
Lettre ouverte : 19 organisations demandent que l'homophobie soit combattue à l'Ecole
Dix-neuf organisations LGBT et de l'Education ont rédigé une lettre ouverte suggérant des pistes pour que l'Ecole joue son rôle dans le combat contre l'homophobie, à l'occasion de la 3e journée internationale contre cette discrimination.
A l'occasion de la 3ème journée mondiale de lutte contre l'homophobie dont le thème est l'éducation et en lien avec le colloque qui se tient mercredi 16 mai au Conseil régional d'Île de France, un certain nombre d'associations et d'organisations qui pilotent ce colloque ont adressé une lettre ouverte aux pouvoirs publics sur la nécessité de s'engager plus volontairement en matière éducative dans la lutte contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre.
Parmi ces 19 organisations, figurent Arc-en-Ciel, Couleurs gaies, David et Jonathan, l'Inter-LGBT, Sida Info Service mais aussi la FSU , la Ferc-CGT , le Sgen-CFDT, les étudiants de l'Unef et les lycéens de l'UNL.
L'Ecole "doit sans cesse réaffirmer les valeurs du vivre ensemble et contribuer à les faire partager par tous les membres de la communauté éducative", écrivent les organisations.
Pour elles, "la gêne fréquente" autour de ces questions à l'Ecole encouragerait stéréotypes et préjugés" et "une action positive en ce domaine devrait être menée avec force comme cela est souvent fait à juste titre contre les autres discriminations".
"Aucun texte officiel n'est venu pour le moment mettre la focale sur la nécessité de combattre précisément cette discrimination alors que c'est le cas pour d'autres (sexisme, racisme, handicap...)", regrettent-elles.
Les 19 organisations suggèrent donc la formation des personnels, l'introduction du refus de cette discrimination dans les règlements intérieurs, ou encore la mise à disposition dans les CDI d'ouvrages de littérature jeunesse, traitant de la question de l'homosexualité ou de la transsexualité "sans les préjugés habituels".
Elles proposent également que les associations lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) puissent être agréées "associations complémentaires de l'enseignement public" pour intervenir en milieu scolaire, plutôt que se confronter comme aujourd'hui à "une hostilité systématique".
"A l'instar de la semaine d'éducation contre le racisme qui se tient chaque année dans les établissements scolaires, un temps de réflexion devrait y être régulièrement organisé pour déconstruire les schémas sexistes, homophobes et rendre cette démarche permanente et quotidienne", ajoutent-ils.
>> La "Lettre ouverte aux pouvoirs publics"
La question des discriminations a pris ces dernières années une place importante dans le débat public, avec la constatation unanimement partagée d'une montée des intolérances et des replis sur soi.
L'école n'est pas épargnée et doit sans cesse réaffirmer les valeurs du vivre-ensemble, et contribuer à les faire partager par tous les membres de la communauté éducative. Elle le fait avec détermination et de nombreuses actions tout au long du calendrier scolaire permettent de donner aux adultes les outils sur lesquels s'appuyer pour défendre ces valeurs.
En matière d'homophobie, de lesbophobie ou de transphobie les avancées sont timides, au point que l'on évoque parfois une discrimination dans la discrimination ou pour le moins une hiérarchisation des discriminations. Dans le secteur éducatif, l'amalgame entre homosexualité et pédophilie affleure toujours, tout comme l'accusation de prosélytisme dès lors que des membres de la communauté éducative, souvent aidés par des associations, se proposent d'évoquer objectivement cette forme de discrimination et l'homosexualité comme une orientation sexuelle respectable.
De nombreuses organisations depuis le début des années 2000 ont dressé le constat des conséquences désastreuses pour les personnes homosexuelles ou transsexuelles (membres du personnel ou jeunes adolescents) de la discrimination qui s'exerce à leur encontre.
Des études ont mis en évidence le rapport entre le mal-être généré par le rejet dont ils font l'objet et la sur-suicidalité des jeunes homosexuel-le-s. En matière de prévention les associations de lutte contre les IST (dont le VIH) ont souligné depuis longtemps le lien entre mal-être, mauvaise estime de soi et prise de risque.
A l'école la gêne fréquente qui entoure ces questions contribue à laisser perdurer stéréotypes et préjugés, quand une action positive en ce domaine devrait être menée avec force comme cela est souvent fait à juste titre contre les autres discriminations. Il serait faux de prétendre que l'administration scolaire en France n'a jamais rien fait en ce domaine. Dès 1998 le ministère de l'éducation lançait une série de documents et d'outils où la dimension de refus de la discrimination homophobe était présente. Cette volonté de ne pas taire cette question a perduré et régulièrement les textes officiels l'évoquent au détour de documents où les sujets traités sont plus larges mais permettent cette référence.
Malheureusement, ces quelques initiatives ne doivent pas masquer les grandes carences et l'absence d'une politique ambitieuse d'éducation à la citoyenneté et donc de lutte contre les discriminations qui n'oublierait pas celles liées à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre.
Par exemple, aucun texte officiel n'est venu pour le moment mettre la focale sur la nécessité de combattre précisément cette discrimination, alors que c'est le cas pour d'autres (sexisme, racisme, handicap...). Ce déni doit cesser. Alors que la circulaire n°2001-245 du 21 novembre 2001 relative à la journée mondiale de lutte contre le SIDA et la circulaire n°2003-027 du 17 février 2003 relative à l'éducation à la sexualité évoquent toutes deux l'affichage de numéros d'écoute comme celui de Ligne Azur1, jamais aucun financement institutionnel émanant de l'administration centrale de l'éducation nationale n'a été débloqué pour permettre de l'assurer.
En matière de formation des personnels, les initiatives pour sensibiliser les futurs professionnels ou ceux qui sont déjà en poste sont très rares et rien n'est prévu pour les généraliser.
Dans le quotidien des élèves, les règlements intérieurs des établissements scolaires évoquent rarement le refus des discriminations, et donc à fortiori ne citent presque jamais celles qui touchent à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre, préférant s'en tenir aux notions de respect dû à chacun ou à la tolérance.
Les fonds documentaires comportent rarement des ouvrages, notamment en littérature jeunesse, qui seraient susceptibles d'amener tous les élèves à envisager l'homosexualité ou la transsexualité sans les préjugés habituels, et d'aider les élèves en interrogation sur eux-mêmes à envisager sereinement leur identité et leur orientation sexuelles en les déculpabilisant et en leur permettant de s'accepter.
De même, l'éducation à la sexualité prend-elle rarement en compte cette diversité, même lorsqu'elle n'envisage pas la sexualité à travers la seule visée reproductive.
En matière d'agrément des associations complémentaires de l'enseignement public, il conviendrait que les autorités académiques et nationales reçoivent des instructions pour évaluer sans a priori et en toute neutralité les demandes des associations LGBT susceptibles d'intervenir en milieu scolaire pour travailler sur les représentations discriminatoires, dès lors qu'elles s'inscrivent pleinement dans le respect des principes de laïcité, de neutralité et de gratuité. Ces associations rencontrent trop souvent une hostilité systématique parce que leur spécificité dérange, alors que c'est sur leurs compétences éducatives réelles et sur le respect de ces principes que leur candidature doit être évaluée.
En lien avec les Conseils des délégués pour la Vie Lycéenne et dans le cadre des Comités d'Education à la Santé et à la Citoyenneté , sous l'autorité du Conseil d'administration, la constitution d'une commission de lutte contre les discriminations associant élèves, parents et personnels chargée de réfléchir à la mise en place d'actions destinées à faire reculer les préjugés et l'intolérance serait une avancée certaine. Cette action pourrait être adaptée aux spécificités de fonctionnement de l'enseignement supérieur.
Des études relatives à ces questions de discrimination dans les milieux éducatifs devraient être financées par les pouvoirs publics, afin d'établir un état des lieux précis de ce que vivent certain-es adolescent-es et certains membres du personnel.
Des études relatives aux conduites à risque des jeunes lesbiennes et homosexuels seraient également opportunes. De même, il serait souhaitable qu'au niveau national soit mis en place un groupe d'experts chargés d'élaborer et de proposer des outils pédagogiques destinés à promouvoir une éducation au respect de la diversité. Ainsi, très rapidement, il deviendrait possible d'envisager que soient distribués à l'ensemble des jeunes des outils de sensibilisation (de type brochure ou dépliant) visant à combattre les discriminations lesbophobes, homophobes, transphobes.
A l'instar de la semaine d'éducation contre le racisme qui se tient chaque année dans les établissements scolaires, un temps de réflexion devrait y être régulièrement organisé pour déconstruire les schémas sexistes, homophobes et transphobes, et rendre cette démarche permanente et quotidienne.
On le voit des propositions d'actions sont avancées et peuvent être facilement mises en oeuvre, dès l'école primaire et tout au long de la scolarité, pour peu que la volonté politique s'y attelle. C'est le sens de cette lettre ouverte, que l'ensemble de nos organisations souhaitaient souligner. Depuis quelques années en effet, après de nombreux contacts et entrevues que nos différentes structures ont pu avoir avec les administrations concernées, aucune des préconisations présentées ici et transmises régulièrement lors de ces rencontres n'a trouvé le moindre début de concrétisation. Dans d'autres pays, et en Europe notamment, des administrations de l'enseignement et de l'éducation ont su s'impliquer fortement dans la mise en place de dispositifs officiels de lutte contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre.
Pourquoi ce qui est possible ailleurs ne pourrait pas l'être en France ? Il est enfin temps que les pouvoirs publics agissent sérieusement et efficacement dans cette direction.
Organisations signataires :
ADHEOS / ANGEL / ARC-EN-CIEL / COLLECTIF CONTRE L'HOMOPHOBIE DE MONTPELLIER / COMITE IDAHO / COULEURS GAIES / DAVID ET JONATHAN / ESTIM / FERC-CGT / FSU / HOMOEDU / INTER-LGBT / LDH / MAG / SGEN-CFDT / SIDA INFO SERVICE / SOS HOMOPHOBIE / UNEF / UNL
e-llico Mis en ligne le 15/05/07
Couleurs Gaies contre le rectorat Nancy-Metz : procès le 28 novembre
communiqué de presse Couleurs Gaies - 24 novembre 2006
Couleurs Gaies contre le Rectorat Nancy-Metz : la date du procès fixée le 28 novembre 2006 au tribunal administratif de Nancy
En mars 2005, après deux ans de tergiversations, le Rectorat de l'Académie Nancy-Metz a refusé à Couleurs Gaies l'agrément qui devait lui permettre de mener plus facilement des actions de prévention dans les lycées. La réponse négative est alors curieusement motivée :
« La lutte contre l'homophobie ne répond pas à un intérêt général » : ce qui est en parfaite contradiction avec les textes officiels de l'Education Nationale et avec ses missions en terme d'éducation civique et sociale.
« L'orientation sexuelle, comme l'appartenance politique ou confessionnelle, relève d'un choix personnel et privé » : ce qui traduit de la part du Recteur une confusion entre éducation et prosélytisme ainsi qu'une méconnaissance étonnante de la sexualité puisque, contrairement aux opinions religieuse ou politique, l'orientation sexuelle s'impose à l'individu, elle ne se choisit pas. Maître Jean-Luc PLUCHON, avocat de Couleurs Gaies, a donc déposé en mai 2005 un recours devant le tribunal administratif de Nancy pour faire annuler la décision du Recteur qui procède d'une erreur manifeste d'appréciation .
Le tribunal administratif de Nancy vient de fixer l'audience du procès au mardi 28 novembre 2006, à 9h30.
En terme de santé publique, les enjeux sont importants. Si Couleurs Gaies n'obtient pas du tribunal l'annulation de la décision du Recteur, qu'adviendra t-il de la prévention de l'homophobie dans l'Académie Nancy-Metz ? Il est pourtant urgent d'agir. Attaqués en permanence dans leur estime de soi par un environnement hostile à la différence, les jeunes homo-bisexuels ont treize fois plus de risque de commettre une tentative de suicide que les jeunes hétérosexuels. A l'école, l'homophobie est omniprésente : injures proférées dans les cours de récréation, inscrites sur les tables des salles de classe, taguées sur les murs des toilettes, actes d'intimidation et parfois agressions violentes envers les élèves comme ce fut le cas à Verdun en 2005.
En revanche, si Couleurs Gaies gagne ce procès, ce sera sans doute la fin de la mise au ban des établissements scolaires des associations qui luttent contre l'homophobie. En effet, un peu partout en France, ces associations rencontrent actuellement les mêmes difficultés que Couleurs Gaies à intervenir dans les lycées. Alors que la grande majorité des agresseurs homophobes sont des jeunes de moins de 25 ans, Couleurs Gaies et le SNES mesurent l'ampleur du travail d'éducation populaire qui reste à accomplir et l'inconséquence des autorités éducatives qui s'ingénient à bloquer toute initiative allant dans le sens de la lutte contre l'homophobie.
Un manuel pour lutter contre l'homophobie à l'école
Un manuel pédagogique destiné aux professeurs et aux intervenants en milieu scolaire intitulé Combattre l'homophobie vient d'être publié à l'initiative de Marie Arena, ministre–présidente de la Communauté française chargée de l'Enseignement obligatoire et de la Promotion sociale. Conçu dans le cadre d'une campagne plus large de lutte contre toutes les discriminations et pour l'égalité des chances, il fournit aux enseignants des conseils pratiques pour aborder avec leurs élèves des écoles élémentaires et secondaires le thème de l'homosexualité, et tenter de déconstruire avec eux les préjugés et les stéréotypes qui y sont associés. «L'école doit garantir l'émancipation de chacun, filles et garçons, quelle que soit leur orientation sexuelle», a déclaré la ministre. Le dossier peut être consulté en ligne sur www.enseignement.be Têtu 25 11 06
Résultats d'une enquête faite dans 2 classes de 6 ème
Exercice 1 : classer de 1 à 10 les insultes que vous entendez le plus au collège et dans la cité
Puis 10 points ont été attribués au premier et 1 au dernier, les insultes faisant partie de la même catégorie ont été rassemblées, les pourcentages ont été calculés :
Insultes sexistes (car il n'existe pas l'équivalent pour le père ou pour le mari)
Fils de pute, bâtard : 29, 2 %
Pute salope : 25 %
Remarque : salaud 0,6 % mais salaud est-il le correspondant masculin de salope ?
Insultes homophobes :
Pédé, enculé, gouine : 27,2 % (avec gouine 4, 5 %)
Si on fait l'addition on trouve 81,4 % pour les insultes concernant la place de l'homme et de la femme dans la société.
Insultes racistes : 2,2 %
Insultes antisémites : 5,7 %
Insultes concernant le niveau intellectuel : 8,5 %
Divers : Gros porc 1 % blédar 0,8 %
Exercice 2 : Voici des insultes ou discriminations classées par catégories, dites pour chacune si vous les entendez très souvent, souvent, moyennement, un peu ou pas du tout Résultats :
Combien de très souvent ou de souvent :
2 propos racistes
12 propos antisémites
8 à cause du pays d'origine
54 à cause du sexe de la personne : pute, salope
24 à cause du comportement supposé de la mère : bâtard, fils de pute
23 à cause de l'orientation sexuelle : pédé
11 gouine
20 à cause de l'apparence physique : petit, gros, laid
19 à cause du nom de famille ridicule ou que l'on transforme pour être ridicule
14 à cause de la façon de s'habiller
6 à cause du manque d'argent
Conclusion :
- 20 ans de lutte antiraciste ont ancré dans les esprits que le racisme est odieux, cela n'empêche pas les personnes de s'y livrer mais beaucoup se culpabilisent, et ne reconnaissent pas qu'ils l'entendent (penser aux gens du voyage)
- Pour l'antisémitisme, trop de personnes n'ont pas ce sentiment de culpabilité
- Pour le sexisme, chacun comprend que c'est mal, mais cela arrange trop les garçons et certains parents pour la lignée (arbre généalogique) et la question de la virginité.
- Pour l'homophobie, il y a une véritable revendication liée au sexisme, car dans les 2 cas c'est la place de la femme dans la société qui est en cause :
L'homosexuel c'est celui qui se comporte comme une femme, et déshonore le sentiment de fierté des garçons, c'est celui qui est faible, pas capable de dominer une femme, ni d'assurer une descendance ; et il paraît inacceptable que l'homosexuelle ne se donne pas à un homme.