Décision du Bureau Municipal de L'Ile Saint-Denis 93 juin 2005 :

Prévention contre toutes les discriminations et en particulier contre l'homophobie.

Poursuite et activation de la prévention du mal-être des enfants, de l'absentéisme, des conduites à risques et du suicide des adolescents, en lien avec le racisme (y compris au sujet des Roms), de la xénophobie, de l'antisémitisme, du sexisme, des discriminations au physique, au handicap, au nom de famille ridicule ou ridiculisé, au niveau intellectuel supposé, à la mode vestimentaire, à la situation sociale… même si cela doit prendre beaucoup de temps.
et de l'homophobie, puisque celle-ci est généralement occultée et fait beaucoup de ravages.

Information sur les risques de se voir sanctionné pour homophobie, comme pour les autres discriminations.  

I Décision politique pour la rentrée dans la mesure où la charge de travail des personnels le permet et en tout cas pour 2006

• Activer la lutte contre toutes les discriminations sans omettre à chaque fois celle contre l'homophobie , nommément citée
• Demander aux services des projets avec un échéancier et des partenariats
• Associer tous les services :

Direction des actions à la population, service jeunesse, affaires sociales, enseignement…, service des sports, de la culture, le service communication, la parentalité, les quartiers, la bibliothèque….

Le Planning familial, les assistantes sociales, le Conseil Général…

• Chercher des financements (CRIPS…)

On profitera de certains temps forts comme la journée des droits des enfants le 20 novembre, journée Sidaction, journée des droits des femmes, semaine de lutte contre le racisme, journée internationale contre l'homophobie, semaine de lutte contre les violences faites aux femmes …

On s'inspirera de ce qui se fait dans d'autres municipalités , telle que Noisiel et l'association Turbulences, et on fera connaître nos actions.

L'action sera menée en particulier au collège et dans les conseils d'école, si possible au sein du REP.

II Quelques principes d'action

Modifier les règlements intérieurs afin d'y inscrire la lutte contre toutes les discriminations et des sanctions adaptées.

Définir les discours à tenir en cas de propos ou d'actes discriminants .

En ce qui concerne l'orientation sexuelle, à 11 ans au collège il est beaucoup trop tard, à cet âge, la plupart du temps, le cerveau est formaté à 100 % homophobe, et la terreur est grande de se découvrir homosexuelLE ou bisexuelLE dans ce monde homophobe.

C'est dès le plus jeune âge qu'il faut prévenir l'apparition des discriminations avant que ne s'installe des idées préconçues sexistes et homophobes qui tuent et mettent les personnes qui les profèrent dans l'illégalité.

Il faut que nos actions soient différenciées en 4 classes d'âge

- Les 5 -7 ans en faisant réfléchir et parler les enfants sur la place de la femme et de l'homme, et la réalité sur les stéréotypes, puis l'existence de familles monoparentales, recomposées, et homoparentales. Nous avons déjà le livre « dis mamans » et le film « it's elementary »

- Les 8-10 ans car ils ne sont pas encore en construction et ces questions-là les touchent moins de près. On peut alors leur parler des sexualités en mettant en avant le respect du corps d'autrui et en ne parlant pas que des perversions (telles que la pédophilie, l'inceste, l'exhibitionnisme) ou d'IST.

- Les 11-14 ans qui sont en quête de leur identité et désirent préserver leur filiation ! puisque dans les familles homophobes, celle-ci est en danger, où là il sera plus question de présenter l'amitié, l'amour, le désir, montrer que la frontière est floue ainsi que celle entre homosexualité et hétérosexualité

- Les 15-18 où les problèmes de sexisme, de virginité, de premiers flirts ou rapports, prennent de l'importance

Il est primordial de s'adresser aussi aux parents.

III Un état des lieux

Le racisme, l'antisémitisme, le sexisme ne diminuent pas.

Etude récente : 13/14 des tentatives de suicide chez les jeunes sont le fait de personnes des diversités sexuelles ou vues comme telles. L'homophobie ambiante est intériorisée par les homosexuelLEs qui se découvrent telLEs en moyenne à 13 ans et mettent en moyenne 15 ans à s'accepter sauf s'ils ou elles se détruisent par des conduites à risque. L'homophobie qui recule pour les adultes et dans certains milieux favorisés, augmente chez beaucoup de jeunes ainsi que l'efféminophobie.

Raisons de la poussée homophobe et sexiste :

•  Le quasi mutisme des adultes sur la diversité sexuelle facilite cette pseudo-culture, ce sens de « l'honneur » qu'il y aurait à s'en prendre à ces « dépravés » qui « choisissent » d'être homos

•  Les jeunes connaissent et apprécient l'article premier de la déclaration universelle des droits de l'homme, sur la dignité égale due à tous les humains (et pas aux seuls hétéros virils) mais ils ne font aucune liaison avec leur homophobie revendiquée .

•  La soumission à la culture du virilisme (en lien avec l'individualisme et la compétition) ce virilisme très présent dans l'idéologie nazie est encouragée par la pub et la société en général : il est clair pour beaucoup que la virilité est obligatoire, car elle serait source de pouvoir et de droits, beaucoup de parents l'encouragent, et la virilité, l'hétérosexualité se construisent sur le dos de ceux qui sont vus comme différents et inférieurs, car efféminés même hétéros ils transgressent les genres, le mot d'ordre est : « tapons sur les tapettes ».

•  Le besoin face aux difficultés sociales de trouver des boucs émissaires .

•  Cette poussée de l'homophobie est exacerbée par une partie de la culture Rap (Eminem, …) et un certain reggae des années 90 tel celui de Capleton, Sizzla et 6 autres, qui appellent au meurtre de tous les homosexuels, dans leurs concerts et CD.

•  L'irruption sur nos écrans d'homosexuelLEs qui « prétendent » éprouver des vrais sentiments d'amour, de vivre en couple, de se marier, et avoir droit à la même dignité.

•  La revendication des homosexuelLEs bi et trans à avoir les mêmes droits y compris celles d'élever leurs enfants de façon reconnue ou d'en adopter.

•  Ce n'est qu'en 81 que l'homosexualité a été rayée des maladies et n'est plus un fléau social, mais certains jeunes en partie issus de l'immigration sont encouragés à l'homophobie par celle de leur religion (les prises de position du pape sont très claires) et celle des lois du pays d'origine de leurs ancêtres, même lorsqu'il s'agit de démocraties telles le Sénégal.

•  Si des profs, des surveillants… qui ont réussi dans nos écoles ont beaucoup réfléchi et évolué, beaucoup de parents disent : « chez nous cela n'existe pas, c'est un truc de blancs… », et devant l'évidence répondent « ces homosexuels ne peuvent être musulmans, ils ne peuvent être de vrais africains… ».

•  A cette homophobie, s'ajoute celle de l'extrême droite très présente en banlieue.

IV L'action du gouvernement de droite et une salutaire réaction :

Avoir mis la charrue avant les bœufs, avoir fait de la répression avant de faire de la prévention !

Certes il y avait urgence à légiférer pour sanctionner les propos et agressions homophobes,

mais le gouvernement cache qu'il a fait voter 2 lois répressives et cache qu'il a produit la circulaire du 27 février 2003 qui organise ce qui doit être fait à savoir 3 interventions tous les ans du primaire au lycée sur « la sexualité », et donc les sexualités.

Ce sont les 3 principales centrales syndicales enseignantes (FSU, SGEN-CFDT, FERC-CGT, UNSA) la FCPE , les organisations étudiante et lycéenne (UNEF, UNL) qui sont décidées à ce que cette circulaire de Luc Ferry soit appliquée enfin à la rentrée 2005 !

V Attention à la stigmatisation des banlieues

Faire attention cependant dans nos différentes communications à ce que nos actions ne soient pas utilisées par malveillance contre les banlieues, et les populations immigrées.