très libéré et gentiment folle qui partage l'appartement des deux précédents ; et enfin un protagoniste plus original dans le cadre de ce type de comédie, Grégory (Patrick Bauchau), vieil homosexuel dans le placard qui devient bientôt un des clients réguliers de X, puis son confident et son ami dévoué.
A partir de ce quatuor, le cinéaste brode un récit tout en chassés-croisés autour des désirs des uns et des autres, désirs qui, comme de bien entendu, ne se croisent jamais au bon moment. A l'horizon de "Boy Culture" en effet, on retrouve ce schéma commun à la plupart des comédies gays : l'avènement de ce qui semblait à l'origine un amour impossible. On ne dira pas entre qui et qui tant le film s'évertue avec fantaisie à multiplier les possibilités (Andrew est amoureux de X, X est fasciné par l'expérience et l'élégance de Grégory, Joey aime tout le monde, Andrew retrouve son premier amour, X adore ses deux colocs…).
Mais si le ton est volontairement léger, des question plus graves travaillent souterrainement cette histoire : celle de l'amitié entre gays, celle du secret qui ronge, celle de la peur du couple, celle du coming out familial, celle des émotions refoulées trop longtemps, celle de la frénésie sexuelle, celle de la prostitution, celle de l'âge aussi et de ce que cela signifie de devenir un vieil homosexuel. Filmé avec beaucoup de sensualité et de sensibilité, " Boy Culture " est de façon évidente un des meilleurs représentants de ce cinéma gay américain qu'on peut qualifier sans mépris ni condescendance de consommation courante.
e-llico "Boy Culture", de Q. Allan Brocka. Sortie le 31 janvier.07Des scénarios contre les discriminations
Le Crips et le Geps organisent jusqu'au 28 février 2007 le concours national « Scénarios contre les discriminations » qui aboutira à la production de dix courts métrages diffusés au cinéma et à la télévision.
HF Égalité s'associe activement à cette opération originale et de grande ampleur en la relayant auprès de ses réseaux et partenaires. En effet, le concours d'idées de scénarios est une action complémentaire à la campagne menée actuellement Respectons-Nous.com
Il s'agit avant tout de faire émerger un discours citoyen autour des discriminations qu'elles soient visibles ou supposées comme l'origine ethnique, le sexe, l'âge, les handicaps, l'apparence physique, l'appartenance religieuse ou encore l'orientation sexuelle.
Le jury final, composé de partenaires, de personnalités, de professionnels de la prévention, de la culture, de l'audiovisuel et de la communication, et de personnes de la société civile attribuera également 300 prix. À l'automne 2007, les courts métrages seront tournés par des réalisateurs avec des acteurs professionnels et les auteurs des idées originales seront invités à venir sur les plateaux.
Les dix films seront largement diffusés sur les écrans de cinéma et de télévision, en DVD et lors d'actions de prévention menées auprès de publics spécifiques et dans les établissements scolaires. Rappel cinématographique
Les courts métrages issus des précédents concours « 3 000 scénarios contre un virus » en 1994 et « Scénarios sur la drogue » en 2000 largement diffusés par TF1, France Télévision, Canal+, Arte, M6 ont été présentés et primés à de nombreux festivals européens et étrangers : Festival de Cannes, Clermont-Ferrand, Brest, Acapulco, Athènes, Berlin, Genève, Kiev, Lisbonne, Madrid, Montréal, Osaka, San-Sebastian, Sao Paulo, Sarasota, Tampere, Toronto...Festival du film de Berlin : le documentaire Moscou Pride 06 au programme officiel et en compétition
Un film documentaire couvrant les événements violents de mai 2006 lors de la Gay Pride interdite de Moscou va être présenté officiellement lors du festival du film de Berlin le mois prochain.
La première mondiale de "Moscou Pride 06" aura lieu le 11 février à Berlin dans le cadre du cinquante-septième festival international de film de Berlin. Le film, dirigé par Vladimir Ivanov et produit pour l'organisation GayRussia.Ru pendant le festival gai de Moscou de mai 2006, figure en effet dans le programme officiel de la section documentaire de la Berlinale.
Les organisateurs de la Gay Pride de Moscou seront présents pour présenter le film aux côtés du réalisateur. Ils participeront à des débats prévus à la suite de sa projection.
Volker Beck, le député allemand attaqué pendant la Gay Pride de Moscou et qui est l'une des figures du film, pourrait lui aussi prendre part à la présentation de "Moscou Pride 06".
Pour Nikolai Alekseev de GayRussia, "la participation du film à l'un des plus prestigieux festivals de films du monde est un succès énorme. C'est également une occasion de toucher la communauté internationale et d'attirer l'attention sur les difficultés des minorités sexuelles en Russie."
Le documentaire sera en compétition à la fois de la section documentaire du festival officiel de Berlin, mais aussi de la section gay des Teddy Awards. E-llico Mis en ligne le 23/01/07Golden Globes, un an après «Brokeback Mountain»
Les Golden Globes ont fait la part belle au productions gay-friendly, notamment en télévision. Lors de la cérémonie des prix décernés chaque année par l'Association de la presse étrangère à Hollywood et qui s'est tenue hier soir, lundi 15 janvier, c'est «Ugly Betty» (bientôt sur TF1), l'une des séries les plus queer de la télé US avec un énorme fan club gay, qui a cartonné. Les mésaventures d'un laideron qui débarque dans un magazine de mode ont été sacrées meilleure série télévisée comédie ou musicale. Et sa star, America Ferrera (photo), est également repartie avec le prix de la meilleure actrice dans une série télévisée musicale ou comédie. Sans surprise, «Grey's Anatomy» (TF1) a décroché le prix de la meilleure série télévisée –catégorie dramatique. Et l'acteur anglais Hugh Laurie a remporté le prix pour sa performance dans la série «House» (bientôt sur TF1). En revanche, côté prix inattendus, Kyra Sedwick repart avec le prix de la meilleure actrice dans une série télévisée –catégorie drame– pour «The Closer», actuellement sur France 3). Et Alec Baldwin a été récompensé dans la catégorie meilleur acteur dans une série télévisée musicale ou comédie pour son rôle dans «30 Rock». Décidément royale, Helen Mirren, en plus d'avoir remporté un prix pour The Queen a aussi obtenu le prix de la meilleure actrice dans une mini-série ou film tourné pour la télévision pour «Elizabeth I». Cette mini série, vue récemment sur Canal Plus, repart aussi avec les prix de la meilleure mini-série ou film de télévision et ceux du meilleur second rôle dans une série, une mini-série ou un film pour la télévision, remis à Jeremy Irons.
Coté cinéma, les Golden Globes ont consacré Babel, Dreamgirls et Les Infiltrés. Les Golden Globes sont traditionnellement considérés comme un avant-goût des Oscars et récompensent généralement à la fois des poids lourds et des films plus légers, souvent ignorés par d'autres remises de prix. Babel, du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu a donc remporté le Golden Globe du meilleur film dramatique. Martin Scorsese a, lui, obtenu la récompense du meilleur réalisateur pour Les Infiltrés. Dreamgirls, film très largement inspiré par la saga du groupe des Supremes, a été sacré meilleur film de comédie, mais a aussi permis à Eddie Murphy et Jennifer Hudson de repartir avec les trophées de meilleurs seconds rôles. Côté prix d'interprétations Helen Mirren, qui a incarné Elizabeth II dans The Queen et Forest Whitaker, pour son rôle de Idi Amin Dada dans Le Dernier roi d'Écosse, ont été couronnés meilleurs acteurs dans un film dramatique. Meryl Streep pour Le diable s'habille en Prada et Sacha Baron Cohen pour Borat ont été récompensés dans la catégorie meilleure actrice et meilleur acteur dans un film comique ou une comédie musicale. Têtu 16 01 07
Cannes 2007 : le cinéaste gay Stephen Frears présidera le jury du 60e festival
Le cinéaste gay anglais Stephen Frears présidera le jury du 60e festival de Cannes, qui aura lieu du 16 au 27 mai. Le président du festival Gilles Jacob s'est dit "particulièrement heureux" de voir le réalisateur accepter sa proposition. "Nous rendons ainsi hommage à ce grand cinéaste inspiré, tout à sa liberté d'esprit et à son plaisir de filmer", a-t-il ajouté.
Révélé par "My Beautiful Laundrette" en 1985, un film gay devenu culte, Stephen Frears avait présenté "Prick up Your Ears" (autre film gay) en 1987 en sélection officielle à Cannes, où le film avait été primé, rappellent les organisateurs du festival. En 1988, "Les liaisons dangereuses" avaient "consacré son succès international" et Stephen Frears alterne depuis les grands films de genre ("Héros Malgré lui" ou "Les Arnaqueurs") et les "sujets plus intimistes ou engagés" ("The Snapper", "High Fidelity", ou "Dirty Pretty Things")". e-llico Mis en ligne le 12/01/07
DVD : découverte d'un cinéaste gay chinois interdit
Inconnu en France, Cui Zi'en est l'un des chefs de file du cinéma underground chinois, un militant gay dont l'homosexualité a provoqué la mise au ban professionnelle. Un DVD regroupant deux de ses films, édité par Pêcheurs de Rêves, donne l'occasion de le découvrir.
"Mon homosexualité ? Je la considère comme une source de créativité", explique Cui Zi'en (1). Et affirmer cela dans un pays comme la Chine , où l'homosexualité a été considérée comme une maladie mentale jusqu'en 2001 et où elle reste aujourd'hui encore très mal vue par le pouvoir communiste, n'est pas neutre. Cela définit pourtant bien ce cinéaste militant qui mène de front son travail artistique et son combat pour les droits des gays tout en en assumant les conséquences puisqu'il a été interdit d'enseignement pendant une dizaine d'années !
Il faut dire qu'à 47 ans, Cui Zi'en n'en finit pas d'accumuler les provocations. Il est ainsi le premier enseignant à revendiquer son homosexualité, l'un des premiers Chinois a faire son coming out à la télévision lors d'un débat, l'organisateur du premier festival de films gay de Pékin, manifestation dont le succès immédiat provoque une réaction brutale des autorités qui l'interdit au bout d'un week-end seulement. En marge de cet activisme, il développe une œuvre étrange dans le cadre du mouvement underground qui prend corps à Pékin, et dont les films tournés en vidéo dans une économie minimale vivotent dans des circuits parallèles aux cinémas officiels. Cette marginalité lui permet, comme aux autres créateurs de cette mouvance, d'aborder les thèmes interdits aux cinéastes chinois reconnus : la drogue, la prostitution, le sida, la sexualité… Et l'homosexualité bien sûr.
Dans les 17 films qu'il a tournés, elle est partout, sous toutes les formes, souvent les plus dures ou âpres. Ce n'est pas un hasard s'ils ont tous été interdits en Chine, tout comme y fut interdit le séduisant "Protégé de Mme Qing", film sorti en France en 2002 et dont Cui Zi'en était à la fois le scénariste et l'un des acteurs principaux et qui dévoilait un pan de la vie cachée des gays chinois (radios clandestines, journaux vendus sous le manteau, dragues de pissotières, etc.). Malgré les nombreux festivals qui ont accueilli dans le monde entier les films de Cui Zi'en, aucun n'était encore venu jusqu'en France. Grâce à Pêcheurs de Rêves c'est chose faite pour deux d'entre eux : "Night scene" et "An interior view with death".
"Night scene" et "An interior view with death", dist. : Doriane Films.
(1) Dans un article intitulé " La Chine et les homosexuels", "Courrier de l'Unesco", juillet 2001.
TÉMOINS
"Night scene", le premier des deux films de Cui Zi'en que l'on découvre sur ce DVD est un curieux documentaire dans lequel le réalisateur chope des extraits de vies de gigolos de Pékin, s'intéressant à leurs conditions d'existence, à leurs rêves, s'introduisant dans un bar gay de la ville, et nous livrant un état des lieux assez inédit. Malgré les approximations de la réalisation et du montage, l'ensemble est saisissant. "An interior view with death", par contre, est une fiction quasi expérimentale où deux passeurs (très beaux), surpris en train de s'embrasser par les morts qu'ils doivent conduire dans l'au-delà, sont contraints d'accéder à une dernière volonté de ceux-ci. Une fable triste sur la victoire du matérialisme capitaliste sur l'âme chinoise.
Nicholas Hytner, History boys
On sait depuis longtemps que collèges anglais rime avec garçons gay. "History boys" en est une nouvelle illustration. Adapté d'une pièce à succès d'Alan Bennett par Nicholas Hytner, réalisateur gay nomment de "L'objet de mon affection", "History boys" a pour cadre une école de l'Angleterre profonde où huit étudiants brillants s'entraînent pour passer les épreuves permettant d'intégrer les universités prestigieuses que sont Oxford et Cambridge. Ce sont ces préparatifs (souvent cocasses ou décalés, notamment en raison de l'excentricité de certains enseignants et de leurs méthodes) qui structurent cette histoire qui pourrait nous laisser de marbre tant elle est british si ne s'y révélaient peu à peu les personnalités des étudiants et de leurs professeurs. Dans le lot, on compte un prof de littérature obèse et fantasque dont le plaisir et d'emmener les jeunes gens sur sa moto pour les peloter, mais aussi un jeune enseignant à l'homosexualité secrète, un étudiant tentant d'affirmer la sienne, et beaucoup d'autres implications gay. Si le film est un peu trop bavard, il s'en dégage une liberté de ton et de regard savoureuse. Cela donne une comédie intelligente et attachante. drb "History boys", de Nicholas Hytner. Sortie le 17 janvier.
Le dernier des fous de Laurent Achard, avec Pascal Cervo, Julien Cochelin, Annie Cordy. Sortie le 3 janvier. Dans ce film très sombre qu'est "Le dernier des fous", où la noirceur gagne de minute en minute (le soleil qui illumine les premiers plans ne va pas durer), au fil qu'on assiste à la décomposition d'une famille, l'homosexualité participe du drame qui s'annonce. En effet, alors que sa mère se mure dans sa chambre et sa folie, tandis que sa grand-mère ne pense qu'à l'argent à tirer de la vente de la vaste propriété, pendant que son père se laisse ballotter par les événements et que son petit frère assiste, impuissant à ce spectacle, le jeune homme joué par Pascal Cervo doit affronter l'impossibilité de son désir. Son amant lui annonce en effet qu'il préfère rentrer dans le rang et se marier plutôt que poursuivre leur liaison. Et ce ne sont pas ses baises occasionnelles qui vont l'aider à surmonter sa douleur, pas plus que l'alcool dans laquelle il se noie…
Il n'y a pas d'issue et pas d'échappatoire à la tragédie qui se noue sous nos yeux, et le final, violent, choquant, terrible, s'il est complètement inattendu, est pourtant parfaitement logique. C'est la puissance noire du film implacable de Laurent Achard que de savoir nous guider dans ce naufrage.
Third man out de Ron Oliver le premier polar télé 100 % gay.
Détective privé plutôt beau gosse, Donald Srachey vit en couple depuis plusieurs années avec son petit ami Timmy. Un jour, il est contacté par John Rutka, un activiste gay. Ce dernier est menacé de meurtre après avoir " outé " plusieurs personnalités publiques qui, bien que gay, agissent contre les droits des homos. Par conviction personnelle et pensant que Rutka cherche uniquement à le manipuler, Strachey se désintéresse de l'affaire. Mais Rutka est bel et bien assassiné. Strachey, pris de remords, décide alors de démarrer son enquête…
Produit par la chaîne américaine "Here !" (déjà à l'origine de la série " Dante's Cove "), " Third Man Out " s'inspire des romans policiers à succès de Richard Stevenson. Fausses pistes, meurtres, chantages, révélations et ambiance jazzy sont de rigueur : " Third Man Out " est bel et bien un polar dans les règles de l'art… à ceci près qu'il est 100% gay !
Chad Allen (connu en France pour avoir joué le fils de Dr Quinn) prête ses traits à ce détective privé homosexuel qui enquête sur une sombre histoire de " outing ". Chad Allen connaît bien son sujet puisqu'il a lui-même fait la une des tabloïds après son coming out en 2001 ! A ses côtés, on retrouve également Jack Wetherall (Oncle Vic dans " Queer as Folk USA ") mais aussi Matthew Rush, le célèbre acteur porno.
" Third Man Out " a connu un tel succès outre-atlantique qu'une suite ("Shock to the system ") a déjà été tournée et qu'un troisième épisode est même en préparation !
Videomaton
Le 17 mai 2006, à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie, une équipe du Centre Gay, Lesbien, Bi et Trans de Rennes accompagnée de membres de l'association Day Blind, demandaient aux passants de la ville « l'homophobie, c'est quoi pour vous ? »
Le terme homophobie fait écho de manière très différente selon les personnes, de la définition complète à la méconnaissance totale. « Si de nombreuses personnes condamnent sans détour les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle, d'autres semblent ignorer cette réalité, ou même s'illustrer en la matière » , racontent les vidéastes. Toutes les réponses ont été compilées dans un court-métrage très édifiant, qui est désormais diffusé par le CGLBT de Rennes au modique prix de 8 € + frais de port. L'argent récolté servira à financer les autres projets vidéo de l'association. Centre Gay, Lesbien, Bi et Trans de Rennes
Alejandro Jodorowsky, El Topo
Difficile de définir cette folie baroque que constitue "El Topo", film très rare d'Alejandro Jodorowsky (un proche d'Arrabal et de Topor) datant de 1971, et qui ressort aujourd'hui entièrement restauré. Le cinéaste fait rimer dans cette bizarrerie venue du Mexique western et métaphysique, violence et sexualité, racisme et surréalisme le tout sur fond ésotérique. L'histoire ? Un cavalier tout de cuir noir vêtu est en quête de justice. Il croise (entre autres) sur sa route des bandits prêts à humilier et à violer de jeunes moines dont la jolie mine ne les a pas laissé indifférents, et deux femmes qui seront un temps ses accompagnatrices avant qu'elles ne se lancent entre elles dans une relation SM… Ce film barré et étonnant mérite le détour. E-llico "El Topo", de Alejandro Jodorowsky. Sortie le 13 décembre 06 Film très dur et ne pouvant aider à la lutte contre l'homophobie
Festival des Cinémas Différents
Décidément, les marges du cinéma sont aussi celles où les questions queer et LGBT se font jour des manières les plus originales. Après l'Etrange Festival et le cinéma de genre, voici le Festival des Cinémas Différents consacré aux cinémas d'avant-garde et expérimentaux et lui aussi travaillé de l'intérieur par l'homosexualité. La preuve avec la programmation de cette huitième édition jusqu'au 17 décembre.Depuis au moins Kenneth Anger et son "Fireworks" en 1947, on sait que le cinéma underground et expérimental est un lieu idéal pour l'expression de la différence homosexuelle. Jack Smith, Andy Warhol, Lionel Soukaz, Saddie Benning et tant d'autres ont ainsi, au fil des décennies, exploré ces marges artistiques où recherches formelles, interrogations identitaires, représentations du corps et revendications militantes se croisent, se rejoignent et se chevauchent dans des œuvres singulières et souvent précieuses.
Et si la présence de plus en plus marquée de l'homosexualité dans les fictions plus traditionnelles, si la possibilité pour des auteurs homos de s'exprimer dans le cadre d'un cinéma plus grand public, ont en partie éloigné les créateurs gay du cinéma alternatif, le lien entre ces deux sphères n'a jamais été vraiment rompu. C'est en tout cas ce que s'efforce avec justesse de montrer la huitième édition du Festival des Cinémas Différents de Paris en accueillant un grand nombre de films et de cinéastes gay.
Yann Beauvais et Sotheam Nhiem feront ainsi l'objet (en leur présence), parmi d'autres créateurs, de la programmation Trajectoires qui se propose de comprendre la démarche d'un auteur et des formes qu'il utilise pour s'exprimer. Le collectif queer Le Peuple qui Manque aura pour sa part droit à une Carte blanche où il présentera plusieurs films mêlant activisme politique et queer, où féminisme, homosexualité, transsexualisme… jouent un rôle essentiel.
Autre rendez-vous LGBT important, la diffusion des " Soleils de Pigalle " de Marcel Mazé, où le cinéaste se glisse dans un ciné porno de Pigalle et capte la parole de deux prostitués de hasard qui se livrent progressivement à un exercice de parole très libre et très dérangeant, où le sordide, la misère (économique et sexuelle), l'exploitation, les préjugés cheminent de concert, avec la menace du sida en arrière-plan permanent. Enfin, last but not least, on pourra découvrir là le nouveau film de Philippe Vallois, " Sexus dei " (voir encadré). Autant d'exemples d'une différence (sexuelle et créatrice) qui n'en finit pas d'être féconde.
Festival des Cinémas Différents, centre culturel La Clef , 21 rue la Clef , 75005 Paris. Rens. : 01 44 85 00 72. www.cjcinema.org Jusqu'au 17 décembre.
>> Sexus dei
Dans les années 70, Philippe Vallois fut un des tout premiers cinéastes français à oser l'homosexualité d'un point de vue militant. "Johan, carnet d'un jeune homosexuel" ou "Nous étions un seul homme" sont ainsi des fleurons de ce cinéma très libre qui trouvèrent un (petit) chemin vers les salles. Depuis plusieurs années maintenant, Philippe Vallois continue son travail d'auteur via la vidéo. Et c'est encore dans ce format qu'il signe la parabole "Sexus dei", dans laquelle il se met en scène sous les traits d'un homme détruit par la mort de son amant et qui se reconstruit en rencontrant un marginal à qui il fait découvrir son homosexualité. Parfois dispersé, souvent poétique et attachant, risqué (la sexualité de deux mecs hors de tous canons physiques) et inventif, "Sexus dei" est un film rare et précieux.jeudi 23 novembre 2006
Montpellier Bleu - Blanc - Rose
du 23 novembre au 3 décembre
Pour sa quatrième édition, Bleu - Blanc - Rose, le festival gay et lesbien de Montpellier propose une réflexion autour de la question de l'orientation sexuelle et de son acceptation sociale, culturelle et politique . Le Collectif Contre l'Homophobie, organisateur du festival, a mis en place une programmation variée pour explorer cette thématique :
l'évocation du coming-out d'André Gide, et la parole de l'écrivain sur l'homosexualité pour illustrer le « droit de cité » de l'homosexualité, et le droit de citoyenneté pour les homosexuels ;
un hommage à Pierre Seel, infatigable témoin de la déportation des homosexuels par les nazis, disparu il y a un an, pour rappeler une page sombre de l'Histoire, et le nécessaire devoir de mémoire ;
un débat avec Paola Cicagna, Fabienne Larrivière et Betty Migot, trois montpelliéraines qui ont pris la plume pour faire partager des tranches de vies, parfois autobiographiques ;
une rencontre avec l'association homosexuelle libanaise Helem pour évoquer la condition des lesbiennes, gais, bi et trans au Moyen-Orient.
Bleu - Blanc - Rose, qui se déroulera autour de la journée mondiale de lutte contre le sida, n'oubliera pas non plus de rappeler les messages de prévention, de mémoire et de solidarité nécessaires tout au long de l'année
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Ciné : festivals homos
Les deux grands festivals homos vont se suivre à quelques jours près cet automne, le Festival du Film Gay et Lesbien (qui investira le Rex cette année en raison de la fermeture du Forum des Images) se déroulant du 14 au 21 novembre, tandis que Cineffable organisera son 18è Festival International du Film Lesbien & Féministe au Trianon du 27 au 30 octobre. On revient bien entendu en détail sur les programmations de ces deux événements dans de prochains numéros.Les transgenres à l'honneur du cinéma asiatique
Le Hong Kong Lesbian and Gay Film Festival, le plus grand festival asiatique du genre, se déroule actuellement et pendant 15 jours sur l'île chinoise. C'est le nouveau film gay à succès taiwanais Eternal Summer qui a fait l'ouverture le 2 novembre dernier. Le festival affiche la transsexualité comme thème majeur sous le titre de «Plus jamais invisible: être transgenre à HongKong» , avec des films comme Vingt centimètres , Beautiful men , Octopus alarm ou Paper dolls . Le directeur gay du festival, Vicci Ho, n'a pas caché l'aspect social et militant du festival pour aider les transgenres: «Malgré notre sens de la communauté, la majorité des gays et lesbiennes n'admet pas les transgenres, notre attitude de dédain et de rejet envers eux participe à les marginaliser et les discriminer encore plus» . Le festival, événement cinématographique majeur du continent, propose la projection de 50 films, des activités organisées autour de forums, dont certains se déroulent dans l'enceinte de la faculté de Hong Kong et des performances d'artistes contemporains homos, comme Tobaron Waxman de New York. Têtu 07 11 06Le film gay «Eternal Summer» nominé quatre fois aux Oscars taiwanais
Alors que la comédie musicale à succès, Perhaps Love , a raflé presque toutes les nominations, le second grand gagnant de la short-list des nominations aux Golden Horse Awards, équivalent taïwanais des Oscars, est le film gay Eternal Summer de Leste Chen. Ce film, récemment sorti en salles, raconte une histoire d'amour entre deux étudiants dont l'un a du mal à accepter son homosexualité . Il est assez proche, dans sa construction et son esprit, du Secret de Brokeback Mountain. Les quatre nominations du film concernent des catégories importante: meilleure réalisation pour Leste Chen, révélation masculine de l'année évoquée conjointement pour les deux jeunes acteurs principaux, Bryant Chang et Joseph Chang, ce dernier étant, pour sa part, également en lice pour le Golden Horse Awards du meilleur acteur. La 43e cérémonie des Golden Horse Awards se tiendra le 25 novembre prochain à Taipei. Têtu 06 11 06
18ème Festival Cineffable
Juste avant que le Festival de Films Gays et Lesbien ouvre ses portes, un autre rendez-vous du cinéma homo aura eu lieu, du 27 au 30 octobre, au Trianon dans le XVIIIè arrondissement : le 18ème Festival Cineffable consacré au cinéma lesbien et féministe. Toujours réservé aux femmes, Cineffable proposera à ses spectatrices pas moins de 77 films dont 10 longs métrages et 26 documentaires. Quatre thèmes principaux sont mis en avant dans la programmation : "La violence faite aux femmes" (avec un focus sur la situation en Afrique du Sud), "Femmes au Moyen-Orient", "Transsexualité" et "Slam" (avec une performance et des débats). Parmi les longs métrages présentés en exclusivité : "Loving Annabelle", "Sévigné", "The journey" et l'excellent "Unveiled".
Plus de renseignements sur www.cineffable.fr e-llico 27 10 06
Emotions tous azimuts
Un vieil homme est amoureux du beau garçon qu'il fait parfois venir dans sa maison trop bien rangée et qui lui demande d'éteindre la lumière avant de s'étendre auprès de lui. Un soir, le jeune homme demande à passer la nuit ("Je ne te ferai pas payer"). Puis il s'installe. Le vieil monsieur est bouleversé par ce dernier amour qui le submerge mais qui ne durera pas : après s'être livré, le garçon disparaît un matin, laissant juste une note… Pour son premier film, "Solange Du Hier Bist", le jeune cinéaste allemande Stefan Westerwelle bouleverse avec une économie de moyens stupéfiante, faisant de ce huis clos crépusculaire et intimiste une fable magnifique sur le désir.
Autre beau moment d'émotion, celui que l'on partage avec Helen, la femme mariée du film anglais "Gypo" de Jan Dunn : lorsque sa fille lui présente une jeune immigrée roumaine, quelque chose se révèle en elle qu'elle n'aurait jamais imaginé. Montrée sous trois points de vue (celui d'Helen, celui de son mari et celui de la jeune gitane), cette histoire qui naît sous nos yeux doit affronter la peur du regard des autres, le racisme ambiant, les lois iniques sur l'immigration, le machisme, etc.
C'est aussi sous forme de triptyque que se présente "Loggerheads", film américain de Tim Kirkman où l'on découvre le triple portrait émouvant d'une famille adoptive brisée par l'intolérance religieuse du père, d'une mère biologique à la recherche de son fils abandonné à sa naissance, de ce fils de 20 ans désormais, gay et séropositif, et de sa relation amicalo-amoureuse avec un patron d'hôtel.
Une bonne part de l'émotion réelle qui naît de "Both", film américano-péruvien de Lisset Barcellos, tient au fait que ce qu'il met en scène est très intimement lié au vécu de sa réalisatrice. Plus que la transsexualité, c'est l'hermaphrodisme qui est le sujet de "Both" où une cascadeuse bisexuelle se défait de ses secrets quand un pan effacé de son enfance au Pérou remonte à la surface, lorsqu'elle était un hermaphrodite, opéré pour la faire devenir une fille.
Enfin seule fiction française de cette sélection, "7 ans" de Jean-Pascal Hattu (qu'on n'a pas pu voir) pourrait bien entrer dans cette catégorie, avec son histoire de femme de prisonnier apprenant que son amant est gardien dans la prison où est enfermé son mari et que ce dernier est le "protégé" du maton. e-llico 27 10 06Auraeus Solito, L'éveil de Maximo Oliveros
On se souvient tous du charmant "Ma vie en rose" où un petit garçon savait qu'il était une fille et l'imposait à tous. C'est un peu la même histoire que raconte "L'éveil de Maximo Oliveros". Sauf que ce film primé à Berlin se déroule aux Philippines et que ça change beaucoup de choses…Décidément, le cinéma asiatique n'en finit pas de nous étonner par sa vitalité, son inventivité et sa manière incroyablement neuve d'aborder l'homosexualité. Après Hong Kong, Taïwan, l'Inde, la Thaïlande ou la Chine , c'est donc du côté des Philippines que les choses bougent.
"L'éveil de Maximo Oliveros", merveilleux premier film signé Auraeus Solito en est une bonne preuve puisque cette comédie dramatique couronnée du Teddy d'Or du dernier festival de Berlin (le prestigieux prix du meilleur film gay de la berlinale) fait montre d'une liberté de regard et de ton assez incroyable pour poser la question du genre mais aussi celle de la sexualité pré-adolescente. Car le héros de cette histoire, Maximo, rejeton d'une famille de petits voleurs d'un des quartiers défavorisés de Manille, a à peine 12 ans et a déjà affirmé aux yeux de tous son identité féminine (ses frères et son père s'accommodent très bien de ses manières efféminées, de ses vêtements et de ses goûts), et s'apprête à faire ses premiers pas dans la sexualité lorsqu'il tombe amoureux d'un policier qui le prend sous sa protection. C'est dire si, couplé avec la description de la pauvreté, de la violence sociale, de l'intolérance ambiante, il y aurait de quoi sombrer dans le misérabilisme ou le sensationnalisme faciles. Or ce n'est jamais le cas. Et même si le quotidien de Maximo n'est pas rose, même si le film est tout sauf un long fleuve tranquille (le garçon qui arbore un t-shirt "Good girl" doit affronter et sa famille et la société pour mener l'existence qu'il désire), il y règne une sorte d'évidence, de naturel, d'absence de complexes quant à ces questions et à la manière dont Maximo les vit qui laisse pantois, admiratifs et, au bout du compte, formidablement optimistes. Mis en scène avec beaucoup d'élégance, écrit avec une étonnante fraîcheur, ce film très singulier où il est question de premier amour, de corruption, de liberté d'être soi, etc., a beau avoir été tourné avec des bouts de ficelle : c'est un petit bijou.
"L'éveil de Maximo Oliveros", de Auraeus Solito, avec Nathan Lopez, Jr Valentin, Soliman Cruz. Sortie le 4 avril.
>> Encore l'Asie !
Une comédie asiatique se déroulant à Londres parmi la communauté chinoise de la capitale anglaise, tel est le programme de "Cut sleeve boys", où un jeune playboy chinois habitué à tous les succès repousse un joli provincial british avant de se rendre compte qu'il l'aime et que, la trentaine approchant, son sex-appeal n'est plus irrésistible… Autour de cette romance gentiment cruelle gravitent des personnages de folles hautes en couleur qui épicent le récit. Si le film n'est pas vraiment subversif, il n'en a pas moins été interdit dans un des pays les plus homophobes d'Asie (et du monde) : Singapour.
"Cut sleeve boys", de Ray Yeung. Dist. DVD : Optimale.
Les plus belles surprises venues d'Asie
Le cinéma asiatique n'en finit pas de nous offrir de belles surprises et de nous parler différemment d'homosexualité, avec une liberté, une originalité et une force vraiment étonnantes. La preuve par trois cette année encore, avec un film philippin, un film indien et un film thaïlandais.
Présenté (à juste titre) en ouverture de cette édition du Festival, "L'éveil de Maximo Oliveros" de Auraus Soleto arrive auréolé du Teddy d'Or récompensant le meilleur film gay du dernier festival de Berlin. Avec une grande tendresse, le réalisateur dresse le portrait d'un drôle de garçon, Maximo, 12 ans, dont les manières féminines et les goûts particuliers ne semblent poser problème à personne dans un milieu pourtant défavorisé, tout comme la liaison qu'il entame avec un beau policier semble particulièrement bien vécue par tous. Evacuant le misérabilisme facile ou la polémique sur la pédophilie, Auraus Solito impressionne par sa capacité à dépasser les idées reçues (sur le genre, sur la sexualité pré-ado, sur la situation sociale de son pays, sur l'homophobie ambiante) tout en racontant une histoire à la fois lumineuse et bouleversante.C'est aussi la remise en cause du genre qui occupe une grande place dans la comédie indienne "Navarasa" de Santosh Sivan où une jeune fille est confrontée à une découverte sidérante : son oncle, la nuit venue, se transforme en odalisque, et a décidé de se rendre dans une petite ville où se déroule chaque année un concours de beauté pour travestis et où les hommes peuvent devenir des femmes en épousant symboliquement un dieu… Partant à sa recherche, elle va découvrir un monde à part et attachant ainsi qu'une réalité troublante qui vont la pousser à aider son oncle à s'affirmer pour ce qu'il est vraiment. Entre comédie musicale, fable mythologique loufoque, film d'initiation et peinture réaliste d'une face cachée de l'Inde, "Navarasa" ne manque pas de charme et de fantaisie.
Deux caractéristiques qui s'appliquent sans forcer à la folie queer de ce Festival, "The adventure of Iron Pussy" du génial thaïlandais Apichatpong Weerasethakul ("Tropical malady"), comédie policière délirante et savoureuse, mais aussi hommage aux mélos et aux films musicaux traditionnels : son héros/héroïne est un caissier d'épicerie se transformant le soir venu en justicier transsexuel combattant le crime pour le compte du gouvernement, à la condition que celui-ci finance son faramineux budget vestimentaire… La liberté sexuelle la plus débridée est aussi au programme de sa lutte contre les méchants qui prend ici la forme de l'inquiétante Mme Pompidoi et de son organisation redoutable qui fabrique une drogue mystérieuse. e-llico 27 10 06
Shortbus : sex is beautiful
Cinq ans après son épatant "Hedwig and the Angry Inch", John Cameron Mitchell confirme qu'il est bien l'un des auteurs les plus excitants du new queer cinema américain. "Shortbus" (en salles le 8 novembre), concentré de sexe (ô combien !), d'humour, de nostalgie, de liberté, est tout bonnement l'une des meilleures nouvelles venues d'outre-Atlantique depuis longtemps.
Tout commence dans un appartement new-yorkais où un jeune homme se filme en train de tenter (et de réussir) une autofellation dont il tente de dissimuler le résultat (un restant de sperme) lorsque son boyfriend revient. Dans un autre quartier de la ville, un couple hétéro copule frénétiquement avec force halètements dans différentes pièces et positions. Ailleurs encore, une dominatrice en cuir humilie son client dont la jouissance gicle sur un tableau abstrait. En face du premier appartement, un solitaire mate…Le sexe dans tous ses états est partout dans "Shortbus", et surtout au Shortbus, sorte de salon underground où culture et sexualité se donnent rendez-vous pour des célébrations joyeuses dirigées par un travesti extravagant. Le Shortbus est ainsi le cœur de ce film extraordinairement libre, le lieu de rencontres et de retrouvailles des sept personnages principaux de cette histoire chorale, drôle et nostalgique à la fois, qui utilise le sexe comme un manifeste politique, à la manière de ce qui pouvait se faire dans un autre temps (celui d'avant le sida et la réaction conservatrice bushiste), les sixties-seventies.
Si le sexe (homo, bi, hétéro) est omniprésent ici et si, comme aime le souligner le metteur en scène, aucun des nombreux orgasmes n'a été simulé, "Shortbus" n'est pourtant pas un porno. Tellement pas qu'on en vient (presque) à oublier, au fil de la projection, l'incroyable accumulation de bites bandées, de seins, de culs, d'orgies de toutes sortes…
Parce que l'essentiel est ailleurs que dans la seule représentation sexuelle, aussi virtuose et savoureuse soit-elle. Il est dans la foi inébranlable de John Cameron Mitchell et de ses interprètes (qui ont tous été associés, durant plus d'un an, à l'élaboration et à l'écriture de ce film hors normes) dans les vertus libératrices d'une sexualité sans tabous, métaphore de la liberté individuelle mais aussi d'une utopie sociale empathique et généreuse. Et pourtant, les personnages de "Shortbus" se heurtent tous à des écueils liés à la sexualité : le couple gay s'ennuie et cherche un nouvel équilibre via un joli garçon venu faire le troisième, créant ainsi une nouvelle combinaison amoureuse insolite et harmonieuse ; la sexologue qu'ils consultent trouve une solution à son propre blocage (elle n'a jamais joui) grâce à la prostituée SM au cœur d'or ; le mari de la sexologue réussit lui aussi à dépasser ses craintes et même l'inquiétant mateur trouve une place dans l'univers composite du " Shortbus ", aux côtés d'un vieux monsieur, ex-maire de New York enfin sorti de son placard pour contempler les jeunes mecs…
C'est donc bien une fable idéaliste que filme avec élégance et brio John Cameron Mitchell dans un film superbement composé dont la bande originale brillante laisse parfois croire qu'on est dans une comédie musicale — le souvenir épatant d'"Hedwig… " et de sa transsexuelle rock n'y est certainement pas pour rien. Et si la comédie laisse parfois place à la douleur, cela ne gâte en rien le plaisir communicatif de ce film unique où le sexe, après le premier instant de stupeur, n'est jamais choquant. John Cameron Mitchell, qui a entre "Hedwig" et "Shortbus" produit le génial " Tarnation " de Jonathan Caouette, confirme ici son talent singulier et sa place de premier plan parmi les créateurs gay : rendez-vous dans le prochain numéro pour lire l'interview qu'il nous a accordé.
"Shortbus", de John Cameron Mitchell, avec Paul Dawson, PJ DeBoy, Justin Bond. Sortie le 8 novembre.
Vraiment queer ?
Parmi les invités du Festival (Olivier Meyrou, Emilie Jouvet, Jean-Pascal Hattu, Maria Beatty, Jan Dunn) qui viendront accompagner et présenter leurs films, le cinéaste américain Todd Verow est l'un des plus attendus même si ses premiers films, "Frisk" (d'après Dennis Cooper) et "Anonymous" (qui vient de sortir en DVD chez Les Films de l'Ange) n'ont pas vraiment convaincus en dépit de leurs allures underground et de leur volontarisme sulfureux.
"Vacation land", présenté au Festival cette année, laisse la même impression très mitigée, le cinéma de Verow alliant sujets sexuels et réalisation pudibonde : c'est à peine si on aperçoit trois secondes les fesses du jeune héros de "Vacation land" alors même qu'il est modèle pour un peintre, qu'il fait le gogo dans une boîte, qu'il couche avec son meilleur ami (consentant), qu'il se tape un mec pour lui piquer son fric, qu'il tripote un prof dans des chiottes pour lui extorquer un diplôme, et qu'il se lance finalement avec son ami-amant dans une virée minable et criminelle. Exercice assez vain, bourré de clichés, prenant sans cesse la pose, "Vacation land" ressemble à du cinéma queer mais n'en a que l'allure. E-llico 29 10 06
Du côté des docs
Trois documentaires sont au programme : le premier est consacré à une icône de la scène gay des années 80, le chanteur Klaus Nomi ("The Nomi song"), mort du sida en pleine gloire en 1983. Le second, déjà présenté à la télévision, revisite avec une grande intelligence et beaucoup de force (avec l'aide des différents avocats, de la famille de la victime…) un des crimes homophobes les plus terrifiants des dernières années en France, l'affaire François Chenu, battu à mort par trois skinheads à Reims en 2002. "Au-delà de la haine" n'est pourtant pas un film de vengeance mais une tentative pour comprendre ce qui a conduit à ce déchaînement de violence et dépasser cet acte barbare : la parole précieuse et infiniment juste des parents de François Chenu est pour beaucoup dans ce qui sourd de ce film bouleversant d'humanité.
Le dernier documentaire, "Phare, fard, FHAR ! ou la révolution du désir" se penche sur une page un peu oubliée de l'histoire des homosexuels en France : le militantisme homo des années 70 via des figures comme Guy Hocquenghem, René Scherer, Françoise d'Eaubonne… Loin de s'en tenir à un propos nostalgique, le film d'Alessandro Avellis et Gabriele Ferluga en profite pour interroger le présent des gays à la lumière de ce passé tout sauf dépassé. E-llico 27 10 06
L'Homme de sa vie,
Un homme marié succombe à son voisin homo : avec "L'homme de sa vie", c'est l'alchimie si compliquée du désir que décortique avec une élégance inouïe Zabou Breitman, servie pour cela par deux acteurs d'exception : Charles Berling et Bernard Campan. Un film lumineux, subtil, léger et profond qui marque un cap dans la manière dont le cinéma français montre l'homosexualité. Un peu comme "Brokeback Mountain" aux Etats-Unis…
C'est une histoire de presque rien que raconte avec un charme étourdissant le second film mis en scène par Zabou Breitman après "Se souvenir des belles choses", l'histoire d'une nuit et de quelques jours d'été dans une grande maison du sud de la France , sous un soleil éclatant, au bord d'une rivière, à l'orée d'un bois et d'un petit village. Ce décor magnifique, cette nature sereine que la cinéaste filme avec amour, avec attention, avec précision —et qui est comme la scène rêvée de cette histoire d'amour à laquelle nous sommes conviés — tient une place capitale, centrale dans ce maelström romantique où elle va nous entraîner.
L'histoire de deux hommes, d'une femme et de quelques autres, l'histoire de vies qui se croisent presque par hasard et qui se bouleversent les unes les autres, remettant en cause les certitudes et les habitudes, le confort des uns et les utopies des autres, chamboulant les couples et les solitudes, les fidélités et les refus de la norme, révélant les failles et réveillant les vieilles blessures. Deux hommes, une femme : situation de vaudeville, cartes mille fois rebattues par le théâtre et le cinéma, et pour lesquelles Zabou trouve une nouvelle combinaison quasi miraculeuse, entre légèreté et gravité, attendu et inattendu, plaisir et douleur.
Au départ, il y a un couple, Frédéric et Frédérique, en vacances avec leur petit garçon dans la grande maison familiale où se retrouvent aussi la grand-mère, des sœurs, des cousins, des enfants. Un soir de grande chaleur, ils invitent à dîner leur nouveau voisin, Hugo. Au cours du repas, à un beau-frère gentiment beauf et macho, Hugo lance, comme une plaisanterie provocatrice, qu'il est pédé.L'atmosphère un instant se rafraîchit, mais la nuit est belle, le vin est bon, les convives de bonne composition et les choses glissent et reprennent. Inchangées ? Pas vraiment. Un élément a changé : le regard de Frédéric sur ce nouvel ami qui le drague discrètement, comme par jeu.
Pour eux deux, la nuit va être longue, nuit de confidences et de secrets offerts à l'autre, nuit de troubles partagés dont la beauté va tout déclencher de la suite, nuit autour de laquelle Zabou tisse l'intégralité de son film, circulant en permanence entre elle et ce qui s'y joue et les jours suivants qui en découlent. Car cette nuit ébranle tout, remet tout en cause : le couple un peu sclérosé de Frédéric, la sexualité libre et revendiquée de Hugo, l'apparence de bonheur de l'un et de l'autre, leurs attentes, leurs espoirs, leurs visions du monde et de la vie.
L'intelligence du film de Zabou est de ne jamais s'appesantir. Il n'y a pas de discours dans "L'homme de sa vie", pas de démonstration, juste des émotions, des sentiments qui s'enchevêtrent, qui enveloppent les personnages, les dénudent et nous bouleversent. Mine de rien, par petites touches effleurées du bout des doigts, elle nous parle d'un homosexuel rejeté tout enfant par son père, d'un gay cherchant sa propre place de père d'une adolescente, d'un pédé en lutte permanente contre la norme, d'un homme bien dans une sexualité compulsive et sans tabous, d'un loup solitaire refusant de céder un pouce d'une liberté chèrement conquise, d'un homo refusant de voir le fantôme du sida, d'un artiste entre rêve et révolte… Mais aussi du couple et de ses concessions, des œillères que l'on se met tous, de l'insatisfaction de chacun face à sa situation, de la peur de la mort, de la beauté du jour qui se lève, de la sensualité d'un corps masculin nu dans une piscine, de la solitude, de la tendresse, de la tristesse enfouie, de tant d'autres choses. Et d'amour surtout. D'un amour lumineux qui n'est homosexuel que parce qu'il jaillit entre deux hommes, ce qui ne fait pas de " L'homme de sa vie " un film d'amour gay mais rien de plus ni de moins qu'un grand film d'amour.
"L'homme de sa vie", de Zabou Breitman, avec Charles Berling, Bernard Campan, Léa Drucker. Sortie le 11 octobre. E-llico 19 10 06Crips : un concours de scénarios contre les discriminations
Le Crips, Centre régional de ressources et d'information sur le sida, l'éducation à la vie affective et sexuelle, les drogues et les conduites à risque chez les jeunes, lance un concours de "scénarios contre les discriminations". Ouvert à tous -moins et plus de 18 ans, séparés en deux catégories- il récompense dix scénarios qui seront adaptés en films de 2 à 4 minutes par des réalisateurs professionnels, puis diffusés à la TV et au cinéma.
Au total, 300 prix seront décernés, dont 20 caméras vidéo pour les vingt premiers scénarios sélectionnés par un jury mixte (partenaires, personnalités, professionnels de la prévention, la culture, et l'audiovisuel).
Clôture du concours: 28 février 2007. Règlement et modalités sur www.contrelesdiscriminations.fr
e-llico Mis en ligne le 19/10/06
Découvertes exotiques
Ces découvertes sont d'autant plus intéressantes qu'elles viennent d'Italie, de Thaïlande, d'Israël, de Serbie, de Chine ou d'Allemagne, autant de contrées plus ou moins exotiques où les histoires gay ne courent pas forcément les écrans. Rocker célèbre de l'autre côté des Alpes, Luciano Ligabue signe avec " Italian lovers " (Antiprod) une sensible histoire d'amitié : quatre copains proches de la quarantaine décident d'achever, vingt ans plus tard, un week-end écourté à Rimini. Ils ont tous leur lot de plaisirs et de douleurs, de drames et d'espoirs qu'ils partagent et sur lesquels une ombre plane en permanence. Dans le groupe, on compte un médecin gay qui rêve d'un enfant et se fait agresser par un mec qu'il drague, et un couple de lesbiennes très bien dans leur peau.
Un téléfilm sur Max Jacob
Arte a débuté la semaine dernière, en région parisienne, le tournage du téléfilm Max Jacob. Nous sommes en février 1944 et le poète Max Jacob, homosexuel, juif converti au catholicisme, a été arrêté et conduit à Drancy. Une femme qu'il a aidée dans sa jeunesse va tenter l'impossible pour le sauver… Le rôle principal de ce film écrit par Dan Frank et mis en scène par Gabriel Aghion ( Pédale douce, Belle maman… ), est tenu par Jean-Claude Brialy face à Dominique Blanc, Guillaume Galienne, Féodor Atkine et Jean Claude Dreyfuss. Diffusion prévue à l'automne 2007. Têtu 04 10 06Un film réaliste de Bollywood consacré à l'homosexualité
Présenté en avant-première au festival du film Brisbane en août dernier, Quest est , après Daayara (1997) et Anaahat (2003), le dernier volet d'une trilogie que le réalisateur Amol Palekar a consacrée au sexe dans l'Inde d'aujourd'hui. Âgé de 62 ans, Amol Palekar a été l'un des comédiens stars de Bollywood dans les années 70 et 80 avant de passer à la réalisation. Le film, qui sort cette semaine sur les écrans indiens, raconte l'histoire d'un couple hétéro dont le mari quitte son épouse pour un homme. L'idée du réalisateur est de traiter l'homosexualité sous un axe réaliste en «affrontant» le sujet de l'homosexualité, loin des caricatures de gays que l'on trouve généralement dans les films bollywoodiens. En plein débat sur l'abrogation des lois antigay, Amol Palekar a déclaré vouloir, à travers ce film, apporter sa pierre à l'édifice pour une Inde plus tolérante et moins homophobe. «Mon propos est de montrer la réalité de l'homosexualité et en quoi elle n'est pas contre-nature ou anormale», a-t-il précisé, ajoutant que son film avait plusieurs niveaux de compréhension: «Tout aurait été normal dans l'esprit des spectateurs si mon héros avait quitté sa femme pour sa maîtresse et non pour un homme…» Têtu 04 10 06USA : honneur au baiser gay de Brokeback Mountain
Dimanche 5 juin, les MTV Movie Awards se sont déroulés en Californie, ajoutant de nouvelles récompenses au palmarès du film "Brokeback Mountain".
Le vote des téléspectateurs de MTV a en effet désigné Jake Gyllenhaal comme meilleur acteur mais lui a également décerné le prix du meilleur baiser, en compagnie de son partenaire Heath Ledger.
Heureux, le nouveau sex symbol s'est empressé de déclarer : "C'est un réel honneur, pas simplement pour moi et Heath, mais pour vous tous, qui avez sélectionné ce film et ce baiser plutôt qu'un autre".
Mis en ligne le 08/06/06 e-llicoDécouvert avec le succès international de " Satreelex ", le cinéma gay thaïlandais choisit une voie moins comique dans " Beautiful boxer " (Antiprod), très beau portrait d'un champion de boxe dont tous les combats et tout le parcours ne conduisent qu'à un seul but : faire accepter ce qu'il est au fond de lui-même, une femme. Tiré d'une histoire vraie (le champion en question est devenu un célèbre top model), ce film à l'esthétique envoûtante est une belle réussite. Très proche de l'esprit de " Satreelex ", le film allemand " Balls " (Optimale) est une comédie autour du sport (le foot en l'occurrence) avec un joueur viré de son équipe en raison de son homosexualité et qui en profite pour monter une équipe homo. D'Israël, c'est une forte histoire entre femmes que raconte " Nos vies bouleversées " (Antiprod) où une épouse modèle tombe amoureuse d'une émigrée africaine qui a fui son pays en raison de l'homophobie ambiante et qui y est bientôt renvoyée sur intervention du mari de son amante. Et c'est aussi une histoire entre femmes (qui là aussi finit mal) que le film serbe " Respire " (Antiprod) relate, entre une adolescente en révolte contre une famille réactionnaire, et la très libre sœur de son fiancé. Si " Respire " est loin d'être abouti et si sa vision de l'homosexualité est loin d'être satisfaisante, sa provenance (un pays d'Europe de l'est très hostile aux homos) en fait une vraie curiosité. Venu de Chine après être passé dans de multiples festivals depuis quelques années, " East palace, west palace " (Optimale) possède une force indéniable dans sa confrontation entre un jeune gay draguant dans les parcs de Pékin et un flic qui le harcèle : un jeu étrange et assez fascinant (malgré les afféteries de la mise en scène), entre SM et séduction, se met en place entre eux, révélant au passage une certaine réalité de la vie des homos en Chine populaire (même si le film n'a jamais été diffusé là-bas).
Festival de Saint-Tropez : un téléfilm sur le coming out en compétition
Le Festival de la fiction télévisée de Saint-Tropez, du 14 au 17 septembre, présente une sélection de téléfilms en compétition pour la huitième édition de ce festival, qui présente des oeuvres télévisuelles françaises.
En compétition cette année, France 2 présente "Le ciel sur la tête", l'histoire d'un couple qui perd la tête lorsque leur fils unique et adulé révèle son homosexualité. C'est Nicolas Mercier, auteur de "Clara Sheller", série à succès de France 2 l 'an passé dont l'un l'un des héros est gay, qui a écrit le scénario de cette comédie.
Mis en ligne le 12/09/06 e-llico
USA : les Oscars 2007 seront présentés par Ellen DeGeneres
Les prochains Oscars, le 25 février 2007, seront présentés par l'animatrice de télévision américaine lesbienne Ellen DeGeneres.
"Ellen DeGeneres a été retenue pour présenter les 79e récompenses de l'Académie (des arts et des sciences du cinéma). Ce sera la première fois que Mme DeGeneres présentera les Oscars", a précisé la productrice de la soirée, Laura Ziskin, dans un communiqué.
Née il y a 48 ans dans une famille d'ascendance française en Louisiane, Ellen DeGeneres anime l'émission "The Ellen DeGeneres show", tous les après-midi sur la chaîne NBC.
En trois saisons, "The Ellen DeGeneres show" a été récompensé par 15 Emmy Awards, les récompenses du petit écran américain. Artiste de music-hall, actrice et auteur de livres, elle avait provoqué un choc dans l'opinion publique en annonçant son homosexualité en 1997.
La cérémonie des Oscars, qui se tiendra au Théâtre Kodak de Hollywood à Los Angeles, est regardée par environ un milliard de téléspectateurs.
Mis en ligne le 08/09/06 e-llico
Le premier baiser gay de Daniel Craig
James Bond a une double vie: dans le film Infamous présenté hors compétition au festival du film de Venise, Daniel Craig a été vu embrassant un homme. Ce nouveau rôle de composition de l'acteur a été salué par la critique. Dans Infamous, tiré du roman De Sang Froid, de Truman Capote, Daniel Craig joue le rôle de Perry Smith qui avait assassiné brutalement une famille de fermiers dans le Kansas. Truman Capote s'était passionné pour ce fait divers et avait longuement confessé Perry Smith. Une attraction mutuelle est née entre les deux hommes. Le film montre un baiser entre Truman Capote (interprété par l'acteur anglais Toby Jones) et Perry Smith. «Je n'avais jamais imaginé que j'embrasserais un jour James Bond», a déclaré Toby Jones. Daniel Craig n'était pas à Venise pour présenter le film, il a repris son costume de James Bond pour tourner les dernières scènes de Casino Royale. Dans lequel, selon des rumeurs persistantes évoquées par la presse américaine, une relation homo-érotique se nouerait entre James Bond et Felix Leiter, l'agent de la CIA. Daniel Craig a plusieurs fois déclaré que son interprétation de James Bond serait plus «sensible» . Têtu 07 09 06
Tout Cukor à la Cinémathèque
Marilyn Monroe, Judy Garland, Katharine Hepburn, Elizabeth Taylor, Judy Holliday, Audrey Hepburn… toute l'œuvre de George Cukor est à la Cinémathèque française . Découvrez ou redécouvrez la touche très gay d'un des artisans les plus doués de l'usine à rêve. Ou comment un réalisateur bouscule avec élégance les codes et les identités sexuelles, pour s'inventer un monde à son goût.
Rétrospective George Cukor, jusqu'au 22 octobre, à La Cinémathèque
française, 51, rue de Bercy, 75012 Paris.
Têtu 25 08 06
Un «Lion» homo au Festival de Venise 2007
La 63ème Mostra de Venise commencera seulement le 30 août, et on parle pourtant déjà de l'édition de l'an prochain. En effet, le directeur de ce très prestigieux festival de cinéma, Marco Muller, vient d'annoncer qu'à partir de 2007, un nouveau prix sera remis au meilleur film homo, toutes sélections confondues. Pour M. Muller, ce prix s'inscrit dans l'histoire du festival, marquée par « l'ouverture de la Mostra vis-à-vis de la diversité ». En 2005, la Mostra avait d'ailleurs accordé son Lion d'or au Secret de Brokeback Mountain. Les réactions en Italie, notamment de la part de l'Église catholique, sont déjà très violentes. Cette initiative est le résultat d'un travail commun entre le directeur cinéma du festival, l'association ArciGay et l'organisateur des Journées du cinéma homosexuel, qui se tiennent sur la lagune vénitienne du 5 au 7 septembre. Les festivals de Berlin et de Sundance ont déjà leur prix spécial pour des films à thématique LGBT. À quand une Palme homo à Cannes? 23 07 06
«L'immeuble Yacoubian» reçoit le Grand prix du long-métrage à la Biennale des cinémas arabes
L'immeuble Yacoubian a remporté le grand prix du long-métrage à la Biennale des cinémas arabes, qui s'est tenue du 22 au 30 juillet à l'Institut du monde arabe (Ima) de Paris. Inspiré du célèbre roman d'Alaa Al-Aswani, le film de l'Égyptien Marwan Hamed, qui aborde notamment l'homosexualité, a remporté pour ce prix 7.500 euros et 5.000 euros d'aide à la distribution accordée par l'Ima. Trois acteurs, Adel Imam, Khaled al-Saxi et Nour al-Chérif, se partagent par ailleurs le prix du meilleur acteur. Belle revanche pour ce film, qui doit sortir en France le 23 août: 112 parlementaires égyptiens entendent le censurer, leur leader, Mustafa Bakri, estimant qu'il fait la promotion de «l'obscénité et la débauche». Têtu 02 08 06
Nicolas Cage dans un film sur Liberace
Nicolas Cage va produire un film sur la vie de Liberace. L'acteur américain jouera lui-même le rôle de l'extravagant pianiste, très populaire aux États-Unis des années 50 aux années 80. Le tournage est prévu pour octobre prochain, mais aucun réalisateur n'a encore été choisi. Pianiste pour la télévision ou dans des spectacles à Las Vegas, Liberace est mort du sida en 1987. Il a toujours nié vigoureusement être homosexuel, allant jusqu'à porter plainte contre les tabloïds qui le laissaient entendre. En 1982, son boyfriend Scott Thorson lui a réclamé plusieurs dizaines de millions de dollars de compensation après leur rupture. Il a continué à nier être gay et n'a jamais reconnu ensuite être malade du sida. Son style vestimentaire très haut en couleur a inspiré Elton John à ses débuts. Son influence a également été déterminante dans la carrière de Barbra Streisand. Il était l'artiste le mieux payé de Las Vegas jusqu'à ce qu'Elvis Presley vienne lui voler ce titre. Têtu 03 08 06
Un film gay islandais : esprit d'équipe Robert I. Douglas, Esprit d'équipe
On a tous en mémoire la joyeuse équipe de folles, de travs et de trans qui, dans la folie thaïlandaise "Satreelex" atteignait les sommets du championnat local de volley. "Esprit d'équipe" en est un peu la version islandaise, un peu moins colorée et fantasque, un peu plus dépressive et grise (c'est le climat qui veut ça), la plus grosse différence tenant au fait qu'ici c'est de foot dont il est question. Quand le joueur vedette d'une équipe de Reykjavik fait son coming out, son père imagine de l'envoyer chez un psy, ses coéquipiers hésitent à prendre leur douche avec lui, les dirigeants du club décident de l'exclure et le voilà, pour continuer à taper dans le ballon, obligé de monter une équipe complètement gay… Enorme succès en Islande, ce petit film sympathique réussit à parler d'homophobie dans les milieux sportifs, d'homoparentalité, de différence et de désir de normalité et à se terminer sur d'épatantes images de la Gay Pride locale…ce qui n'est pas si mal. Gros bémol : les sportifs islandais ne sont pas sexy pour un sou… "Esprit d'équipe", de Robert I. Douglas. Sortie le 19 juillet. Cette semaine, parmi les nombreux films de sortie, il faudra surtout aller voir "Esprit d'équipe" réalisé par Robert Douglas. Le film raconte l'histoire de Ottar Thor, un joueur de football adulé dans son pays, qui se fait virer de son équipe, le KR (Reykjavik FC), le jour où il décide de révéler son homosexualité. Il rejoint alors une équipe de footballeurs gay amateurs, mais là encore il doit faire face à l'homophobie des équipes adverses. Son père, le directeur du KR, veut que son fils réintègre l'équipe à condition qu'il redevienne hétérosexuel. Adroit dans son propos, ce film qui a fait un carton en Islande réussit à parler intelligemment d'homophobie dans le milieu sportif, de différence, de désir de normalité et même d'homoparentalité. Mis en ligne le 19/07/06 e-llico
Juifs et gays : un docu exclusif au MK2 Quai de Seine
Difficile d'être homosexuel lorsqu'on est juif orthodoxe. L'homosexualité est considérée comme un péché mortel et ceux qui souhaitent continuer à vivre selon des préceptes religieux très stricts tout en pratiquant leur sexualité se trouvent confrontés à un véritable dilemme.
C'est ce sujet que le réalisateur américain Sandi Dubowski a choisi de traiter dans "Trembling Before G-d,", un documentaire où il explore différents cas de figure chez des célibataires ou des couples aux Etats-Unis et en Israël et nous livre ainsi des témoignages poignants.
Ce film sera présenté dans le cadre des Mardis de "Courrier international", le mardi 4 juillet 2006 à 20 h 30 au cinéma MK2 Quai de Seine (métro : Jaurès ou Stalingrad). La projection sera suivie d'un débat en présence du réalisateur, Sandi Dubowski.
Tarif : 6,80 euros ou 5,30 euros pour les spectateurs présentant un exemplaire du dernier numéro de "Courrier international". Mis en ligne le 27/06/06 e-llicoAu delà de la haine : Une très riche enquête sur l'homophobie
Des agressions souvent violentes en banlieue aux propos insultants et haineux venus du monde politique, "Haro sur les homos !" , le document diffusé lundi 5 septembre, dans le cadre des "Lundi investigation" de Canal Plus, a réuni un matériau passionnant pour dresser l'état des lieux de l'homophobie en France.
Décidément, après la réussite exceptionnelle de "Au-delà de la haine", diffusé il y a quelques semaines sur France 5 , le sujet de l'homophobie inspire la télé. Car, pour ceux qui penseraient que l'homophobie n'est qu'un fantasme , "Haro sur les homos !" apporte un démenti aussi cinglant qu'argumenté.
Dans une enquête n'oubliant aucun des aspects constitutifs d'une détestation des gays qui peut prendre de multiples formes (insultes, agressions physiques, brimades, mépris…) et se nourrir à des sources tout aussi diverses (religions, exclusion, préjugés, éducation…), Alexis Marant et Julien Bur alignent des pièces à conviction et des témoignages incontestables. Ils rencontrent ainsi David Gros, victime en 2004 à Marseille d'une bande de jeunes casseurs de pédés qui lui laissent le visage détruit, mais aussi une partie de ses agresseurs, gamins des cités qui paraissent ne rien regretter de leur violence. L'un des membres du groupe — absent lors de l'attaque — affirme même, face caméra, qu'on devrait enfoncer des bâtons dans le cul des pédés pour leur montrer combien ça fait mal !
Des paroles de cette teneur, on en entendra d'autres dans cette plongée dans des quartiers où on se doutait bien que ce n'était pas facile d'être homo mais où on est sidéré de la dureté avec laquelle ce rejet s'exprime : que ce soit dans la famille de Jonathan, tout jeune vendeur de viennoiserie ayant déjà fait quatre tentatives de suicide, ou lors des rencontres organisées avec des ados des cités par le Collectif contre l'homophobie de Montpellier. Il y a aussi ce garçon qui a dû fuir son quartier pour survivre et s'est reconstruit une famille en adhérant à Act Up ; cet autre qui refuse de parler à visage découvert et avoue que c'est tellement dur qu'il ne souhaiterait qu'une chose : être hétéro…
S'il s'en tenait là, ce documentaire serait déjà plus qu'utile. Il refuse pourtant de se contenter de jeter la pierre à ceux qui sont déjà en marge de la société et il pointe la frilosité (pour ne pas dire plus) de l'institution Education nationale ainsi que la responsabilité majeure de certains hommes politiques, tel Christian Vanneste, le député UMP rendu célèbre par ses déclarations sur l'homosexualité menace pour l'humanité (voir portrait p. 11), qui réitère ici sur ses propos nauséabonds. Un travail exceptionnel.<
Ça balance
Vanneste ne se contente pas, dans ce doc, de reprendre ses paroles infamantes sur les homos. Il balance aussi le double langage de l'UMP et de Nicolas Sarkozy. "Ce sont des opportunistes qui se disent "Oh la la la la, attendez : c'est un lobby qui a une importance considérable dans les médias. Vous allez me brouiller avec les journalistes "qui en sont" (…) Tu ne te rends pas compte de la situation dans laquelle tu me mets !" Ça, c'est une citation dans le texte… Ça, c'est Nicolas Sarkozy, pour le dire, que j'estime énormément mais qui sur ce coup là m'a déçu". Mai 06
Cinéma Queer à Caen
Soirée Le 23/06/2006à 20h00
Lieu : Cinéma Lux - 6 avenue Sainte Thérèse - 14000 Caen
Lien officiel : queer-a-caen.c.la/Ne manquez pas la soirée de projection de films et de débats autour de la théorie Queer, le mouvement de déconstruction des identités sexuelles. Issus des minorités gays et lesbiennes et d'auteurs tels que Deleuze ou Foucault, le Queer renverse les perspectives hétérocentrées et revendique une affirmation des minorités, tout en proposant une fluidité des désirs et des identités. Ce mouvement vient éclairer de nombreux débats contemporains, aussi bien sur les questions des politiques sexuelles que sur des questions artistiques. Le long-métrage Venus Boyz de Gabriel Baur, et huit courts-métrages seront projetés pour la première fois à Caen. Le débat sera animé par Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros, organisateurs du 1er Festival de Films Queer de Paris.Têtu
Rouen: cinéma homo. Festival Du 16/06/2006 au 18/06/2006
Lieu : Cinéma Le Melville - 76 rue du Général Leclerc - 76000 Rouen
Lien officiel : www.collectif-comme-ca.com 6è édition des journées du cinéma lesbien et gay à Rouen. De l'histoire du mouvement homosexuel à la question transgenre, de l'humour aux relations sentimentales, le collectif Comme Ça! propose une programmation riche et variée de films venus du monde entier.
Renseignements:06.89.75.30.08 Têtu
¡ Almodóvar Exhibition ! Festival
Du 05/04/2006 au 31/07/2006 à 14h00 Lieu : Cinemathèque de Paris - 51 rue de Bercy - 75012 Paris Lien officiel : www.cinematheque.fr
Le 5 avril, ouverture de l'événement ¡ Almodóvar Exhibition !, avec une exposition, une intégrale, et une carte blanche donnée au cinéaste espagnol.
Le cinéma de Pedro Almodóvar est traversé par le désir. Celui de ses personnages, multiples, bariolés, incandescents - désir de l'homme envers la femme et inversement, mais également de l'homme envers son double. Le cinéma d'Almodóvar aime jouer avec le déguisement et le travestissement. Mais ce désir et ce travestissement concernent également la forme artistique, traversée par de multiples références et affinités : goût prononcé pour les couleurs et les objets, la musique et les rythmes, l'inspiration kitsch ou pop.Cette accumulation de signes effervescents et significatifs fait la richesse de son cinéma. En consacrant une exposition à Pedro Almodóvar, la Cinémathèque française propose à travers un parcours parsemé de divers objets fétiches - affiches, photographies, tableaux, décors, bruits, extraits de films, et tant d'autres choses encore - une lecture vivante et ludique d'une oeuvre visuelle et plastique parmi les plus stimulantes du cinéma contemporain. Têtu
ian Mc Kellen
Cannes: les X-Men contre les discriminations
On avait déjà pu savourer dans X-Men 2 le coming-out d'un mutant à la manière d'un coming-out homo. Et nous n'avions pas été surpris d'apprendre à l'époque que Bryan Singer, le réalisateur des deux premiers chapitres de cette saga de science-fiction, était gay. À l'occasion de la présentation de X-Men 3 à Cannes, le lundi 22 mai, les acteurs Ian McKellen, Halle Berry et Patrick Stewart ont évoqué les discriminations dont ils ont été victimes alors que le film dans lequel ils jouent, X-Men 3, réalisé par Brett Ratner aborde le thème de l'exclusion et de la différence à travers des personnages de mutants. L'élément central du film est l'invention d'un «vaccin» capable de «guérir» les mutants de leurs superpouvoirs qui leur valent la méfiance ou l'hostilité des humains normaux. «Je suis homosexuel et cette histoire me tient à cœur car certaines personnes pensent que cela devrait être soigné.Je trouve cette idée aussi offensante que de dire qu'on devrait soigner des gens pour la couleur de leur peau», a déclaré le Britannique Ian McKellen (interprète du mutant Magneto), acteur connu pour son combat en faveur de la cause homosexuelle. «Je me sens proche de ce thème, qui me touche personnellement», a quant à elle affirmé l'Américaine Halle Berry (Tornade), qui a par le passé évoqué les difficultés qu'elle avait pu rencontrer en tant que femme de couleur. Le Britannique Patrick Stewart (professeur Xavier) a lui mentionné son enfance pauvre: «À l'époque, j'avais l'impression d'être un individu de seconde zone. C'est pourquoi tout ce qui touche à l'égalité est très important pour moi» .
(avec AFP) Têtu 23 05 06
Cineffable: déjà 10 ans de Best of Mixte
Dix ans que le Best Of Mixte (B.O.M. pour les intimes) soutient le cinéma lesbien et féministe international. Une nuit spéciale, la «Gouine night is falling», reviendra sur 10 ans de production cinématographique, alternant avec des performances au MK2 Hautefeuille à Paris, dans le VIe arrondissement. Les organisatrices racontent avec humour qu'elles souhaiteraient «passer de Gazon maudit à "Prairie joyeuse ». Au programme de cette nuit anniversaire, qui aura lieu de minuit à l'aube au cinéma Action Christine, deux longs-métrages allemands Ganz Oben et Alles wird gut et huit courts-métrages. « En dehors d'événements comme le nôtre, s'il y a liberté d'expression, il y a peu de films montrant des images positives de femmes et de lesbiennes en France », a souligné l'équipe du Festival à Têtu . Petit bémol toutefois: «Le Centre national de la cinématographie [CNC] persite à interdire l'accès de ce festival, au vu des seuls résumés, aux mineurs de moins de 16 ans .» .Têtu 11 05 06
Transamerica de Duncan Tucker avec Felicity Huffman, Kevin Zegers
Etrange histoire que celle qui nous fait traverser les Etats-Unis dans "Transamerica" : celle d'une mère qui ne le savait pas pour la simple bonne raison qu'au moment où elle a donné la vie elle était… un homme, et qu'elle n'a donc jamais vu l'enfant né de sa seule expérience avec une femme. Elle en apprend l'existence lorsque la mère biologique étant morte, c'est elle que l'on contacte pour lui apprendre que son ado de fils inconnu (et sexy) a été incarcéré. C'est donc l'histoire de cette rencontre et du voyage à deux de New York à Los Angeles que raconte ce film très classique dans la forme, celle de la découverte, de l'apprivoisement et de la vérité qui peu à peu se livre. Interprétée par l'excellente Felicity Huffman (une des "Desperate housewife"), cette mère un peu particulière est souvent touchante dans son conservatisme revendiqué et ses tailleurs fermés jusqu'au cou. N'empêche que faire interpréter une transsexuelle par une femme pose un vrai problème… Têtu 10 05 06
Coup de cœur pour Sébastien Lifshitz
Sébastien Lifshitz s'est fait remarquer avec son moyen-métrage "Les Corps Ouverts", récompensé en 1998 par le Prix Jean Vigo. Depuis, son cinéma ne cesse de mettre en scène le désir homosexuel au plus près de sa violence et de sa sensibilité.
A toute allure
Le flot désormais ininterrompu de films homos inédits en salles qui arrivent directement en DVD recèle parfois de bonnes surprises comme "Goldfish memor" (Antiprod), charmante comédie irlandaise où tous les amours (hétéros, homos, bi…) se croisent sans se heurter, ou comme l'envoûtant "Butterfly" chinois (Antiprod), amour entre filles sur fond de révolte étudiante en Chine. Pas mal non plus, "Eating out" (Optimale) où un garçon séduit par une "fille à pédés" utilise un curieux stratagème pour attirer son attention, quitte à risquer des conséquences inattendues… Bien mené (mais pas d'une folle originalité), "All the rage" (BQHL) raconte l'histoire d'un amour improbable entre un bel avocat et un homme bedonnant. Dans le gentil "Summer storm" (Antiprod), ce sont les doutes, les troubles, les émois adolescents qui sont secoués dans tous les sens au cours d'une compétition d'aviron estivale. Parmi les équipes en lice, une est composée uniquement de jeunes gays dont la seule présence va mettre à jour un certain nombre de secrets. Plus sexy, "Nine lives" (BQHL) croise avec un certain brio neuf destins sur fond de drogue, de désirs, et de pulsions parfois hard. "Testosterone" (Optimale) pour sa part aligne les beaux mecs mais sans leur faire faire grand chose, et on s'ennuie ferme.
samedi 22 avril 2006 Nuit Rose
Le MAG - Mouvement d'Affirmation des jeunes Gais et Lesbiennes organise chaque année une nuit de films gays et lesbiens : la « Nuit Rose ». Sous ce titre faussement évocateur se cache une sélection de longs métrages et de programmes courts ayant l'homosexualité comme fil conducteur.
L'association MAG-Jeunes Gais et Lesbiennes, qui regroupe des jeunes de 16 à 26 ans, accueille, écoute et soutient les jeunes homos, bisexuels ou en questionnement sur leur orientation sexuelle et entreprend des actions de lutte contre l'homophobie en milieu scolaire. Pour la huitième année, des bénévoles se mobilisent pour mettre sur pied une nuit du cinéma qui propose des oeuvres s'adressant aussi bien aux hommes qu'aux femmes.La Nuit Rose est à l'image de ceux qui l'organisent : jeune et dynamique. Mais cet événement est ouvert à tous et le public, gays, lesbiennes et hétéros de tous âges, ne s'y trompe pas.
Pourquoi une nuit de films gays et lesbiens ?
La Nuit Rose a été initialement mise en place dans un contexte où l'accès à des films présentant des héros gays ou lesbiennes était généralement difficile, en particulier pour les jeunes homos. La Nuit Rose constituait alors une opportunité pour les gays et lesbiennes de voir des films dans lesquels ils pouvaient se retrouver.
Au fil des années, la Nuit Rose du MAG est devenu un rendez-vous culturel populaire et convivial, très attendu d'un public toujours plus nombreux. A l'objectif premier d'offrir un espace de visibilité cinématographique aux gays et lesbienness'est ajoutée la volonté de faire découvrir des films inédits peu diffusés dans les circuits classiques, et de donner à ces oeuvres une chance de rencontrer leur public.Programme de la Nuit Rose 2006
Trois longs métrages inédits et une sélection de courts métrages seront diffusés lors la Nuit Rose. Tous les films seront projetés en VO sous-titrée français.
Manner wie wir de Sherry Horman (Allemagne, 2004)
El favor de Pablo Sofovich (Argentine, 2004)
Almost normal de Marc Moody (USA, 2005).
des courts métrages : Les couilles de mon chat de Didier Bémaureau (France, 2004) Far West de Pascal-Alex Voncent (France, 2003) Kathleen's closet de Sheila Jordan (Canada, 2005)
Tarifs : 15 euros sur place, 10 euros en prévente. Petite restauration disponible sur place. Petit-déjeuner offert. Préventes : réventes au local du MAG jusqu'au 21 avril inclus : le vendredi de 18h à 22h et le samedi de 16h à 20h (106 rue de Montreuil, 75011 PARIS, métro : Nation ou Avron) préventes par correspondance jusqu'au 15 avril inclus (cachet de la poste faisant foi) : appeler au 01 43 73 31 63 (de préférence le vendredi entre 18h et 22h ou le samedi entre 16h et 20h) Renseignements : par e-mail : nuitrose@mag-paris.org rendez-vous de 22h30 à l'aube Ciné 104 104 avenue Jean Lolive
Pantin (métro Eglise de Pantin)
La question gay
"Il ne suffit pas de parler de l'homosexualité pour en parler ". Incontestable spécialiste d'Almodovar (il est l'auteur d'un livre d'entretiens qui fait référence [1]), Frédéric Strauss, commissaire de l'exposition consacrée au grand Pedro à la Cinémathèque , sait de quoi il parle quand il utilise cette pirouette. Car il résume ainsi ce qui fait la singularité du cinéma du cinéaste espagnol : chez lui, dans les seize films qu'il a réalisé depuis un quart de siècle, l'omniprésence de l'homosexualité n'en a jamais fait un sujet suffisant. De multiples personnages sont pédés, lesbiennes, travestis, transsexuels dans ses films ? Oui, et alors ? semble nous dire Almodovar. Et c'est bien ce qui lui donne une stature très différente de la plupart des cinéastes dits "gay" : "La question de l'homosexualité chez Almodovar ne se réduit jamais à montrer deux hommes vivant une relation amoureuse ou sexuelle, poursuit Frédéric Strauss. Pour lui, on n'a rien fait quand on a montré ça. Il lui faut trouver une clé, creuser, se servir de ce point de départ, de ce fait, pour raconter autre chose."
(1) "Conversations avec Pedro Almodovar", éd. Cahiers du Cinéma.
Queerissimo Queer ou camp, là est la question face à ces œuvres étranges venues d'ailleurs que le DVD ressuscite pour notre plus grand bonheur. Alors, définitivement camp, le "Phantom of the Paradise" de Brian De Palma (Opening Edition), chef-d'œuvre du musical glam-rock et horrifique, folie baroque d'après "Le fantôme du paradis", avec ses personnages extrêmes (son rocker folle à lier, son musicien vendant son âme au diable…), ses décors clinquants, son mauvais goût génial. Camp encore, mais aussi brillamment queer, l'œuvre démesurée de John Waters qui, dans les années 70-80, imposa son univers furibard et provocateur dont l'héroïne est l'irremplaçable Divine. Une bonne partie de ses films sort quasiment en simultané : son dernier (pas le meilleur), "A dirty shame" (Metropolitan) ; celui qui marque sa transition vers la normalisation (le musical "Cry-baby" avec Johnny Depp, chez Universal) ;
et un coffret de ses chefs-d'œuvre (chez Metropolitan), de "Pink flamingos" à "Hairspray", de Divine mangeant de la merde de caniche à l'invention de l'odorama, de la famille la plus trash du monde à un concours de madison, d'un improbable royaume à la reine difforme à une tueuse au maquillage aussi léger qu'un coup de truelle !
Enfin, magnifiquement queer, le cinéma du plus grand auteur gay du cinéma anglais, Derek Jarman, dont Cinémalta a la formidable idée d'éditer deux films en coffret : le portrait assez surréaliste du philosophe "Wittgenstein" et surtout l'éblouissant "Caravaggio", biographie plus ou moins imaginaire du peintre de la Renaissance italienne. Brillante réflexion sur la création, "Caravaggio" est aussi un film à l'homosexualité revendiquée : une homosexualité révolutionnaire transcendant les classes sociales puisque c'est parmi la populace que le Caravage trouve ses amants et ses modèles, au grand scandale des dignitaires religieux, indignés de voir des prostituées poser pour des tableaux représentant des saints. L'édition est luxueuse. Têtu 25 03 06
samedi 18 mars 2006 Festival Cinema et Homosexualité
12ème édition du festival des cultures LGBT de Nancy, organisé par l'association Homonyme, du 18 mars au 4 avril. La grande soirée d'inauguration se déroulera le samedi 18 mars avec Madame H, la marraine du festival 2006 qui présentera le film de Rémy Lange, The sex of Madame H à la Salle Schepfer de l'Hôtel de Ville de Nancy, en présence de tous les copains et toutes les copines de Madame H... une fête à ne pas manquer, un programme de folie dont seul Madame H a le secret ! Pour tout savoir sur la programmation : cinema-et-homosexualite
Les Canadiens «crazy» de C.R.A.Z.Y!
Lors de la soirée des prix Génie à Toronto, l'équivalent canadien des Césars ou des Oscars, le film québécois C.R.A.Z.Y. a fait un tabac. Le long-métrage de Jean-Marc Vallée a remporté 11 prix sur 22, dont ceux du meilleur film et de la meilleure direction artistique. C.R.A.Z.Y. partait favori, avec 12 nominations. Le film relate de façon très originale l'histoire d'un jeune garçon pas comme les autres qui grandit au sein d'une famille de cinq fils, dans le Québec bouillonnant de la Révolution tranquille des sixties. Fasciné par le glam rock, il y fait un coming-out maladroit, puisqu'il renie un temps sa nature profonde pour ne pas se priver de l'amour de son père. Sorti en mai 2005 au Québec, le film y a remporté un succès phénomènal, dépassant le million d'entrées dans un État d'à peine six millions d'habitants. Un triomphe comparable à celui remporté actuellement par Les Bronzés 3… Vendu dans le monde entier, C.R.A.Z.Y. sortira en France le 26 avril prochain.
Têtu 15 mars 06
«C.R.A.Z.Y», élu meilleur film québécois de tous les temps
Une consultation populaire organisée par le Mouvement national des Québecois (dans le cadre du concours de la Fête nationale 2006 du Québec) place C.R.A.Z.Y. comme le meilleur film québécois de tous les temps. Quelque 20.000 personnes ont participé à ce sondage. Colossal succès dans la Belle Province (le film a été vu par un Québécois sur trois), l'histoire de cet ado qui cache son homosexualité de peur de s'éloigner d'un père qu'il aime trop est aussi un succès en France. En 13 semaines, le film a déjà attiré près de 400.000 spectateurs en France, soit presque autant que La rupture avec Jennifer Aniston. 08 08 06Cinéma : le film C.R.A.Z.Y. grand gagnant des Oscars québécois
Le film C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée a raflé l'essentiel des prix dimanche soir lors de la soirée des Jutras, l'équivalent québécois des Oscars, remportant quasiment toutes les récompenses, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Grand succès du film québécois en 2005, C .R.A.Z.Y. raconte la chronique d'une famille catholique québécoise dans les années 1960 et 1970 et du fils cadet qui lutte contre son homosexualité pour se faire accepter par son père.
Le film de Jean-Marc Vallée a été couronné dans 13 catégories. Le prix du meilleur acteur est allé au jeune Marc-André Grondin, héros de C.R.A.Z.Y., qui a aussi raflé les prix des meilleurs seconds rôles, féminin et masculin.
C.R.A.Z.Y. a également remporté le billet d'or récompensant le film ayant réalisé le plus d'entrées au box-office, ainsi que celui du film s'étant le plus illustré à l'extérieur du Québec. Il a rapporté 6,3 millions de dollars au Canada, dont 6 millions au Québec.
Le film de Jean-Marc Vallée avait déjà largement dominé, la semaine dernière, les cérémonies des 26e Génies, les prix cinématographiques pour l'ensemble du Canada, récoltant 10 récompenses dont celles de meilleur film et de meilleur réalisateur.
Mis en ligne le 21/03/06 e-llicoCinéma : le film-phénomène québécois C.R.A.Z.Y. sort en France
Véritable phénomène au Canada, le film "C.R.A.Z.Y." qui a connu un succès énorme outre-atlantique et qui dépeint l'histoire d'un gay dans les années 60, sort sur les écrans français.
Avec "C.R.A.Z.Y.", le réalisateur Jean-Marc Vallée dépeint l'histoire de Zach, un adolescent québécois des années 60, qui lutte contre son homosexualité pour se faire accepter de son père.
Le film a été un véritable raz-de-marée au Québec. En mars dernier, lors de la cérémonie des oscars québécois, "C.R.A.Z.Y." a raflé treize récompenses, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. Une semaine plus tôt, il en empochait dix autres aux trophées cinéma du Canada.
" C.R.A.Z.Y. ", c'est l'histoire de Zachary Beaulieu, né le 25 décembre 1960 dans une famille catholique et populaire du Québec et qui peine pour se faire remarquer de son père, qu'il idolâtre. D'autant que ses penchants pour les déguisements féminins ont le don d'exaspérer ce dernier.
En effet, Zachary est une "fiff", un homosexuel en argot québécois, mais pour exister aux yeux de son père, il doit réfréner son attirance pour les garçons.
Le film est basé sur l'histoire du co-scénariste et ami du réalisateur François Boulay. Succès inattendu au Canada, reste à savoir si le contexte et l'humour québécois séduiront le public français avec le même engouement.
Mis en ligne le 03/05/06 e-llico
Berlin : le prix Teddy du meilleur documentaire gay attribué à Au delà de la haine
Pour leur vingtième édition, les Teddy Awards ont récompensé une fiction philippine et un documentaire français, "Au delà de la haine", sur la mort de François Chenu tué par des skinheads à Reims.
Le prix "Teddy" du meilleur film gay et lesbien, décerné en marge de la Berlinale , a été attribué au film du Philippin Auraeus Solito, "Ang Pagdadalaga ni Maximo Oliveros", a annoncé le jury de cette récompense qui fête cette année ses 20 ans. Ce prix, doté de 3.000 euros, récompense un film du festival, toutes catégories confondues, qui s'intéresse de près ou de loin aux homosexuels et lesbiennes. "Ang Pagdadalaga ni Maximo Oliveros" ("L'épanouissement de Maximo Oliveros") était sélectionné cette année dans la catégorie des films pour enfants de la Berlinale. Il raconte l'histoire d'un jeune garçon de 12 ans homosexuel dans les bidonvilles de Manille.
Le "Teddy" du meilleur documentaire, doté également de 3.000 euros, a quant à lui été décerné au Français Olivier Meyrou pour "Au-delà de la haine", un documentaire avant et pendant le procès aux assises des trois skinheads, accusés d'avoir battu à mort un homosexuel. Le réalisateur, présent à Berlin, a dédié son Teddy" à François Chenu, mort noyé après avoir violemment battu par ses agresseurs.
Mis en ligne le 20/02/06 e-llicoLe jury du Festival de Berlin a attribué l'Ours d'argent et le prix spécial du jury à En Soap, film suédo-danois dont l'une des héroïnes est transsexuelle. La veille, s'était tenue la cérémonie de remises des Teddy Awards, qui récompensent les meilleurs films gay et lesbiens. Pour son 20e anniversaire, la soirée présidée par le maire de la ville, Klaus Wowereit, et le président de la Berlinale , Dieter Kosslick, tous deux ouvertement gays, a bénéficié des prestations de Nina Hagen, de la reine de New York Shequida et du violoniste David Garrett. Mais surtout, les intervenants ont insisté sur le besoin de vigilance face à l'homophobie, qui était au centre de cette célébration. Dans son discours, Klaus Wowereit n'a pas hésité à critiquer haut et fort le gouvernement polonais et surtout son président Lech Kaczynski. La présence d'un député polonais luttant pour les homosexuels dans son pays et demandant le soutien des autres pays a été très remarquée. Un autre moment fort fut l'hommage rendu aux homosexuels qui se battent pour leurs droits en Afrique du Sud à travers la voix de la cinéaste Rose Troche.
Le prix du court-métrage est revenu à El Dia Que Mori, qui conte les premières expériences amoureuses d'une jeune lesbienne. Enfin, l'œuvre expérimentale Combat, du belge Patrick Carpentier, fut couronnée par le prix spécial du jury. Patrick Carpentier filme deux jeunes gays qui se battent et se frappent au milieu d'une forêt. Les images particulièrement esthétiques alternent entre violence et douceur sans jamais montrer un baiser, et pourtant ce combat reste un acte d'amour. Têtu
Le club des coeurs brisés
Sélection du Festival de films gay et lesbiens de Paris 2001.
Dennis, photographe prometteur, se demande si ses amis, tous homosexuels comme lui, sont la pire ou la meilleure chose qui lui soit arrivée. Ils le rendent fou, mais ils sont sa source de vie et de réconfort. Ils se réunissent régulièrement dans le resto de Jack, baptisé le Broken Hearts Club. Lorsqu'une tragédie s'abat sur le groupe, leur amitié est mise à l'épreuve... Une histoire drôle et émouvante sur l'amitié et ses déboires, ainsi qu'un regard frais et réaliste sur l'univers gay.
Pays-Bas : Ayaan Hirsi Ali ne baisse pas la garde
Son court métrage : soumission 1 qui traitait de l'oppression des femmes musulmanes avait valu des menaces de mort à la députée hollandaise d'origine somalienne, proche de la droite libérale. Depuis la mort de Théo Van Gogh elle est sous surveillance policière permanente. Elle a annoncé que le second volet de la série aurait pour titre : « les homosexuels et l'Islam, elle espère la diffusion de son film réquisitoire en 2006, elle évoque les conditions particulières de tournage, par une équipe anonyme et le nécessaire déploiement de mesures de sécurité ; elle représente une critique virulente et passionnée de l'intégration multiculturelle hollandaise.Cinéma : après Brokeback Mountain, une histoire d'amour entre joueurs de base-ball
Le succès de "Brokeback Mountain" fait des émules. Un producteur américain a commandé l'adaptation à l'écran d'un roman racontant une histoire d'amour entre joueurs de base-ball.
"The Dreyfus affair" raconte l'histoire d'un sportif marié, Randy Dreyfus, qui tombe amoureux de l'un de ses coéquipiers, ce qui provoque un scandale et leur exclusion de l'équipe. Un journaliste sportif prend alors parti pour eux et écrit une tribune, "J'accuse", comme Emile Zola. Le titre joue sur le double sens du mot anglais "affair", qui signifie aussi histoire d'amour.
Mis en ligne le 13/02/06 e-llico
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Festival de Berlin : Ian McKellen déplore la difficulté d'être gay pour une star d'Hollywood
L'acteur britannique et militant des droits des homosexuels Ian McKellen, qui a reçu samedi soir à Berlin un Ours d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, a souligné combien il était difficile pour un acteur gay d'Hollywood de vivre publiquement sa sexualité.
"C'est très, très difficile pour un acteur américain qui veut faire carrière d'être ouvertement homosexuel. Et encore plus difficile pour une femme si elle est lesbienne. C'est très triste que ce soit encore le cas", a déploré l'acteur de 66 ans au cours d'une conférence de presse.
DVD : Le Secret de Brokeback Mountain cartonne
Cinéma : le Lion d'or à Venise couronne les amours de deux cow-boys gay
Le western gay "Le Secret de Brokeback Mountain" cartonne toujours en DVD. Sur le site de la Fnac , premier vendeur de vidéos en France, il est aujourd'hui, presqu'un mois après sa sortie dans les magasins, en 9ème place des ventes (+ en 78ème place pour l'édition collector). Sur le site Amazon, "Brokeback" est 8ème.
"Brokeback mountain", le western gay du Taïwanais Ang Lee sur les amours de deux cow-boys dans l'Amérique des années 60, a remporté le Lion d'or du meilleur film samedi au festival de Venise.
"Merci, c'est un grand honneur. C'est une histoire universelle, une histoire d'amour extraordinaire", a déclaré Ang Lee après avoir reçu son trophée. .
Les deux protagonistes de "Brokeback mountain", incarnés par Heath Ledger et Jake Gyllenhaal, se rencontrent dans un ranch au Wyoming avant de devenir amis puis amantsAng Lee fait voler en éclats les clichés sur l'homosexualité et ceux sur le cow-boy macho.
Cinéma : le western gay Brokeback Mountain rafle toutes les récompenses aux USA
Le western gay "Brokeback Mountain" a raflé le gros des récompenses décernées lundi par le Cercle des critiques de cinéma de New York, entretenant les espoirs du film pour les Oscars en mars prochain. Le long-métrage a été désigné meilleur film de 2005, Heath Ledger meilleur acteur et le Taïwanais Ang Lee meilleur réalisateur.
Basé sur une nouvelle d'Annie Proulx, "Brokeback Mountain" raconte la romance entre deux cowboys -Ledger et Jake Gyllenhaal - qui se rencontrent dans un ranch en 1963. Le film est déjà apparu comme bien parti pour les Oscars après avoir été désigné ce week-end meilleur film de l'année par l'Association des critiques de Los Angeles.
Il devrait aussi se retrouver bien représenté parmi les nominés aux Golden Globes, qui seront annoncés mardi. La sortie française est prévue le 18 janvier prochain.
Mis en ligne le 13/12/05 e--llicoEncensé par la presse américaine, couronné à Venise, favori des Golden Globes et des Oscars, "Le secret de Brokeback Mountain" réussit l'exploit de faire l'unanimité tout en racontant la plus stupéfiante des histoires d'amour : celle qui, dix-sept ans durant, ne va cesser d'irrésistiblement attirer l'un vers l'autre deux cowboys. Attention, chef-d'œuvre.
Love story
Des cowboys gay ? Au-delà du fantasme des hommes virils en jeans et chaps de cuir, on n'en a guère vu que dans quelques pornos. Car dans le monde rude de l'ouest sauvage, dans l'Amérique profonde qu'elle soit d'hier ou d'aujourd'hui, l'homosexualité reste un tabou quasi infranchissable. Et puis voilà que surgit ce film, ce " Secret de Brokeback Mountain " qui, en deux heures, nous raconte la plus belle et la plus tragique des histoires d'amour entre deux cow-boys. Tout commence à l'été 1963 lorsqu'un éleveur de moutons engage deux jeunes gens pour garder son troupeau. Plusieurs mois durant, ces deux garçons farouches, Jack Twist et Ennis Del Mar, vont vivre isolés dans la nature superbe de Brokeback Mountain, seuls avec leurs bêtes. Habitués l'un et l'autre à la solitude, ils se parlent peu, se regardent à peine. Jusqu'à un soir de froid et de neige où ce à quoi ils résistaient sans oser même se l'avouer les submerge : un désir inattendu, énorme, lumineux qui les pousse l'un vers l'autre. Cette soudaine attraction des corps, Ang Lee la filme avec un naturel stupéfiant, saisissant à la perfection l'état d'urgence de ces deux garçons découvrant soudain le corps de l'autre, leur hâte, leur fébrilité, leur sensualité. Si au matin, ils font mine de rien, s'ils nient même ce qu'ils viennent de vivre, rattrapés par les interdits d'un monde et d'une époque dont l'homosexualité était bannie, cet amour qui a explosé là ne va plus jamais les quitter. Et si à la fin de la saison, ils se séparent et retournent à leur vies d'avant, s'ils se fiancent, se marient, ont des enfants, s'ils ne se donnent pas de nouvelles quatre années durant, il suffit d'une carte postale de Jack pour que tout recommence. Leurs retrouvailles sont l'occasion d'une des scènes les plus incroyables que l'on ait pu voir, tant la pulsion de leurs corps, la tension si longtemps contenue, la puissance irrésistible de leurs sentiments les fracasse l'un contre l'autre. C'est magnifique. D'autant plus magnifique que cet passion partagée ne trouvera guère d'autres occasions de s'exprimer.
Car si "Le secret de Brokeback Mountain" est un sublime film d'amour qui court sur dix-sept ans, c'est aussi et surtout un grand film du désir impossible. Car ce n'est que pour un ou deux week-end par an que cet amour va avoir le droit d'exister, lorsque les deux hommes se donnent rendez-vous pour une " partie de pêche ". Certes, Jack imagine parfois s'installer avec son amant, s'acheter un ranch avec lui, pour Ennis, bridé par la haine de soi, la peur, l'homophobie intériorisée, il n'en est pas question. Alors la frustration, le temps qui fuit et ne se rattrape pas… On n'en dira pas plus. Le secret de ce film absolument magnifique et bouleversant, toujours à bonne distance de l'émotion, de ce film d'attentes, de retenue, de silences, de paysages à perte de vue, de bonheurs fugaces, c'est cet amour qui ne peut dire son nom dont parlait Oscar Wilde, c'est la peur d'être soi, ce sont les regrets de n'avoir pas vécu sa vie, ce sont les souvenirs, les merveilleux souvenirs qui rendent tristes et rendent heureux parce qu'ils ne sont que des souvenirs.
e-llico 17 01 06«Le secret de Brokeback Mountain» mène le bal pour les Oscars
On s'y attendait! Après son carton aux Golden Globe et aux derniers Screen Actors Guild (SAG), Le secret de Brokeback Mountain (photo) (500.000 spectateurs en France en moins de deux semaines) mène le bal au nombre des nominations pour les 78e Oscars, qui seront décernés le 5 mars. Le film du Taiwanais Ang Lee part favori, avec des sélections notamment dans la catégorie meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Heath Ledger), meilleure actrice dans un second rôle (Michelle Williams) et meilleur acteur dans un second rôle (Jake Gyllenhaal). Plus surprenant, le Capote de Bennett Miller récolte cinq nominations dont celle du meilleur acteur pour Philip Seymour Hoffman dans le rôle du célèbre écrivain homo. Il fait parti des favoris face à Terrence Howard ( Hustle and Flow ), Joaquin Phoenix ( Walk the Lin e), Heath Ledger et David Strathairn ( Good Night, and Good Luck ). Côté meilleure actrice, c'est la consécration pour Felicity Huffman (Lynette dans «Desperate Housewives»), transsexuelle émouvante dans Transamerica. Un rôle qui lui a déjà valu un Golden Globe et un SAG Award. Elle fera face à Judi Dench ( Madame Henderson présente ), Keira Knightley ( Orgueil et préjugés ), Charlize Theron ( North Country ) et Reese Witherspoon ( Walk the Line ), très sérieuse candidate à l'Oscar… Dernière surprise, le cru 2006 est favorable à la France. La Marche de l'Empereur est candidat au trophée du meilleur documentaire et Joyeux Noël concourt dans la catégorie meilleur film étranger.
Trois Oscars pour Brokeback Mountain
Même si l'Oscar du meilleur film lui échappe, le western gay "Le secret de Brokeback Mountain" a reçu trois récompenses hier dont l'Oscar du meilleur réalisateur décerné à Ang Lee. Meilleur réalisateur, meilleure adaptation, meilleure bande originale : "Le secret de Brokeback Mountain" rate le titre le plus convoité, celui du meilleur film, mais sort bien primé de la cérémonie des Oscars avec trois distinctions.Remerciant ses scénaristes pour l'adaptation de la nouvelle d'Annie Proulx, récompensés peu auparavant par l'Oscar de l'adaptation, Ang Lee, meilleur réalisateur, a rappelé que cette histoire n'était pas seulement sur "les homosexuels dont l'amour est interdit par la société, mais l'amour en général".
Le film a suscité la polémique dans l'Amérique profonde mais a été encensé par la critique et a rencontré le public brisant le tabou du cow-boy hétérosexuel éternel.Polémique après l'échec de "Brokeback Mountain" aux Oscars
Les Oscars ont entrouvert la porte aux films gays... avant de la refermer presque aussitôt. Le très médiatisé "Secret de Brokeback Mountain", mettant en scène une histoire d'amour entre deux cow-boys, était présenté comme le grand favori de la 78e cérémonie des Oscars.
La victoire de "Collision" laisse penser que les électeurs de l'Académie des Oscars sont plus à l'aise avec un film traitant des tensions entre les différentes communautés de Los Angeles qu'avec une histoire d'amour déchirante entre deux hommes mariés.
"La vérité, c'est peut-être que les Américains ne veulent pas que les cow-boys soient gays", a déclaré Larry McMurtry, 69 ans, qui a reçu avec Diana Ossana l'Oscar du meilleur scénario adapté pour le "Secret de Brokeback Mountain". La grande question dimanche soir était de savoir si Hollywood, souvent à la pointe des questions sociales, allait oser briser un nouveau tabou. Aucune histoire d'amour entre deux homosexuels n'avait jusque-là gagné l'Oscar du meilleur film. Le palmarès 2006 n'a pas échappé à la règle. "Les cinéphiles et tous ceux qui ont une conscience politique se demandent ce matin si "Collision" a remporté l'Oscar du meilleur film pour son mérite ou parce qu'il était la meilleure solution de secours pour l'Académie des Oscars pour ne pas avoir à attribuer la récompense au "Secret de Brokeback Mountain", a commenté Tom Shales, le critique du Washington Post. Lundi 6 mars 2006, mis à jour à 16:24 ReutersLe secret de Brokeback Mountain» dépasse largement le million d'entrées en France
Le secret de Brokeback Mountain , grâce en partie au Printemps du cinéma , a largement dépassé le million d'entrées France et affiche désormais 1.217.075 spectateurs en neuf semaines. Le million et demi est tout à fait envisageable, soit trois fois plus que les espoirs du distributeur. C'est un chiffre exceptionnel quand on voit que le carton des Césars De battre mon coeur s'est arrêté atteint «seulement» 1.163.131 spectateurs en 52 semaines d'exploitation. Autre surprise, le film est un succès dans toute la France : le rapport est de 30% des entrées sur Paris-périphérie et 70% sur la province, alors que l'on s'attendait à ce que la proportion soit inversée.
Prochainement :
2006-01-18 : Summer storm
2006-01-18 : Butterfly 2006-01-18 : Thelma 2006-02-22 : Goldfish memory
Pays-Bas : la suite du Submission de Theo van Gogh sur l'homosexualité dans l'islam
La suite de "Submission", le brûlot sur la femme dans la société musulmane du cinéaste néerlandais Theo van Gogh, assassiné au nom de l'islam radical, sera consacré à l'homosexualité, a indiqué jeudi la scénariste, la député d'origine somalienne Ayaan Hirsi Ali.
Dans "Submission II", "j'examine la position des homosexuels dans l'islam", a déclaré Ayaan Hirsi Ali au quotidien De Volkskrant, précisant que le scénario avait été écrit durant l'été 2004 avec Theo van Gogh, assassiné le 2 novembre de cette année là.
"Les acteurs se sont spontanément présentés", a-t-elle ajouté, "car ils estiment que l'on doit pouvoir réaliser des films comme celui-ci dans un pays comme les Pays-Bas". La sortie est prévue pour courant 2006.
La réalisation sera assurée par un collectif, et tous, acteurs, techniciens ou réalisateurs, seront anonymes, a-t-elle précisé.
Avaan Hirsi Ali vit sous protection policière depuis la diffusion de "Submission" à l'été 2004 par une chaîne de télévision publique, et le tollé qui s'en était suivi dans la communauté musulmane.
Cette protection a été renforcée après l'assassinat de Theo van Gogh par un jeune Maroco-néerlandais condamné à la prison à vie en juillet, après avoir promis de recommencer s'il devait un jour être libéré.
Mis en ligne le 18/11/05 e-llico
Ethnic nique !
La profusion des films dits ethniques (c'est le terme choisi par les producteurs et diffuseurs), la classification exacerbée des DVD érotiques selon l'origine des acteurs est troublante. Certains n'y voient que le fantasme : et s'il y avait un peu plus que cela ?
Des films de beurs, des films de beurs avec un peu de céfrans, des films de Turcs, des films de Blacks, des films de Brésiliens, de Latinos… Jamais le X gay n'avait été aussi soucieux de classer les acteurs et de mettre l'accent sur les origines des modèles. Cela n'a pas toujours été le cas mais aujourd'hui réalisateurs, producteurs et diffuseurs ont clairement pris fait et cause pour ce classement, parfois très artificiel, qui a accouché d'une dénomination qui fleure bon le Collège de France : le DVD ethnique. Si on comprend bien que des spectateurs flashent sur un type particulier de mecs, il ne faut pas pour autant perdre de vue que certains films, ethniques donc, ne font rien moins que de véhiculer des clichés, de les entretenir et parfois même de renforcer des préjugés. Ainsi, contrairement à une idée reçue, les Blacks ne sont pas tous bien montés et certains sont d'excellents passifs. Ainsi, contrairement à ce que cherche à nous faire croire un certain cinéma X, les Latinos aiment parfois se taper des blonds ou se faire mettre par eux. Ainsi, insister sur la nationalité brésilienne, argentine ou turque des castings ne doit pas nous faire oublier que les productions Cazzo ne s'époumonent pas à hurler que leurs acteurs sont allemands. Pourquoi ? Parce que cela n'a pas d'importance. Mais alors pourquoi cela en a-t-il parfois pour d'autres ? Il y a là, pas forcément une volonté d'apartheid (encore qu'aux Etats-Unis…), ni même des esprits mal intentionnés, mais le banal et triste constat que le fantasme se nourrit aussi du cliché (les blacks en ont des grosses), de l'idée reçue (les beurs, forcément actifs, qui vont faire dérouiller les céfrans !) et même parfois de la condescendance. Bref, comme si un reste de colonialisme s'appliquait au X. Au fond, un acteur devrait pouvoir exister sans son étiquette ethnique. e-llico
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