
Pierre, Gilles & nous
Pour célébrer leurs trente ans de création (et leurs trente ans de vie commune aussi), le musée du Jeu de Paume consacre la plus grande rétrospective jamais réalisée en France du travail de Pierre & Gilles. Plus de 120 œuvres seront ainsi réunies au moment où une imposante monographie leur sera consacrée par les éditions Taschen. Deux bonnes raison de célébrer le couple star de la culture gay.

Si l'art gay avait un visage, il serait double et ressemblerait farouchement à un autoportrait de Pierre & Gilles. Depuis leur rencontre en 1976, ces deux-là ont en effet inventé des images qui sont devenues les emblèmes les plus immédiatement reconnaissables de la culture gay, à la fois pour les homosexuels et pour le grand public. En cela, l'art de Pierre & Gilles est absolument unique tant il parle aux hétéros comme aux homos tout en étant absolument et indéniablement pédé jusqu'au bout des ongles. L'amour des divas et des beaux garçons, l'art du kitsch et du sexe sont omniprésents dans chacune des images photographiées par Pierre avant d'être peintes par Gilles, et toutes elles disent l'identité homosexuelle de leurs auteurs sans pour autant effrayer ou rejeter les spectateurs non gay. Ce côté populaire de leur travail, peu de créateurs à l'œuvre aussi visiblement pédée, aussi profondément associée à l'homosexualité peuvent le revendiquer, pas plus Tom of Finland que Robert Mapplethorpe, pas plus Gilbert & George que Keith Haring. Seuls peut-être un Jean-Paul Gaultier ou un Pedro Almodovar — parce qu'ils utilisent des armes assez proches, entre kitsch et glamour, fascination pour les stars et les beaux garçons, tendresse et ironie, détournement des codes et provocation ironique — peuvent rivaliser

Depuis trente ans, l'art de Pierre & Gilles s'est imposé comme un des plus inventifs et des plus joyeux qui soient, accueillant en son sein stars du cinéma, de la variété, de la télé, de la nuit (qui, parmi les beautiful people, n'a pas été immortalisé par P&G ?), et des dizaines d'anonymes rendus célèbres par le travail du couple. Leur imagerie chatoyante, féérique, pop, surchargée, sexuellement ambivalente, etc., a de son côté essaimé partout, de la mode à la pub, du cinéma à la presse, et l'on ne compte pas les images " à la manière de… ", hommages avoués ou récupérations filoutes.
La célébration en grandes pompes de leurs trente ans de création commune était pour tout cela une évidence. La galerie du Jeu de Paume et les éditions Taschen en seront les écrins.

Vingt ans après sa mort, Andy Warhol bande encore. En tout cas, l'homme de la Factory , des Soupe Campbell, des superstars, de la sérigraphie et du pop art fait encore bander les amateurs d'art. Et avec raison, comme le prouve l'ensemble présenté chez Thaddaeus Ropac, réunissant dessins et collages de pop stars réalisés par Warhol entre 1975 et 1986. Liza Minnelli, Aretha Franklin, Mick Jagger, les Beatles font ainsi partie (parmi beaucoup d'autres) des famous people réinventés par le plus queer des artistes du XXè siècle…
Galerie Thaddeus Ropac, 7 rue Debelleyme, 75003 Paris. Jusqu'au 19 mai.
Un couple de flamants roses homosexuels adopte un poussin abandonné
Un couple de flamants roses homosexuels a adopté un poussin abandonné, parvenant ainsi à devenir parents après maintes tentatives, a annoncé lundi l'organisation britannique de protection de l'environnement Wildfowl & Wetlands Trust (WWT).
Carlos et Fernando étaient tellement désireux d'être parents qu'ils chassaient les autres flamants roses de leurs nids pour prendre leurs oeufs et les couver mais sans succès, a expliqué une porte-parole du centre du WWT de Slimbridge près de Bristol.
Le couple était donc le candidat idéal pour prendre en charge un poussin orphelin car le nid dans lequel il se trouvait avait été abandonné par son géniteur. L'oeuf avait été placé dans un incubateur en attendant son éclosion.
Carlos et Fernando, en couple depuis six ans, peuvent fabriquer du lait dans leur gorge pour nourrir leur poussin. L'homosexualité chez les flamants roses est chose courante quand il n'y a notamment pas assez de femelles, a expliqué Jane Waghorn, porte-parole de l'organisation.
e-llico Mis en ligne le 22/05/07

Mister MEC 2007
Le dessinateur érotique gay Xavier Gicquel a été élu Mister MEC 2007, samedi 31 mars, lors de la soirée annuelle de l'association française des adeptes du latex Mecs En Caoutchouc (M.E.C.) qui se tenait au Full Metal à Paris. C'est le second détenteur de ce titre que le lauréat est ensuite amené à défendre dans les compétitions internationales de la communauté Rubber. Né en 1965, Xavier Gicquel est un des illustrateurs gay les plus connus. Il a fait l'objet de nombreuses publications et plusieurs expositions, aussi bien en France qu'à l'étranger. Il devient désormais pour un an l'ambassadeur français du latex, une matière souvent présente dans son œuvre.
Infos sur www.mecs-en-caoutchouc.com
Site de Xavier Gicquel : www.xaviergicquel.com
Rubber : Xavier Gicquel élu Mister MEC 2007
Le dessinateur érotique gay Xavier Gicquel a été élu Mister MEC 2007, samedi 31 mars, lors de la soirée annuelle de l'association française des adeptes du latex Mecs En Caoutchouc (M.E.C.) qui se tenait au Full Metal à Paris. C'est le second détenteur français de ce titre que le lauréat est ensuite amené à défendre dans les compétitions internationales de la communauté rubber.
Né en 1965, Xavier Gicquel est un des illustrateurs gay les plus connus. Il a fait l'objet de nombreuses publications et plusieurs expositions, aussi bien en France qu'à l'étranger.
e-llico Mis en ligne le 02/04/07

Sexualité : augmentation sensible du nombre des femmes ayant des rapports homosexuels
L'ANRS (agence sida-hépatites) a fait réaliser une vaste enquête sur la sexualité des Français pour aider à guider les politiques de prévention en matière de sexualité. Une mine de renseignements qui mesure les évolutions des comportements sexuels depuis 1970.
La troisième enquête sur les comportements sexuels en France conduite auprès de 12.364 femmes et hommes âgés de 18 à 69 ans, de fin septembre 2005 au 24 mars 2006 permet d'évaluer les évolutions intervenues depuis 1970 et 1992, dates des précédentes enquêtes.
Ainsi l'âge du premier rapport sexuel des femmes est aujourd'hui très proche de celui des hommes : 17,6 ans pour les femmes de 18-19 ans, et 17,2 ans pour les hommes du même âge. En un demi-siècle, l'entrée dans la vie sexuelle des hommes s'est abaissé d'un an et demi et celle des femmes de trois ans.
On observe aussi une "augmentation sensible" du nombre de femmes de 18-69 ans déclarant avoir eu des rapports homosexuels au cours de leur vie (4% contre 2,6% en 1992) alors que la proportion reste similaire chez les hommes (4,1%).
Près d'un tiers des jeunes de 18 à 24 ans se sont déjà connectés à des sites de rencontre sur Internet. Pour l'ensemble des 18 à 69 ans, cette proportion est de 9,6% pour les femmes et de 13,1% pour les hommes. Un homme sur dix, entre 20 et 24 ans, a déjà eu des rapports sexuels avec une personne rencontrée par Internet (6% des femmes).
Le nombre de partenaires déclarés par les femmes est en augmentation par rapport aux enquêtes précédentes (en moyenne 4,4 en 2006), mais reste stable chez les hommes depuis 1970 (11,6). Cependant les femmes, contrairement aux hommes, ont tendance à ne pas compter les partenaires sans importance affective (par exemple, ceux d'un soir).
Environ 13% des Français connaissent une ou plusieurs personnes séropositives (même proportion qu'en 1992). Une femme sur deux et 45% des hommes ont déjà fait un test de dépistage du sida au cours de leur vie.
Parmi les 18-24 ans, 3,6% des femmes et 2,4% des hommes ont été diagnostiqués positifs à l'infection par la bactérie Chlamydia trachomatis.
Cette enquête a été commandée par l'ANRS (agence sida-hépatites) pour aider à guider les politiques de prévention en matière de sexualité (MST, sida...).
e-llico Mis en ligne le 13/03/07

Internet : Alain Piriou (porte-parole de l'Inter LGBT) tient son blog
Si les blogs gay fleurissent un peu partout, peu de personnalités LGBT se livrent encore à l'exercice. Alain Piriou, connu pour ses responsabilités communautaires, ouvre le sien.
Alain Piriou est porte-parole de l'Inter LGBT depuis plusieurs années. C'est une des personnalités les plus influentes de la communauté gay française et l'une des plus pertinentes. Il ouvre son blog pour livrer ses réflexions personnelles sur les sujets de société.
"Je m'étais lancé dans cet exercice sans trop y croire il y a quelques mois, avec quelques billets irréguliers, pour me prendre finalement au jeu, et vaincre la répugnance que m'inspirait l'expression à la première personne", explique Alain Piriou. "Dans ce blog, j'essaie donc d'apporter mon petit éclairage sur l'actualité, en particulier quand celle-ci traite des questions de société. C'est une approche plus personnelle, plus libre et sans doute plus sujette à débat, voire à polémique, que celle qui est la mienne quand je m'exprime au nom de l'Inter-LGBT", précise-t-il.
Adresse web : http://alain-piriou.net/ flux RSS : http://alain-piriou.net/dotclear/rss.php
e-llico Mis en ligne le 16/03/07
Jean Baudrillard est mort et s'en va avec ses remarques homophobes
Le sociologue Jean Baudrillard est mort hier, mardi 6 octobre, à l'âge de 77 ans. Il s'est fait connaître à la fin des années 1960 pour des travaux qui se présentaient comme des réflexions critiques sur le monde moderne ( Le Système des objets , 1968; La Société de consommation , 1970). Il s'agissait en réalité de livres fort rétrogrades. Son œuvre est d'un bout à l'autre marquée par un point de vue profondément réactionnaire qui s'exprime, notamment, dans ses jugements contre la technique, le féminisme, l'art contemporain ou l'homosexualité. Il a par exemple qualifié le sida d' «épidémie d'autodéfense» de la nature contre l'homosexualité, elle-même assimilée à une «dilapidation sexuelle de l'espèce», et affirmé : «Celui qui vit par le même périra par le même» ( Ecran Total , Galilée, 1997, p. 12). Têtu 07 02 03
Pierre Guénin, hom(m)o de presse
Né en 1927, Pierre Guénin est devenu, dès 1966, le premier éditeur de presse gay en France. Durant 30 ans,
ce personnage discret, réussira, non sans difficultés, à défendre une vision de la visibilité homo qui passe par
l'érotisme et le sexe roi. Dans un livre passionnant, il revient sur ce parcours qui fait de lui, à sa façon, une des
figures du militantisme homo français et, paradoxalement, un des personnages clefs de notre histoire
les moins connus.

Pionnier français de la presse gay, Pierre Guénin l'est, mais dans un secteur spécifique : celui de la presse
érotique. Sévère pour "l'intellectualisme" de la revue "Arcadie" d'André Baudry, Pierre Guénin n'a jamais
voulu faire de ses magazines le reflet des débats militants, politiques et sociétaux gay des années 70 et après.
C'est "Gai Pied", créé en avril 1979, qui deviendra la pierre angulaire et la vitrine du militantisme LGBT
moderne. Pierre Guénin revient sur son parcours.
Vous avez intitulé votre livre " la Gay révolution". Quelle est votre place dans cette "révolution" ?
C'est d'avoir communiquer avec plein d'homosexuels qui étaient dans une totale solitude. Je pensais surtout
à faire des journaux spectaculaires et érotiques et j'ai été sidéré de provoquer, avec mes publications, autant
de réactions, de recevoir autant de courrier. C'était plus de 2 000 lettres par mois ! C'était très émouvant.
Beaucoup d'homosexuels, notamment des provinciaux, évoquaient des difficultés, leur solitude. Ils ont trouvé
en moi un confident, un ami. J'étais un peu leur Menie Grégoire ! Ils étaient si nombreux à nous contacter
que j'ai même dû arrêter de mentionner notre numéro de téléphone dans nos revues. Il y avait trop d'appels.
Cela devenait impossible.
Vous n'aviez pas imaginé un seul instant que vos journaux donneraient envie aux homosexuels d'alors de
prendre la parole, de témoigner ?
Non. En fait, j'avais même peur de ne rien recevoir étant donné que les kiosquiers me disaient à l'époque
[milieu des années 60] : "Surtout, ne mentionnez pas le terme homosexuel en couverture, cela va traumatiser
les lecteurs et les faire fuir. Ils n'achèteront pas. D'ailleurs, les kiosquiers me racontaient que certains lecteurs,
indécis ou timides, tournaient longtemps autour des kiosques avant d'acheter nos revues. Certains prenaient
"France soir" et y glissaient un de mes titres. Le climat était à la crainte. Les kiosquiers pensaient d'ailleurs
que j'allais subir une descente de la police. Il faut dire que cela avait été le cas, dans les années 50, pour Jean
Ferrero qui vendait des photos de culturistes nus sur catalogue et dont le fichier de clients était surveillé
par la mondaine.
Personne ne s'abonnait alors ?
Si, il le fallait bien pour assurer la solidité financière des titres. Mais c'était difficile. La crainte de la police,
celle du fichage demeuraient. Elle était d'ailleurs présente chez les lecteurs comme chez les collaborateurs
des revues. Il faut bien comprendre que certains photographes ne voulaient travailler que sous pseudonymes.
Rares étaient ceux qui voulaient apparaître avec leur véritable nom.

Comment vous êtes-vous lancé dans la presse érotique ?
Au départ, je ne voulais pas faire une revue exclusivement pour les homosexuels. J'ai donc lancé "Eden",
une revue disons bisexuelle. Il y avait autant de femmes que d'hommes. Cela noyait le poisson par rapport
à la censure. Si le journal n'avait proposé que des hommes, les choses auraient été moins faciles. J'ai donc
lancé "Eden" [20 000 exemplaires], qui était très bien affiché en kiosques et qui a connu un grand succès
mais que j'ai rapidement arrêté.
Pourquoi ?
A ce moment-là, les NMPP [unique diffuseur des journaux de l'époque] ne payaient qu'au bout du quatrième
numéro. Il a donc fallu sortir trois numéros d'"Eden" de suite sans aucune rentrée financière et comme
il n'y avait pas de publicité, tout mon argent y passait. C'était un vrai pari financier. J'ai pris la décision,
alors que les NMPP me disaient qu'"Eden" se vendait bien, de l'arrêter au quatrième numéro et de récupérer
le fruit des ventes. Les NMPP étaient ébahies de ma réaction. J'ai alors vu ce qu'une telle revue pouvait
rapporter et je me suis dit qu'une revue de ce type avec une formule enrichie pouvait réussir. J'ai donc lancé
"Olympe" en février 1968, puis "Hommes" qui s'adressait plus nettement aux gays, l'année d'après, puis
"In" [30 000 exemplaires] en 1970. Ce titre a beaucoup mieux marché que les autres parce que beaucoup
de femmes le lisaient aussi. Chaque numéro consacrait plusieurs pages à la danse. Nombre de lecteurs
homosexuels me demandaient d'ailleurs pourquoi j'y accordais une telle place.
Comment était le lectorat gay à l'époque ?
Il n'y avait pas un lectorat mais plutôt des lectorats. J'en parle dans mon livre et personne aujourd'hui
ne semble s'en préoccuper mais il y avait les gays d'un côté et les pédérastes de l'autre. Il n'y a aucun
rapport entre les deux. On n'a pas l'air de se rendre compte mais moi je faisais une revue pour les pédérastes
(ceux qui aiment les jeunes gens mais qui ne sont pas des pédophiles) et les gays qui aimaient les hommes plus
virils. Nous recevions toujours beaucoup de courriers nous disant qu'il y avait trop de poils sur les modèles
ou pas assez, trop de sexe circoncis ou pas assez, etc. Chacun avait ses fantasmes.
Lorsque vous vous êtes lancé dans la presse érotique, avez-vous pressenti qu'il y allait avoir la révolution
sexuelle et que le presse y aurait un rôle à jouer ?
Tout à fait. Complètement. Lorsque j'étais enfant, j'ai bien constaté que les femmes étaient asservies
par les hommes hétéros. J'ai très vite saisi, dans ma jeunesse, que c'était la même chose pour les
homosexuels. Quand j'ai commencé à voir qu'il y avait une libération des femmes, j'ai compris que les
gays suivraient. Elles et nous subissions les mêmes choses, avions le même problème. D'ailleurs,
on a bien vu sur le plan du militantisme quels en ont été les effets ? Avant mai 1968, j'ai senti
qu'il se passait des choses, qu'il y avait un déclenchement. J'ai compris que c'était le moment de mettre
la gomme. Je m'en suis aperçu avec "Olympe". La revue marchait bien. Nous avions même des lectrices
lesbiennes. C'est assez drôle mais un lecteur hétéro ne jurait que par les combats de catch pour femmes.
Il demandait constamment la publication de photos de combats entre femmes en me disant notamment
que cela attirerait un lectorat lesbien. Je l'ai fait et ça s'est révélé vrai.
Vos revues ont permis la diffusion d'une esthétique gay. Est-ce que vous pensez avoir été un passeur
de la culture gay ?
Oui. Mon ambition, c'est de montrer tout ce qui n'était pas trop connu et un peu érotique dans tous les
domaines artistiques. Il y a le Off-Broadway, ce que nous faisions, c'était le Off-Paris. On explorait tout.
Il fallait être au courant de tout. C'était à la fois épuisant et passionnant. Au moment du lancement des
revues, le nu gay n'existait pas. Il y avait peu d'artistes qui travaillaient dans ce domaine et beaucoup
d'entre eux avaient du mal à gagner leur vie. Moi, avec quatre titres, je permettais à certains jeunes
photographes et créateurs de débuter, de gagner leur vie. Cela a été assez long, au début, de trouver
des collaborateurs puis peu à peu beaucoup sont venus me voir. Ce que je peux dire, c'est que nous
n'avons jamais pu compter sur la publicité. Nous avions été voir Cardin ou Saint-Laurent, sans succès.
Avec de la publicité, nous aurions pu faire des journaux très différents. J'ai un regret de cela.
Votre travail d'éditeur et de journaliste, c'était une façon de militer pour l'homosexualité, de la rendre
visible. Dans votre livre, vous ironisez sur les "sphères intellectuelles homosexuelles" qui vous ont
snobé. Est-ce une déception pour vous que votre travail n'ait pas été reconnu ou compris ?
Je ne voulais pas entrer dans le mouvement militant, dans ces querelles entre militants. Pour moi,
"Gai Pied" n'était que cela : une dispute pour le pouvoir, le pouvoir, le pouvoir ! J'étais bien, tout seul,
dans ma petite sphère avec mes collaborateurs. Je ne voulais pas aller vers les militants. Qu'ils m'aient
snobé, je le mérite un peu puisque je n'ai jamais voulu les rejoindre. Je sentais bien que ma vision était
contestée. Moi, je voulais faire plaisir aux homosexuels, aux lecteurs et répondre à leur priorité : le sexe.
C'est vrai que j'ai été beaucoup snobé à tel point d'ailleurs que les gens me découvrent aujourd'hui
comme si, dans le fonds, je n'avais rien fait. J'en ai un peu souffert. Personne ne sait que j'ai lutté
pendant trente 30 ans. Il fallait un drôle de courage dans les années 60 pour se lancer dans l'aventure
d'un journal visible pour les homosexuels. C'est sans doute pour tout cela que j'ai tenu à faire ce livre.
Pressions tous azimuts !

Durant sa longue carrière d'éditeur, Pierre Guénin a dû faire face de nombreuses reprises à des pressions
administratives.
"Je me souviens de ma première convocation au ministère de la Justice par un personnage poudré,
la soixantaine, qui feuilletait dédaigneusement une de mes revues, page par page. Il m'affirmait que je
favorisais la prostitution en racontant les bons moments d'un plagiste avec ces clientes bourgeoises.
Mais, à ma grande surprise, ce qui choquait le plus, c'était la rubrique mode pour hommes. J'y parlais
soins de beauté, crèmes pour les cernes, implants capillaires, etc. J'y expliquai comment réussir une
belle coiffure au séchoir. Et lui disait : "C'est d'un ridicule. Ce ne sont pas des hommes ça. Vous allez
en faire des homosexuels."
On m'a demandé de supprimer cette rubrique beauté et j'ai dû obtempérer. Lors d'autres rendez-vous
à la police ou à la justice, on examinait les photos. Il ne fallait pas laisser paraître un poil. Bien souvent,
j'entendais : "Attention là, vous en avez laissé ! ". Pour limiter les problèmes avec la censure, il fallait
dessiner des faux slips, dessiner des branches devant les sexes…" Pierre Guénin sera, les premières
années, convoqué quasiment tous les trois mois par les autorités de censure pour un examen détaillé
de ses publications
Monstres sacrés : Pierre Guénin contre André Baudry 
Les deux principaux pionniers du militantisme gay n'ont jamais eu d'estime l'un pour l'autre. Il est
d'ailleurs notable que c'est sur André Baudry, fondateur d'Arcadie (mythique revue et groupe homo
français), que Pierre Guénin se montre le plus dur. "C'est un de mes amis et collaborateurs, Pierre Hahn
qui allait aux réunions d'Arcadie qui m'a proposé de m'y rendre. Il m'a dit : "Tu verras. C'est gratiné !"
J'ai trouvé cela ridicule. Il y avait des danses du tapis, un folklore scout, beaucoup de prêchi-prêcha.
A mon avis, personne ne lisait sa revue qui était d'une grande tristesse, bourrée d'intellectualisme et
d'articles sur tous les grands de l'Antiquité. C'est vrai que je ne vois rien de positif dans les années 50.
Arcadie d'André Baudry organisait des messes qui incitaient les ouailles à la fidélité." Pierre Guénin
explique dans son ouvrage qu'André Baudry exhortait les adhérents d'Arcadie "un peu trop efféminés
à plus de réserve" et leur demandait "d'éviter les vêtements excentriques".
En contrepoint de la grande sévérité de Pierre Guénin, il faut lire la passionnante interview d'André
Baudry publiée dans "Triangul'ère" (1). Le fondateur d'Arcadie y revient longuement sur la difficulté de
son combat, ses ennuis avec la censure (comme pour Pierre Guénin), la crainte des homosexuels dans les
années 50 et 60 et brosse un tableau passionnant des longues années de militantisme. Opposés dans
leur vision de l'homosexualité, (celle de Baudry passe par une assimilation sans provocation, celle de
Guénin par une visibilité sexuelle révolutionnaire), les deux pionniers du militantisme homo français nous
prouvent, une chose est sûre, que sans eux et leur courage, nous n'en serions pas là aujourd'hui.

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C'est en avril 1978 que Pierre Guénin connaît son plus grave problème de censure. Durant les années
Giscard. Michel Poniatowski, ministre de l'Intérieur, interdit la diffusion de deux des principaux titres
de Pierre Guénin : "In" et "Olympe". 60 000 exemplaires sont mis au pilon. Les journaux sont interdits
d'affichage. C'est la mort assurée… des titres et des éditions SAN. Pierre Guénin réagit. Il change les
titres de ces journaux sans modifier fondamentalement le contenu. "Off spectacles" remplace "In"
et "Olympe" devient "Jean-Paul". C'est un pari risqué, mais cela marche. Ironie du sort, il faudra
attendre avril 1983 (sous Mitterrand) pour que les titres interdits soient de nouveau autorisés à la
diffusion, mais il est trop tard.
Interview croisée : «Raconter l'histoire d'un village»

Si certains doutent de l'existence de la culture gay, ce n'est à l'évidence pas votre cas … - Orion : La culture gay, on a les pieds dedans ! On ne publie que des artistes qui travaillent sur l'imagerie gay. Certains font aussi des paysages, des choses abstraites, ça ne nous intéresse pas. Notre envie, ça a toujours été de surfer sur la sensibilité de l'art gay, exprès, trop peut-être diront certains.
- Christophe : Personne ne s'y intéresse, il n'y a pas de revue dans le monde qui s'y intéresse. Pourtant, en dehors des photographes, il y a beaucoup d'artistes, de peintres, de dessinateurs…
- Orion : C'est pour cela aussi qu'on a organisé l'exposition Gay Art au salon Rainbow Attitude en 2005 : pour réunir ces artistes, les faire se rencontrer, faire rencontrer leurs publics. On a d'ailleurs édité un numéro intermédiaire de "Triangul'ère" pour perpétuer ce carrefour, comme on a fait un numéro intermédiaire sur les éditeurs gay. On veut jouer ce rôle, et si des dessinateurs ou des peintres gay ne savent pas où publier, qu'ils n'hésitent pas à nous contacter en envoyant un mail à editions@triangulere.com
Christophe : Ils ne sont pas nombreux les gays qui sont prêts à assumer l'art gay sur leurs murs. Avec "Triangul'ère", ils peuvent l'avoir sur leur table de salon… Pour en revenir à ta question, qu'est-ce c'est qu'une culture ? Quand il y a une histoire commune, une persécution commune, un mode de vie commun, une sexualité commune, quand il y a un art qui se dégage… ça fait beaucoup de choses communes qu'on peut appeler une culture, non ?
Les textes que vous publiez répondent à la même logique ?
- Orion : Notre idée de toujours, c'est de laisser des traces de notre histoire. C'est ce qui fait notre différence avec la presse : on fait parler les éléphants de la communauté, on raconte notre histoire. Dans le dernier numéro, c'est André Baudry, le fondateur d'Arcadie, la première association homosexuelle française dans les années 50. On a passé 8 jours chez lui en Italie : ça faisait plus de vingt ans qu'il n'avait pas parlé !
- Christophe : Dès le début, on a fait participer ceux qui ont compté dans cette histoire, sous forme de textes qu'on leur a demandé ou d'entretiens. Pierre et Gilles, Didier Lestrade, Jean-Pol Pouliquen ont parlé dès les premiers numéros. Ces livres que sont les numéros de " Triangul'ère ", ils racontent l'histoire d'un village.
- Orion : Mais en parlant de l'histoire, on parle aussi d'aujourd'hui : quand on célèbre les vingt ans du centre d'archives gay de San Francisco dans le dernier numéro, c'est aussi pour souligner ce qui se passe à Paris avec le scandale de ce centre d'archives qui n'arrive pas à voir le jour.
C'est un rythme très particulier de faire un numéro par an. Concrètement, comment est-ce que vous élaborez un sommaire ?
- Christophe : On s'y prend très longtemps à l'avance. L'entretien avec André Baudry par exemple, cela fait trois ans qu'on y pense, qu'on y travaille. Les thèmes des portfolios collectifs comme " Les marins " dans le dernier numéro, on les lance très en amont pour pouvoir contacter les artistes et regrouper les œuvres. Le dernier numéro vient de sortir mais on sait déjà depuis un moment ce qu'il y aura dans le prochain.

Martial Cherrier, Fly or die
C'est un artiste très singulier que Martial Cherrier puisque son matériau principal, c'est son corps. S'il n'est ni le premier ni le seul à faire ainsi de la très intime sculpture physique, cet ex bodybuilder (champion de France 1997) est un de ceux qui ont choisi d'aller le plus loin dans l'exploration multi-supports (photographie, vidéo, peinture) de ses potentialités. Dans cette nouvelle expo intitulée "Fly or die", il se transforme en d'innombrable papillons multicolores, métaphores évidentes du bodybuilder qui, par son travail sur lui-même, se transforme et passe d'un corps informe (la chrysalide) à un corps objet d'admiration. Un travail étonnant.
e-llico Maison Européenne de la Photographie , 5-7 rue de Fourcy, 75004 Paris. Jusqu'au 4 mars.

Tatouage Tom de Pékin
Nouvelle aventure créative insolite pour le joyeux trublion Tom de Pékin puisque c'est à la peau qu'il s'attaque en proposant — en plus des dessins exposés sur les murs en forme de rétrospective d'un travail ludique, pornographique et profondément queer entamé il y a près de sept ans — de décliner ces travaux sur le corps de qui se risque dans cette boutique de tatouage qu'est Tribal Act. Un nouveau geste identitaire en somme. E-llico Tribal Act, 161 rue Amelot, 75 011 Paris. Jusqu'au 3 février

José Villarubia, Le miroir de l'amour
Photographe d'art habitué des publications homos les plus prestigieuses mais aussi des galeries internationales, José Villarubia est jusqu'au 17 janvier sur les murs des Mots à Bouche qui présente un ensemble de ses photos. Il est aussi sur les tables des Mots et de toutes les bonnes librairies via "Le miroir de l'amour", long et magnifique poème en prose d'Alan Moore, à la fois sensuel, sensible et militant puisque écrit contre la politique anti-gay de Margaret Thatcher, que les images-icônes de Villarubia viennent à merveille compléter. Un livre-objet superbe, dans lequel se replonger à intervalles réguliers (éd. Carabas Révolution, 25 euros). E-llico 11 janvier 07

Un numéro d'exception de triangul'ère
Dire d'une revue qui ne paraît qu'une fois l'an que son numéro en cours est exceptionnel est un peu ridicule puisque, par définition, l'exceptionnel est la règle dans ce type de publication où aucun numéro ne ressemble aux autres. Et pourtant, le sommaire du numéro l'est véritablement pour une raison au moins : l'existence en son cœur d'un très long entretien de plus de 20 pages avec une figure historique aussi essentielle que secrète du mouvement homosexuel français, André Baudry, 85 ans. Depuis qu'en 1982, il avait été contraint de faire disparaître Arcadie, l'association homo qu'il avait créée en 1954 et la revue qui en était l'émanation, André Baudry avait quitté la scène, retiré en Italie dans un silence blessé. C'est dire l'importance de l'entretien qu'il a accordé à Christophe Gendron, qu'il a reçu pendant 8 jours et avec qui il revient sur la création de ce qui fut le premier lieu de rencontres des homosexuels en France, sur la vie des homos à l'époque, sur la frilosité de certains grands intellectuels comme Montherlant ou Jouhandeau, sur ses rapports au fil des années avec la police, avec la justice, sur les multiples rumeurs malveillantes qui ont couru sur son compte (indic de la police, ancien séminariste, etc.), sur son regard sur l'activisme gay des années 70, sur la fameuse émission radio de Ménie Grégoire à laquelle il participait lorsqu'elle fut interrompue par des militants gay, sur les dernières années de son mouvement et de sa revue, etc. C'est absolument passionnant, le vieil homme faisant preuve d'une précision, d'une énergie et d'une force intactes qui transparaissent dans les belles photos d'Orion Delain.
Parmi les autres contributions de ce numéro très dense, un ensemble sur l'homophobie auquel participent Louis-Georges Tin et Robert Badinter, un regard rétrospectif sur le mariage de Bègles avec Noël Mamère et Caroline Mécary, une présentation du centre d'archives homo de San Francisco, un portfolio consacré aux Marins, des expos personnelles d'artistes comme Michel Guillot, Boris X, Jacques Sultana, etc. Sans oublier une très belle et très originale contribution de l'historien Christophe Comentale sur le nu masculin en Chine, illustrée d'œuvres étonnantes et magnifiques.
" Triangul'ère" n°6, disponible en librairie. Ou sur commande www.triangulere.com

Passage en revue
C'est une aventure artistique, militante mais aussi une aventure de couple qu'écrit "Triangul'ère" depuis sept ans et six numéros. Photos, peintures, dessins, textes historiques, dossiers culturels… composent le sommaire toujours passionnant et curieux de cette revue annuelle unique en son genre qui a fait de la culture gay son champ d'exploration.
Deux. Ils ne sont que deux pour mener à bien, depuis le départ, l'aventure "Triangul'ère". Deux pour réunir chaque année des contributions artistiques et intellectuelles, pour composer un sommaire, pour vendre et réaliser des publicités, pour faire la maquette, pour distribuer dans les librairies, pour envoyer les commandes… Deux, un couple en un mot, Orion Delain et Christophe Gendron, responsables de tout ce qui fait la singularité et la richesse toujours renouvelée d'une revue unique en son genre. " On tient beaucoup à ce côté artisanal, explique Orion Delain. De toute façon, " Triangul'ère " n'existe que par notre union sacrée, la revue n'aurait pas existé si on ne s'était pas rencontrés. Christophe n'aurait jamais été éditeur et moi je serais resté photographe. C'est pour cela qu'il y a un petit cérémonial qui nous tient à cœur : on s'est rencontrés un 8 décembre, alors on sort en décembre. Ce n'est pas toujours possible le 8, mais décembre… " Derrière l'histoire de " Triangul'ère ", il y a donc bien une histoire d'hommes, une histoire qui a mûri au fil d'une relation, se nourrissant de leurs histoires individuelles. Cette histoire, c'est d'abord celle d'Orion, photographe réputé dont les images (photos de mecs, reportages, images de voyages…) sont présentes dans la presse gay depuis 1983. En 1997, à l'occasion de l'EuroPride qui se déroule à Paris, il réalise plus de 80 portraits de gays et de lesbiennes pour une exposition qui se déroule en marge de la marche. Le fait que se travail ne soit pas édité et disparaisse à la fin de la manifestation est la première étape de la réflexion qui va mener à " Triangul'ère ". " Cette envie vient clairement de mon travail dans les vingt ans qui précèdent, raconte Orion. Elle est le fruit de ce qui est arrivé à tous les photographes qui ont travaillé pour des magazines gay et dont le travail est si dispersé qu'on a l'impression qu'il n'existe pas. "

Lorsque l'année suivante, il réalise 100 portraits de couples pour célébrer le PaCS, pour éviter cette dispersion, il crée avec Christophe les Editions Christophe Gendron pour éditer " Le temps des amours ", ouvrage en noir et blanc regroupant ces images. " L'idée de " Triangul'ère " est vraiment née en sortant de chez l'imprimeur, confirme Christophe. On s'est dit qu'il fallait faire une fois par an quelque chose qui ressemblerait à un collector. " C'est parti : ils ne s'arrêteront plus. Leur bébé s'appellera " Triangul'ère ", " un titre historique qui renvoie bien sûr au triangle rose mais aussi aux trois domaines qu'on voulait explorer : l'écriture, le dessin et la photographie ". Sept ans plus tard, il a bien grandi et parfaitement tenu ses promesses en regroupant en six numéros (et quelques demi numéros intermédiaires…) près de 450 signatures, souvent prestigieuses et des milliers d'images, qui sont autant de repères dans notre histoire collective…
Expo : Tom of Finland

Si on ne doit en citer qu'un, ce serait lui à coup sûr : Tom of Finland est sans l'ombre d'un doute le maître des illustrateurs gay, et son univers fait partie de notre culture collective partout à travers le monde. Ses carnets, croquis et dessins sont exposés pendant un mois dans une galerie parisienne, occasion jouissive de vérifier que son talent était aussi bien membré que les mecs qui peuplent son petit monde… Galerie Jean-Luc et Takako Richard, 74 rue de Turenne, 75003 Paris. Jusqu'au 30 décembre.

Photo : de nouveaux Pierre et Gilles
Dans l'attente de la grande rétrospective de l'ensemble de leur œuvre que leur consacrera le Jeu de Paume mi-2007, Pierre et Gilles présenteront chez Jérôme de Noirmont leur production 2005-2006 sous le titre " Un monde parfait ", qui colle bien à leur univers. En parallèle, un livre, " Corps divin " (éd. Du Chêne) leur est consacré : l'historien Odon Vallet commentant une à une leurs images.
Galerie Jérôme de Noirmont, 38 av. Matignon, 75008 Paris. Du 10 novembre au 10 janvier 2007

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Expo : rétrospective Keith Haring
Un art joyeux et populaire, sexué et multiforme, ouvertement gay et universel : rares sont les artistes qui, comme Keith Haring, ont su incarner la vitalité d'une époque. La sienne, ce sont ces années 80 qu'il symbolise à merveille avec ses pictogrammes familiers créés pour les graffiti et repris par milliers en badges, t-shirts, posters : chiens aboyants ou bébés irradiants, petits Mickey ou sexes dressés. Artiste pop issu de la rue et ayant atteint à une vitesse record (douze petites années de production avant d'être fauché par le sida en 1990) la célébrité mondiale, Haring est aussi l'artiste pédé par excellence, familier des boîtes new-yorkaises et de la drague mondiale, parsemant son œuvre de références à une sexualité sans tabous. La rétrospective que lui consacre la galerie Jérôme de Noirmont montre la diversité des inspirations de Haring, en juxtaposant une grande fresque murale récupérée dans une boutique parisienne, des dessins sur papier, des sculptures et même du mobilier créé par l'artiste. |
Pour sa «Nuit gay», Canal+ choisit le paradis
C'est le 11 novembre prochain, à partir de 0h15, que Canal+ programmera sa prochaine «Nuit gay», baptisée cette fois «La nuit gay au paradis». Au programme: un week-end 100% lesbien en Californie, une île d'artistes entièrement gay à cinquante kilomètres de New York et des cow-boys brésiliens qui vivent au grand jour leur homosexualité. Têtu 23 07 06

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Les «sexualités marginales» s'exposent à Cologne
Les «sexualités marginales» s'exposent jusqu'au 12 novembre au Musée Ludwig de Cologne. Avec pour titre «Le huitième rang» («Das achte Feld»), l'exposition présente 260 œuvres de plus de 80 artistes, parmi lesquels Andy Warhol, Francis Bacon, David Hockney, Louise Bourgeois ou encore Nan Goldin (photo). Le titre de l'expo s'inspire d'une règle des échecs. Lorsqu'un pion parvient à la huitième rangée du jeu, il devient une reine. «Ce changement de genre renverse tout , expliquent les responsables du Musée Ludwig. Le faible devient fort, les perdants deviennent les gagnants . L'exposition souhaite montrer cette transformation, qui fait contre-ordre au genre hétérosexuel dominant, et appeler à une sexualité libre et dérégulée.» Têtu 23 07 06 |

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Vincent 2g, Gros maux
Vincent 2g aime les bons jeux de mots, les petites histoires de tous les jours, accessibles et réalistes. Un œil posé sur ses contemporains, un autre sur les feuilles qu'il remplit de poésie et de notes d'accordéon, Vincent 2g fait mouche à chaque fois. Parmi les petites perles de son premier album, " Gros maux " (on regrette que ce premier galop d'essai ne soit composé que de sept titres),,, il faut retenir bien évidemment " L'insulte " (ou comment accepter de se faire traiter de tous les noms sauf celui de PD et assimilés) ou encore " La grande paranoïa ", une des indécrottables maladies de notre XXIè siècle que le chanteur se plaît à dépeindre. Ce " Sex symbol ", inquiet de se voir vieillir (la date fatidique des 30 ans étant dépassée), a vraiment toutes les cartes en main pour devenir la nouvelle coqueluche du public gay, des djeunes branchouilles et de la tribu bobo. Cela en fait du monde, qui se délectera des inénarrables " gros maux " de cet auteur-compositeur prometteur dans la veine d'un Gainsbourg (pour la rime judicieuse).
Cédric Chaory "Gros maux", Vincent 2g. (www.vincent2g.com). |
Disneyland : nouveau GayDay à Paris en octobre
Le GayDay à Disneyland Paris est de retour le samedi 7 et dimanche 8 octobre 2006. Véritable institution en Floride depuis 16 ans réunissant plus de 300.000 personnes, les GayDays permettent aux lesbiennes et aux gays de se retrouver et de faire la fête durant tout un week-end.
Il y a deux ans, la première édition officielle du GayDay à Disneyland Resort Paris avait réuni 3.000 personnes environ, mais n'avait pas connu de suite. Une nouvelle expérience sera faite cette année sans dress code cette fois, mais avec une couleur dominante, le rouge.
Les informations sur le week end seront disponibles en septembre 2006 sur le site de GayDay Disneyland Resort Paris 2006. Mis en ligne le 26/07/06 e-llico
Cologne : le sexe hors-norme s'expose
Poupées Barbie lesbiennes, nus d'hermaphrodites, variations sur le thème du transexuel ou encore BD homoérotique : tout le sexe "hors-norme", vu par Warhol, Bacon ou Louise Bourgeois s'expose depuis samedi à Cologne en Allemagne.
La "palme" revient peut-être au maître du Pop-Art, Andy Warhol, dont sont exposées au Musée Ludwig plusieurs "Peintures à l'oxydation", réalisées quand l'artiste urinait sur des surfaces en cuivre, avant de compléter les motifs abstraits ainsi créés avec une peinture badigeonnée... avec son propre sexe.
Au total, 250 œuvres - peintures, photographies, vidéos, sculptures - de certains des plus grands noms de l'art du XXe siècle figurent dans "cette première exposition où drag-queens, homosexuels et transsexuels sont représentés dans un grand espace, sous toutes leurs facettes, et avec leur dose d'érotisme", selon les organisateurs.
L'exposition intitulée "Le huitième champ" montre également des compositions de poupées féminines signées Louise Bourgeois, symbolisant les tensions dans les relations lesbiennes. Des œuvres de Francis Bacon, notamment son "Portrait sur un lit dépliable" (1963) symbolisent l'exclusion dont peuvent souffrir les homosexuels.
Des reliefs au néon de Bruce Nauman, "Sept personnages" (1985), développent le thème de l'obsession, tandis que plusieurs oeuvres sont consacrées aux hermaphrodites indiens.
Mis en ligne le 21/08/06 e-llico
« Barebacking et culture du risque : Les usages sociosexuels d'Internet & le développement d'une culture du risque au sein de la communauté homosexuelle », Alain Léobon, Louis-Robert Frigault, Joseph Lévy. Travail élaboré dans le cadre d'un contrat d'initiation plus général portant sur Internet et Sexualité gaie, financée par l'Agence nationale de recherche sur le sida (A.N.R.S.).
A la lecture de ce travail les auteurs dégagent que l'expression identitaire de la sexualité bareback semble se valoriser autour de trois pôles :
• la recherche de rapports de pénétration anale non protégées (plus passive qu'active);
• les échanges de liquides sexuels, dans des conduites tant orales qu'anales;
• le sexe en groupe, associé à des situations de soumission et d'abandon.
En effet l'analyse du discours des internautes barebackers montre l'émergence d'un vocabulaire spécifique, qui met en avant une nouvelle culture de sexe. La recherche de liens fusionnels, qui apparaît dans nos premiers entretiens, est rarement mise en avant dans les petites annonces, la terminologie bareback restant celle d'une sexualité « hard ».
Les usagers qui affichent des pratiques bareback sont peu présents chez les 20-25ans. Ils dominent, par contre, dans la classe d'âge 30-40 ans. Cette indication est intéressante et devra être abordée dans les focus groupes envisagés : elle laisse entendre que la culture bareback ne « passe » pas encore (ou reste taboue) chez les jeunes gais. Les auteurs restent prudents : ce non-affichage ne présume pas l'absence de la pratique.
L'analyse des écrits des internautes confirme que, si le rôle sexuel (actif ou passif) n'est pas déterminant, les pratiques anales sont bien les plus recherchées et ce dans le cadre de scénarios sexuels spécifiques souvent basés sur le sexe en groupe (décliné et valorisé par les termes partouze, tournante ou abattage). Ces « formes d'abandon » passent préalablement par une recherche active de partenaires ou de « coaching ». Il ne semble pas, cependant, que nous soyons en face d'un processus de subissement : les membres actifs « recrutés » étant souvent considérés eux-mêmes comme des objets/jouets pour celui (passif) qui les invite à le « combler ».
Le bareback prend la forme d'une sexualité très masculine, accompagnée de jeux érotiques et de mises en scène machistes. Cette forme d'exclusion de tout processus désirant (peur, échec, sensualité) est sans doute une forme de protection.
La répartition géographique des usagers barebackers montre que près de 70% affirment résider en région parisienne. Arrivent ensuite les régions Rhône-Alpes, la région PACA, puis le sud et le sud-ouest de la France.
Cett e répartition, inégale selon les régions, suit bien le gradient Sud-Nord, correspondant à celui des déclarations de Sida, mais joue aussi la logique des grandes métropoles où, pour la population homosexuelle, les services sont les plus nombreux, avec des effets de bords aux frontières.
Le Club Bbackzone interrogeant ses membres sur leur statut sérologique, il est intéressant de noter que ceux qui se déclarent séropositifs résident bien dans les secteurs géographiques les plus touchés par l'épidémie du Sida.
Si la province semble épargnée, elle semble cependant en danger (versus sa prévalence / VIH.Sida). En effet, dans le Club BBackzone, 50 à 70% des membres provinciaux se déclarent séronégatifs. Il est envisagé, dans une logique de réduction des risques, que l'éditeur mette en place des signalétiques / avertissements sur la séroconcordance des usagers lors de leurs contacts en ligne, avec une information explicite sur les conséquences d'une contamination.
Comme le laisse entendre le baromètre gay (Adam, 2002), les usagers barebackers des sites étudiés fréquentent significativement plus les espaces des rencontres communautaires de sexe, qu'il s'agisse :
• des établissements de type « sexe club » (bars et clubs proposant des espaces de sexualité tels les backrooms ou labyrinthes aménagés pour des pratiques en groupe);
• des lieux de drague extérieurs (parcs et jardins, aires d'autoroute, etc.);
• des saunas (et vidéo clubs), qui, en province, où les cruising clubs sont peu présents, servent de relais.
En effet, la recherche du sexe en groupe et d'un fort turn-over de partenaires rend incontournable la fréquentation de ces espaces. Nous pouvons d'ailleurs supposer que la mobilité de cette population est plus importante (à destination des capitales régionales ou de Paris).
Les auteurs concluent que le cyberespace constitue un lieu où s'expriment assez librement des requêtes relatives à des pratiques à risques face à la transmission du VIH/sida, avec, cependant, un codage des termes visant à faire « style », à s'approprier un langage, comme à rendre la pratique confidentielle.
La présence des pratiques bareback, dans la plupart des sites Internet gay, reflète des résistances importantes face aux messages de prévention proposés, depuis une vingtaine d'années, mais souligne aussi des questions de mal-être personnel.
Cette culture de sexe qui se construit « contre » un modèle dominant, s'exprime dans un univers de rencontres où le lien social semble exclu. Les relations interpersonnelles sont négligeables, la participation aux espaces communautaires (via les établissements de sexe) prétexte au recrutement de partenaires.
Les auteurs affirment être face à une impression de grande solitude « Seul face au VIH.Sida, Seul dans des sexualités compulsives, Seul dans un espace social excluant ».
Elle invite les intervenants et les éditeurs à redoubler leurs efforts pour s'adapter aux nouvelles réalités, amplifiées par la grande popularité d'Internet, mais surtout à se mettre à l'écoute de détresses sexuelles clairement exprimées derrière les messages publiés. Renvoyer la question aux associations de lutte contre le Sida n'est qu'une solution provisoire, l'enjeu étant bien celui des processus de socialisation dans la population homo et bisexuelle dont le socle communautaire est fragile.

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Tamara de Lempicka
Exposition Du 06/04/2006 au 16/07/2006
Lieu : Musée des Années 30 - 28 avenue André-Morizet - 92100 Boulogne-Billancourt
Première rétrospective de Tamara de Lempicka. L'artiste peintre, pleine d'audace et affirmant son goût pour la liberté de ses mœurs, raconte l'univers sapphique dans l'entre-deux-guerres. Ses œuvres mêlent distance et sensualité. Portraitiste, elle a représenté, entre autres, la duchesse de la Salle , «L'Amazone» de l'époque. (Plus d'informations dans le magazine Têtu n°112 de juin p.72.) Têtu 14 06 06 |

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Aru, Uomini e schiavi
"Uomini e schiavi", c'est le titre de cette exposition du dessinateur italien Aru : autrement dit, "des hommes et des esclaves"… Faut-il vraiment en dire plus pour comprendre l'univers fantasmatique de Aru ? Peut-être pas, sauf à se demander qui est esclave de quoi, et pour combien de temps, ou de quel temps : Spartakus à Rome ? Saint Sébastien des folles ? Un kake franciscain ? Réponse à la librairie Blue Book.
Blue Book Paris, 61 rue Quincampoix, 75004 Paris. Du 5 au 30 juin. |

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La culture gay et lesbienne s'expose à Zurich
Le «chic gay» est-il devenu une tendance hétérosexuelle? C'est la question ambiguë à laquelle tente de répondre une nouvelle exposition organisée par le Museum für Gestaltung de Zürich. En se concentrant sur cinq domaines (la mode, la publicité, les médias, la musique pop et le clubbing), l'exposition «Gay Chic – von der Subkultur zum Mainstream» («Chic gay, de l'underground au mainstream») décrit comment la culture gay et lesbienne prend une part de plus en plus importante dans le quotidien des hétéros. Les conditions préalables au développement de cette tendance sont l'évolution sociale vis-à-vis des gays et des lesbiennes mais aussi l'influence du style de vie des homos sur les hétéros et vice-versa. À Zurich, jusqu'au 16 juillet.
Photo: Affiche pour Telecom PTT, 1994 |

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Photographe, Fred Pieau est aussi un marcheur. Et un militant. Et pour réunir toutes ces activités, il n'a rien trouvé de mieux que de courir les marches gay européennes, de Paris à Londres ou Bruxelles, pour en ramener des images singulières et colorées, vivantes et multiples, reflétant la richesse et la diversité d'un mouvement homo qui est tout sauf uniforme. C'est tout cela qu'il expose, sous l'intitulé "Couleurs gaies", au Centre Gai et Lesbien.
CGL, 3 rue Keller, 75011 Paris. Du 10 juin au 26 juillet 06 |

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Tels qu'on est dimanche 9 avril 2006
Tels qu'on est , c'est le nom du tout premier concert que donneront les nouveaux choeurs LES GAMME'ELLES et PODIUM PARIS dimanche 9 avril à 16 heures et mardi 11 avril à 20 heures 30, sur la scène de la salle Jean Dame dans le 2e arrondissement de Paris.
Tels qu' ELLES sont : le choeur des Gamme'elles se compose d'une 30aine de femmes, de tous niveaux, le recrutement étant ouvert à toute femme désireuse de chanter en polyphonie dans la bonne humeur. La chorale est gay friendly. Son répertoire, accompagné de petites chorégraphies, est éclectique, mêlant chants classiques, chanson réaliste, variété française, comédie musicale, etc.
Tels qu' ILS sont : Podium Paris , choeur gay de variétés françaises et internationales, compte d'ores et déjà 55 choristes. |
Il y a 7 mois, ces hommes ne se connaissaient pas, et plus de la moitié d'entre eux n'avaient jamais chanté en groupe : dorénavant ils n'imagineraient plus vivre sans Podium Paris !!! Sous la direction d'Arnaud Cappelli, les chansons de Claude François, Dalida, Abba, ... rappelleront à beaucoup l'ambiance des Follivores et des Crazyvores !
Au travers de ses spectacles, Podium Paris souhaite participer à la reconnaissance de la communauté homosexuelle et à la lutte contre toutes les discriminations. A commencer par celles que rencontrent les sourds : les choristes de Podium Paris sont heureux et fiers de leur proposer la traduction d'une partie de leurs chansons en langue des signes, réalisée par deux interprètes professionnels. Pour leurs prochains concerts, ce sera l'intégralité de leurs chansons qui seront traduites, et ainsi, Podium Paris contribuera à rattraper le retard qu'ont dans ce domaine bon nombre de choeurs français alors que beaucoup de chœurs étrangers, souvent LGBT, proposent depuis longtemps cette traduction.

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Paul Eden a, comme il le dit lui-même, "glissé" de la peinture vers la photographie. Dans la série "L'homme à peine", juste des images de jeunes hommes, souvent les yeux clos, et un fond presque triste, et entre les deux de la lumière. Absence de contexte, peu d'indices sur les situations, l'imaginaire a du mal à travailler, la solitude émerge des limbes, mais qui est seul ? Le photographe, ou son modèle ?
Galerie Arcade Colette, 17 rue de Valois, 75001 Paris. Du 9 au 28 mai 06 e-llico |

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Jean Genet bande encore
Vingt ans après sa mort, Jean Genet bande encore. Le mauvais garçon génial des lettres françaises est toujours aussi présent. Et ce n'est pas l'actualité chargée de cet anniversaire marqué notamment par la création du "Bagne", une pièce inédite, qui viendra le démentir.
Jean Genet est mort il y a vingt ans, et sa figure — sa frimousse ? — dépasse toujours le monde de lettres, du théâtre et de la politique. On lui rend hommage, mais discrètement, entre méfiance de la trahir et envie de le célébrer. Genet est un peu l'anti-Cocteau, qu'il connaissait et appréciait pourtant. Contrairement au Prince des poètes, il n'aimait pas les honneurs, sauf par une discrète coquetterie, allez. Contrairement au cinéaste foisonnant, Genet, lui, n'a pu créer l'œuvre cinématographique dont il rêvait. Pourtant, Genet sauvage tellement civil, "mauvais voleur" et génie de l'écriture, est devenu un intouchable, qui inspire écrivains, cinéastes, metteurs en scène. Alors une pièce (re)trouvée, un coffret DVD-CD-livre, une expo, et " Un chant d'amour " diffusé de ci-de là… Il ne l'a pas volé.
e-llico 22 05 06
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Semaine spéciale de lutte contre l'homophobie sur Pink TV
D'Oscar Wilde à Vincent River, la chaîne Pink TV consacre son antenne à la discrimination à l'encontre des gays, des lesbiennes, des bis et des trans à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie.
Dimanche 14 mai à 20h50 : Prom Queen (film canadien de 2004), histoire de Marc Hall qui a fait scandale lorsqu'il a voulu venir au bal de fin d'année avec son petit ami.
Lundi 14 mai à 20h50 : Vincent River , pièce jouée à Paris en 2005 au Théâtre du Marais. Ce coup de poing de Philip Ridley est un face à face entre deux existences brisées par la mort d'un être cher, victime d'un crime homophobe. Aux côtés de Marianne Epin, Cyrille Thouvenin impose sa présence mystérieuse et ambiguë.
Mardi 16 mai à 20h50 : soirée « Elevons le débat » La chaîne propose deux documentaires chocs et inédits sur l'homophobie :
- « Homos en danger » (2003) traite de la situation des homosexuels dans les pays en voie de développement
- « Juste une femme » (2002) montre ensuite la face cachée de la transsexualité en Iran.
La soirée se poursuit par un débat animé par Alex Taylor sur l'homophobie dans le monde et en France. Il recevra notamment Noël Mamère (député-maire), Louis-Georges Tin (fondateur de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie), Marie-Jo Bonnet (écrivain), François Devoucoux du Buysson (cofondateur de l'Observatoire du communautarisme)...
Jeudi 18 mai à 20h50 : Oscar Wilde Ce film, réalisé en 1997, est une évocation flamboyante de la vie de l'artiste qui a fait scandale quand son homosexualité fut découverte. Avec Stephen Fry dans le rôle titre, et Jude Law dans celui de l'amant diabolique. 10 05 06
Le feu aux archives
Quatre ans après son lancement, le projet de centre d'archives LGBT semble toujours enlisé. Cet énorme retard provoque une forte polémique et la remise en cause à la fois des choix effectués et de l'équipe qui pilote ce projet essentiel pour la communauté. "Illico" fait le point sur ce dossier brûlant.
Parti comme c'est, on se demande si d'ici peu quelqu'un se souviendra encore de l'année du lancement du projet de Centre des mémoires LGBT de Paris. Un comble ! Le retard pris n'est plus important, il est aujourd'hui dramatique. La belle idée d'un lieu de mémoire LGBT, soutenue par Bertrand Delanoë durant sa campagne en 2001, ne voit toujours pas le jour. Pire, elle est même devenue un boulet, pour la mairie.
Car la somme engagée par la Ville est importante (100 000 euros) et n'a donné lieu, pour le moment, qu'à un rapport. Un peu léger pour un chantier lancé en 2002 estiment les opposants au projet qui, au vu du retard accumulé, ont lancé récemment une nouvelle salve d'attaques. Comme les fois précédentes (les attaques sont cycliques depuis 2002), la mairie fait le dos rond tout comme les responsables du projet, Stéphane Martinet et Charles Myara. Ce manque de transparence et cette absence d'information sur le projet, inexplicables, sont pain béni pour les opposants qui trouvent ainsi un terrain propice à leurs griefs qu'ils soient fondés ou parfaitement caricaturaux. Une chose est sûre : la situation est bloquée, le projet mal engagé et la Ville coincée.
Les explications à ce qui pourrait prendre, hélas, les allures d'un fiasco sont d'ordre multiple. A l'exemple du feuilleton sur la validation scientifique du projet. Pour faire simple, le projet n'a pas avancé d'un pouce depuis l'autonme parce que les responsables du projet attendaient, après celle des Archives de Paris (voir page XX), une validation scientifique des Archives de France. Validation que ce service d'Etat n'a jamais eu l'intention de donner. Du côté du ministère de la Culture , on dit aujourd'hui que l'avis scientifique des Archives de Paris est suffisant et qu'il n'a jamais été question d'autre chose. Du côté du Centre des mémoires, on soutient avoir entendu du ministère exactement le contraire. Difficile de dire s'il faut imputer cela à l'amateurisme des uns ou à l'inertie des autres, mais le résultat est un nouveau retard du projet qui n'avait pas besoin de cela.
Mais la principale cause du blocage actuel est dans la stratégie même défendue par les responsables actuels, Stéphane Martinet et Charles Myara, qui espèrent le grand soir avec "un centre ambitieux, séduisant, cher…" "On ne veut pas commencer par un petit centre dans un coin. Nous ne souhaitons pas déjà réduire la voilure" avancent-ils. C'est l'option : le grand centre tel qu'il est présenté dans le rapport, tout de suite. Cette stratégie a le gros défaut de faire croire qu'il reste encore beaucoup de temps… pour réunir et convaincre tous les partenaires potentiels (voir page XX). Ce n'est hélas plus le cas. La mairie s'agace et s'inquiète du retard, d'autant qu'elle peine à faire passer le message que ce centre n'est pas une commande municipale. Directrice des Archives de Paris, Agnès Masson estime qu'il est "indispensable [pour l'équipe actuelle] d'avoir une activité concrète comme une salle de lecture. Il faut qu'ils prouvent qu'ils existent. Une convention de partenariat avec une autre association permettant l'accueil du public serait une piste. S'ils attendent tout, tout de suite, dans dix ans, nous y sommes encore." Faute de cet embryon d'activité, il sera difficile à l'équipe actuelle d'obtenir les financements publics espérés : mais pour cela même il faut des moyens. Des moyens qui, pour le moment, n'existent plus.
Infos sur le site : www.memoires-lgbt.org e-llico 21 04 06

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Berlin : record absolu de fréquentation pour le Fetish week-end
Le grand rendez-vous annuel du cuir, du latex, des uniformes, des skins ou des adeptes du sportswear s'ouvre à Berlin le jeudi 13 et durera 5 jours et surtout 5 nuits…
Le traditionnel meeting de Pâques rassemble plusieurs milliers de gays venus de l'Europe entière pour une série de parties conviviales et/ou sexuelles à travers tout ce que la ville compte d'établissements hard et même au delà puisque la grande soirée qui élit Mr Leather se déroule dans l'enceinte de la plus prestigieuse université de la ville.
Une trentaine d'établissements, bars, sex clubs, cafés, commerces, rivalisent d'imagination pour offrir un programme très dense et très varié de rendez-vous destinés à toutes les clientèles qui vont déferler sur Berlin.
Soirées à poil, soirées skins ou rubber, cuir, sm, mais aussi, dîners, apéritifs ou soirées dance se succèdent pendant un long week-end où la bière coule naturellement à flot.
La saine émulation entre les établissements gay, des tarifs très bas, un accueil et une hôtellerie commode et bon marché concourent à faire de ce rendez-vous unique en Europe l'un des plus importants rassemblements LGBT du monde.
L'événement est soutenu par RoB international.
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Berlin a, une fois de plus, fait le plein, pour son traditionnel Fetish week-end de Pâques. Election du nouveau German Mr. Leather, parties en tout genres et, en point d'orgue, une Snaxx mémorable.
Berlin mérite plus que jamais son titre de " capitale du cuir ". 5 jours durant, la capitale allemande a rassemblé tous les adeptes européens –et même au delà puisque les Américains étaient aussi présents- de tout ce que la scène fétichiste compte de globe-trotters du sexe.
Cuirs, rubber (" gummi " en allemand), skins, uniformes, sneakers : tous s'étaient donné rendez-vous pour un calendrier intense de parties s'enchaînant du (petit) matin à l'heure la plus avancée de la nuit.
Organisées " à l'allemande ", avec une efficacité parfaite, les sex sessions, les parties conviviales, les soirées " dance & sex " avaient de quoi satisfaire les plus pointus et les plus exigeants des harders.
Les bars traditionnels de la scène berlinoise, les soirées exceptionnelles comme la " Fucking bastards ", la " Perverts ", la culte " Snaxx " ou le gala d'élection de Mr. Leather Germany ont donné le meilleur d'eux-mêmes, la Snaxx rassemblant près de 5 000 mecs lookés en diable pour le temps le plus fort du week-end entre dance et sexe de 23 heures à 10 heures du mat' dans la nuit de samedi à dimanche.
La foule a fait un succès à tous les rendez-vous organisés autour du BLF, le club cuir berlinois. Malgré certaines files d'attente dans la fraîche météo pascale, la bonne humeur était au rendez-vous. Du Scheune au Mutsch Man, du Laboratory au New Action, la convivialité, la complicité et la connivence n'ont pas fait défaut une minute.
Sans chauvinisme aucun, signalons que la communauté française –et parisienne en particulier- était la première communauté étrangère en nombre ce week-end à Berlin, aux côtés des Néerlandais et des Anglais.
Berlin a quelques mois pour se remettre avant la non moins prometteuse Folsom Europe de septembre.
Mis en ligne le 20/04/06 e-llico